J'appelle ici la rédaction de Mediapart à prendre le temps d'analyser le traitement qu'elle a réservé à la crise ivoirienne.
Les articles parus ici , le plus souvent sous la plume de Ludovic Lamant, ont été partisans. On ne peut pas reprocher à un journal d'opinion d'être partisan, mais alors il faut en face de tous assumer son choix. Et quel choix ? Car je n'accuse même pas Mediapart de soutien à Alassane Ouattara. J'accuse Mediapart de fénéantise intellectuelle faisant le jeu des Etats-Unis. Ces articles ont présenté une lecture de l'élection ivoirienne conforme à la ligne étatsunienne. Je sens déjà sur moi planer des suspicions de paranoïa, mais poursuivons.
Le 16 mai, vous publiez une ITW de Venance Konan, anti-Gbagbo acharné qui va devenir à partir des élections un "bon client" des débats français. Sans doute a-t-il influencé Lamant pour la suite de ses réflexions ? D'où vient l'influence, c'est la question à se poser.
PETIT RAPPEL HISTORIQUE (l'Histoire, c'est ce qui manque cruellement aux journalistes ; mais peut-on leur reprocher, leur président n'a-t-il pas dit que les Africains n'avaient pas d'Histoire ?)
Gbagbo est élu en octobre 2000.
Le 19 septembre 2002 date de début de la rebellion, Gbagbo est à Rome, il est informé de la tentative de coup d'état, des rebelles sont dans Abidjan des combats ont lieu dans Abidjan.
Gbagbo demande à la France d'activer les accords de défense signés entre les deux pays. L'Elysée refuse et propose simplement à Gbagbo un exil doré en France.
Gbagbo prend l'avion à Rome pour rejoindre Abidjan à la surprise générale. Son retour à Abidjan est rapidement connu dans la capitale, les militaires qui étaient indécis rejoignent leurs collègues qui combattent les rebelles dans les rues d'Abidjan.
Gbagbo est acceuilli à l'aéroport par une foule de militaires, de civils et de policiers. Dans les 48 heures les rebelles sont refoulés d'Abidjan et commencent à reculer vers le nord.
Quelques jours plus tard les rebelles continuent de reculer et c'est à ce moment seulement que la France décide d'intervenir au motif qu'elle veut éviter un massacre. Quel massacre? celui des rebelles? En fait la France installe de fait les conditions d'une partition du pays.
Galanver
"N'oublions pas que le coup d'Etat de décembre 1999 pouvait être enrayé en appliquant simplement les accords de défense avec la Côte d'Ivoire. Il suffisait de faire sortir une patrouille du 43e BIMA, basé à Port-Bouët. Les mutins, qui étaient des braves garçons dont les soldes n'avaient pas été payées et qui étaient manipulés pour faire tomber Bédié, seraient tout simplement rentrés dans leur caserne». Or, explique Philippe Evanno, «Jacques Chirac n'a pas eu le courage d'appliquer les accords de défense et cette seule absence de décision a détruit la totalité de la présence française en Afrique. À partir de cet instant, tous les chefs d'état africains disposant d'accords de défense avec la France ont su que la parole de la France ne valait plus rien».
Après le coup d'état de 1999, les autorités françaises, avec Alassane Ouattara, ont organisé le partage du pays en deux : «C'est Dominique de Villepin qui est à l'origine de cette partition. En pleine paix, on a coupé un pays en deux pour des intérêts assez difficiles à expliquer. On a imposé à la Côte d'Ivoire une succession d'accords internationaux qui ont cherché à limiter sa souveraineté, notamment une commission électorale dite indépendante, qui est constituée quasi exclusivement d'opposants au pouvoir en place». Alors, Laurent Gbagbo est-il fondé à contester le résultat de cette élection présidentielle ? Philippe Evanno rappelle qu’au second tour, «Laurent Gbagbo n'avait que deux représentants sur une douzaine de commissaires centraux ! Cette commission avait trois jours pour rendre sa décision. La commission électorale s'est retrouvée dans l'incapacité de proclamer les résultats et la Constitution ivoirienne prévoyait qu'à ce moment-là, le rôle de proclamer les résultats revenait au Conseil constitutionnel. Il y a donc eu l'organisation d'une conférence de presse à l'Hôtel du Golf, le siège de campagne d’Alassane Ouattara, avec l'ex-président de la commission électorale, pour annoncer des résultats non certifiés et qui ont été évidemment inversés par le Conseil constitutionnel». Ainsi, «cette commission indépendante ne l'était pas réellement, puisque composée essentiellement d'adversaires à Laurent Gbagbo. Mais cela ne veut pas dire que cette commission n'ait pas fait un très gros travail. L'ONU a été incapable de respecter ses engagements et d'assurer le désarmement des forces de la rébellion au nord.
L'élection a eu lieu sous le contrôle des forces armées de la rébellion. Ce sont des seigneurs de la guerre, qui détournent les taxes et les impôts à leur profit, qui ont pris le contrôle du diamant et de différents minerais et contrôlent une partie du commerce du cacao. Cette rébellion au nord est une organisation politique, économique et militaire et elle est restée en place alors que différentes résolutions de l'ONU et différents accords internationaux prévoyaient que l'élection ne pourrait pas avoir lieu tant que le désarmement ne serait pas effectif». Dans ce contexte, il faut bien comprendre, souligne Philippe Evanno, que l’on a organisé des élections «dans un pays dont une partie du territoire était aux mains de milices armées».
KernewsLa prise de position immédiate, le vendredi 3 décembre, du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, M. Young-jin Choï, ne reconnaissant pas les résultats donnés par la seule juridiction ivoirienne habilitée à proclamer les résultats définitifs, viole la Charte de l’ONU qui réaffirme dans son action le respect des institutions d’un pays souverain. La certification du processus électoral suppose que le déroulement du processus électoral est conforme à la Constitution et au code électoral que les Ivoiriens se sont souverainement donné. En choisissant de valider les résultats provisoires d’une institution administrative, la Commission électorale indépendante, où la majorité présidentielle était minoritaire de par la volonté de la communauté internationale, le représentant de l’ONU a donné un signal fort à l’ensemble des puissances occidentales. En premier lieu, la France et les Etats-Unis, par la voix de leur Président respectif, MM. Sarkozy et Obama, Pourtant la veille, dans la soirée du 2 décembre, l’Elysée précisait dans un communiqué «il appartient désormais au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats définitifs dans le strict respect de la volonté clairement exprimée par le peuple ivoirien». Ce respect signifie-t-il que le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire devait avaliser la fraude évidente des régions du Nord entérinée par la Commission électorale indépendante? [...] Ce bras de fer entre la Côte d’Ivoire qui s’est remise au travail et la communauté internationale dont l’unanimisme immédiat au nom de la vertu démocratique peut sembler suspect peut déboucher sur des affrontements gravissimes. Unanimisme suspect quand on voit le pudique et assourdissant silence des Etats-Unis, de la France et de la communauté internationale face aux élections législatives en Egypte et à la réélection dans son pays du médiateur de nombre de crises africaines, M. Blaise Compaoré, avec plus de 80 % des voix dès le premier tour, lui permettant de rester à la tête du Burkina Faso pendant 28 ans. [...] Cette situation sans précédent en Côte d’Ivoire pose avec acuité le rôle historique de l’ONU sur le continent africain et d’une certaine façon sa crédibilité aux yeux de tous les citoyens de la planète. Facteur de paix et de sécurité comme l’expriment ses textes ou garant des intérêts des puissances et d’un ordre mondial injuste et inégalitaire. Ce n’est que quarante ans après les indépendances africaines qu’a été mis à jour le jeu trouble de l’ONU dans l’assassinat, le 19 janvier 1961, au Congo Kinshasa du Premier ministre Patrice Lumumba, défenseur de la souveraineté de son pays. Un demi-siècle plus tard, en 2010, la méthode est plus policée pour écarter un dirigeant politique jugé indocile, même si tout son parcours s’est inscrit dans la conquête de la démocratie et la mise en place d’institutions républicaines souveraines. C’est effectivement une quasi exception sur le continent africain.
Guy Labertit
Maintenant voici comment l'information est présentée dans vos articles :
"Cette argumentation juridique masquait mal la volonté de passer en force de Laurent Gbagbo, largement battu dans les urnes lors d'un scrutin que validait pourtant, dès lundi, le représentant de la mission des Nations unies."
"L'homme déclaré vainqueur par la CEI, et reconnu comme tel par la communauté internationale et l'ONU, Alassane Ouattara, cloîtré dans son hôtel d'Abidjan, essaie de faire valoir ses droits à diriger le pays. En face, le président sortant Laurent Gbagbo tente le coup de force"
Jusque-là, un ton relativement neutre même si le camp est choisi, mais la semaine d'après on commence à parler de guerre.
«Nous nous installons dans une guerre durable»
Qui sont les milices aux ordres de Laurent Gbagbo?
Venance Konan: «Je ne vois pas d'autre solution que la force»
Là on retrouve Venance Konan beaucoup plus énervé et il a droit à une page pour se livrer à son sport favori : cracher sur Gbagbo.
Là il n'y a vraiment plus de doute :
L'appel à la grève générale, lancé par le président ivoirien Alassane Ouattara, a été peu suivi, lundi 27 décembre à Abidjan, mais la pression reste vive sur le camp de Laurent Gbagbo. Le président sortant, qui refuse de reconnaître sa défaite du 28 novembre
Et c'est LA REDACTION DE MEDIAPART qui le dit.
«Il y a une vraie volonté d'Obama d'implanter davantage de démocratie en Afrique, dans le cadre des priorités de la politique étrangère américaine. Le Nigeria et la Côte d'Ivoire représentent les deux meilleurs espoirs de stabilité dans cette région pour la Maison Blanche. C'est la raison pour laquelle Obama essaie de peser pour résoudre cette crise.»
Voilà en gros la teneur de cet article qui présente Obama comme un gentil "presque naïf" fils d'africain, qui veut "sincèrement" aider à "implanter la démocratie". De la part d'un pays comme les Etats-Unis, on pourrait tiquer un peu, mais pour la ligne rédactionnelle de Médiapart, ça glisse.
Cet article est une publicité du président des Etats-Unis. Un publi-reportage comme on voit dans les magazines chez le dentiste.
On glose souvent sur les intérêts économiques américains en Afrique, où l'on soupçonne Washington de vouloir concurrencer les anciennes puissances coloniales et la Chine (en Côte d'Ivoire, l'entreprise américaine Cargill est l'un de deux principaux producteurs de cacao, la richesse principale du pays). La réalité, c'est que, depuis 2001, les intérêts américains sont surtout diplomatico-militaires. «Washington ne veut plus de zones grises en Afrique, ces pays où se produisent des alliances entre le terrorisme et le banditisme/trafic de drogue», explique Rinaldo Depagne.
on croit rêver ! Wasington devrait être lavé du soupçon de vouloir concurrencer la France, son intérêt est ailleurs, dans la lutte contre le terrorisme et le traffic de drogue. A hurler de rire, mais voilà la parole que diffuse Mediapart ce jour.
Là vous diffusez carrément un document signé par une 50 de "spécialistes de l'afrique de l'ouest" (aux noms qui sonnent plus macdo que atiéké), une propagande de bas étage, là encore aucune enquête, aucune réflexion, aucune perpective, vous ne vous faites que l'écho de lobbyistes que vous appelez "spécialistes" !
Michel Lambret a fait une analyse brillante de ce document :
"Le clan Gbagbo lutte aujourd'hui d'abord et avant tout pour le pouvoir", souligne un collectif de 50 chercheurs spécialistes de l'Afrique de l'Ouest, qui s'inquiète du «risque d'escalade vers une guerre civile».
il est évident que les partisans de Mr L.Gbagbo ne luttent pas pour perdre le pouvoir!!!
Mais il serait plus juste de dire qu'ils n'accepteront jamais de céder ce pouvoir à Mr Ouattara qui est le père de la rebellion qui a déferlé sur la Côte d'Ivoire dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002.
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Laurent Gbagbo s'est maintenu au pouvoir après avoir récusé les résultats du scrutin présidentiel favorables à Alassane Ouattara tels que proclamés par la Commission électorale indépendante, certifiés par l'ONU et reconnus par la communauté internationale.
Il sera impératif que Mr Choi explique pourquoi il n'a pas laissé le processus électoral aller à son terme.
Mr Choi n'a jamais reçu mandat pour certifier des résultats provisoires et encore moins des résultats récupérés hors délais et auprès d'une personne n'ayant plus aucune légitimité pour le faire (Mr Bakayoko président de la défunte CEI).
Il y a aujourd'hui risque d'escalade vers une guerre civile. Dans certains quartiers d'Abidjan, à la suite des interventions des forces de l'ordre fidèles à Laurent Gbagbo, il y a eu des disparus dont les leurs restent sans nouvelles, les reportages de presse montrent des cadavres gisant dans les rues, les agents de la morgue refusent de rendre les corps de personnes assassinées à leur famille. Le soupçon pèse sur l'existence de charniers et la pratique d'incinération des corps à faire disparaître du comptage des victimes.
Magnifique suite d'affirmations gratuites et de rumeurs. Il serait utile d'ajouter que le camp de L.Gbagbo en a autant contre l'autre camp.
Hors d'Abidjan, principalement à l'Ouest du pays, des ONG médicales signalent de graves violences contre les civils.
Nos experts en Afrique de l'ouest pourraient être plus précis, des personnes dans l'ouest du pays ont subi des violences, c'est exact. Aujourd'hui on compte plus de 15000 personnes qui ont fui l'ouest du pays et se sont réfugiés au Libéria. Mais quelles zones ont elles fui, le sud-ouest controlé par les forces de défense et de sécurité fidèles à L.Gbagbo ou le centre-ouest controlé par les rebelles?
A l'échelle nationale, les partisans de Laurent Gbagbo sont une minorité tonitruante et agissante, monopolisant les médias d'Etat désormais caporalisés, mais il ne faut pas en surestimer le poids démographique.
Parfait exemple de mensonge assené avec toute la certitude que confère le statut d'expert.
Les 2 camps en présence représentent environ 50% chacun. L'électorat de Mr Ouattara est très largement majoritaire dans le nord musulman, pauvre et peu peuplé.
Dans le reste du pays, la moitié sud du pays dont Abidjan (qui est aussi la partie la plus riche et la plus peuplée), le camp de L.Gbagbo représente environ 60% de l'électorat. Je ne ferais pas d'autre commentaire sur ce point.
Et quoi qu'il dise, le régime Gbagbo est loin d'avoir tourné le dos à cet «étranger prédateur» qu'il prétend condamner, sans parler de son recours à des mercenaires libériens.
Quant à la présence de mercenaires libériens en Côte d'Ivoire, il a été clairement établi en 2004 qu'ils étaient présents dans les 2 camps, d'anciens mercenaires qui avaient combattu Taylor coté Gbagbo et d'anciens du clan Charles Taylor coté rebelles pro-Ouattara.
Je comprends que certains considèrent que cet article ne mérite vraiment pas sa place ici.
Contrairement à eux, je soutiens qu'il est parfaitement à sa place sur Médiapart car il reflète parfaitement l'info dominante qui circule et que l'on essaye de nous vendre sur la crise en Côte d'Ivoire. Mais au moins ici, on peut en faire la critique point par point, ce qui est impossible dans la majorité des médias!!!
Dr Michel Lambret
CONCLUSION
Vous avez, comme l'immense majorité des media occidentaux SAUF CEUX APPARTENANT A BOLLORE présenté une certaine vision de cette élection, une vision qui occulte le coup d'état de décembre 99 et le fait que depuis lors, Gbagbo n'a pas pu gouverner en Côte d'Ivoire. Il a du gérer une guerre civile et s'est vu imposer comme 1er ministre le leaders des rebelles G. Soro qui est maintenant 1er ministre virtuel de Ouattara.Cette information pourtant importante ne vous a pas émue. Le fait que le nord soit aux mains de rebelles armés par le burkina faso ne vous a pas mis la puce à l'oreille, alors que l'élection ne pouvait normalement pas avoir lieu si ceux-ci n'étaient pas désarmés. Et ce ne fut pas le cas. Il était donc évident que l'élection serait truquée, mais il vous a fallu tout de même prendre parti.
Comme s'il vous appartenait de prendre parti. Vous pourriez faire des recherches, émettre des hypothèses, chercher des contradictions, bref penser, mais vous ne faites que sombrer dans la molle approbation à la pensée unique pro-américaine. Car il s'agit bien de cela. Pas question pour vous de remettre en cause l'ONU ! Elle est pour vous semble-t-il exempte de tout soupçon, et au-dessus des intérêts particuliers.
Il y aurait tellement à dire sur cette élection et sur leur importance historique.
Philippe Evanno souligne que cette affaire traduit «une opposition entre l'ONU et une nation. Plus généralement, on peut se demander si nous ne sommes pas en train d'assister à un renversement de situation concernant la gestion des dossiers africains et leur domination actuelle par les organisations internationales contrôlées par les États-Unis». En réalité, «cette crise a eu pour mérite de manifester au grand jour le fait que les organisations africaines étaient sous contrôle américain. Aujourd'hui, c'est la place et la domination des États-Unis sur le continent africain qui sont en jeu. La divulgation des notes diplomatiques américaines par Wikileaks et leur analyse permettent de démontrer que les Américains étaient très heureux de l'effacement français, puisque cela leur laisse le champ libre sur la totalité du continent». Selon Philippe Evanno, «le bouclage de cette domination se joue sur la présidentielle ivoirienne, puisque c'est sur cette présidentielle que l'on joue l’annulation pure et simple de la souveraineté des Etats africains». Alors, pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il adopté la position américaine ? Réponse de l’expert : «Je crois que c'est tout simplement la sienne. Nous avons, pour la première fois sous la Vème République, un président de la République qui est totalement acquis aux objectifs américains et cela revient à faire de la France un pays supplétif des États-Unis, notamment en Afrique. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas avoir des accords avec les Américains : c'était le cas à l'époque du général De Gaulle lorsqu'il y a eu un accord de partage de responsabilités, la France étant chargée de la lutte contre le bloc soviétique dans ses anciennes colonies. Cela a très bien fonctionné pendant plusieurs dizaines d'années, jusqu'à la chute du mur de Berlin. Aujourd'hui, nous sommes dans une situation totalement différente. Nous sommes dans la situation où, après la chute du mur de Berlin, on a cru qu'il n’y avait qu'une seule grande puissance. Or, depuis la dernière réunion du G20 en Corée du Sud, on se rend compte que l'on assiste à l'émergence d'une deuxième superpuissance et à une nouvelle forme de confrontation où la Chine et ses alliés, notamment la Russie, ce qui est aussi une nouveauté, cherchent à prendre pied sur le continent africain».
Le soutien inconditionnel de Sarkozy aux intérêts américains se révèle ici plus fort que sa défense des industriels français, et donc des réseaux français, car Bolloré comme Bouygues fonctionnent en Afrique de façon quasi-mafieuse.
Un autre fait que vous ne voyez pas mais qui est une réalité, c'est que les ivoiriens détestent de plus en plus Ouattara. Depuis qu'il a nommé Soro comme 1er ministre, car Soro est un assassin. Et surtout, depuis que l'ensemble des medias occidentaux a soutenu Ouattara en bloc. Et cette ingérence-là, ce mépris de leur souveraineté, ce passage en force les ont indigné.
Je cite le grigri international :
Après la pavlovienne quinzaine d'hallali anti-Gbagbo dans la presse gauloise, début décembre 2010, Le Point a fait comme Marianne : publier en version papier des articles à charge (perfusés AFP) contre le président ivoirien, tout en diffusant sur leur site des entretiens bien plus pondérés... duplicité, astuce éditoriale, unique possibilité parfois.
Plus personne ne sait quoi faire. Gbagbo paraît chaque jour moins isolé et affaibli. Et Ouattara, chaque jour aussi, plus illégitime et impopulaire. Gbagbo avec Denisot se vante de ne pas ressembler aux dirigeants occidentaux. Ado, quand on évoque son amitié avec Sarkozy, ne peut s'empêcher d'ajouter qu'il est ami aussi avec Fabius et Strauss-Kahn... comme si ce n'était pas grave. L'opinion publique française a compris, puisque même Éric Zemmour a compris que la soi-disant élection d'Ado était entâchée de tricheries et que ses soutiens continuaient, avec Juppé, à prendre la Côte d'Ivoire pour une colonie et la France pour une métropole.Mediapart n'a donc pas fait exception.
Camarades rédacteurs, j'attends votre autocritique :)
Je cite pour conclure la voix d'un ancien de la DGSE dans Nouvelle Afrique :
Ces actions néfastes contre Gbagbo ont pris des allures de crimes commis par la CIA, mais dont personne ne veut en parler : c’est le cas de la mort jusque-là non élucidée, dans une clinique française, de Madame Sarata Ottro Zirignon, ancien directeur adjoint de cabinet du président Gbagbo, qui gênait les chocolatiers américains par sa diplomatie agressive à travers des réseaux qu’elle maitrisait parfaitement aux Etats-Unis. Ces actions néfastes sont passées inaperçues aux yeux des Ivoiriens pour la simple raison que les Américains ont toujours agi en se cachant derrière les Français, eux-mêmes manipulés à souhait et croyant régler leur propre problème avec ce Laurent Gbagbo qui ne veut pas se faire domestiquer.
[...]Pour la Côte d’Ivoire, « le coup de pousse » à Alassane Ouattara est un plan conçu par la CIA américaine et inspiré par le lobby des chocolatiers américains avec son réseau mondial. La raison : les Ivoiriens se détournent du cacao pour l’hévéa. Il leur faut une population acquise pour produire essentiellement le cacao.
[...]
En 1989, la CIA organise l’asphyxie de la Côte d’Ivoire à travers le FMI et présente Alassane Ouattara comme le sauveur. Houphouët se voit obligé de l’accepter. Ouattara est bombardé Premier ministre d’Houphouët. Ce poste n’avait jamais existé en Côte d’Ivoire. La présidence n’est plus loin pour l’Ivoiro-burkinabè.
[...]
le plan des Américains d’installer leur homme échoue avec le général Robert Guéi qui organise une élection qui donne le pouvoir à Laurent Gbagbo, un socialiste de surcroît.
Cela met les chocolatiers américains en colère. C’est pourquoi, une fois encore, sans même attendre de voir agir le nouveau président pour le juger sur pièces, la CIA met en marche, par une succession de coups d’Etat qui échouent les uns à la suite des autres, durant toute l’année 2001, un autre plan. De guerre lasse, elle monte une rébellion financée par le lobby américain et d’autres entreprises financières à raison de plus de 25 millions par mois pendant plus de deux années. La mission des militaires français ayant montré ses limites en Côte d’Ivoire, les Américains réussissent à « suggérer » l’envoi des Casques bleus de l’ONU. Le décor est planté pour le départ de Laurent Gbagbo…
Gbagbo comme Houphouët en 1993 !
La résolution de la crise ivoirienne passe par des accords qui stipulent la nécessité d’organiser des élections « ouvertes à tous ». Alassane Ouattara est autorisé par exception à poser sa candidature. Laurent Gbagbo croit pouvoir obtenir, en retour, le désarmement prescrit dans tous les accords. Votre président s’est leurré. Au contraire, c’est lui qui a été plutôt acculé à faire les élections. Tout le monde s’est gardé de désarmer les rebelles. Le désarmement a été malicieusement élevé au rang de tabou. Laurent Gbagbo a été ainsi piégé, soucieux de ne plus s’entendre dire qu’il refuse d’organiser des élections parce qu’il est sûr de les perdre.
Enfin il a donné l’impression qu’il s’est laissé piéger !
Oui, Laurent Gbagbo a été piégé mais il n’était pas fini. Il a même quelque chose d’Houphouët-Boigny qu’il a pourtant combattu tout le temps. Très futé et sachant la supercherie, le président ivoirien a piégé à son tour, et là pour de vrai, les chocolatiers américains et leur poulain, Alassane Ouattara. Il l’a fait avec l’arme fatale que la Constitution ivoirienne lui offre, à savoir le Conseil constitutionnel. Suite aux tricheries inélégantes au nord, dans son fief, Alassane Ouattara a été sanctionné en dernier ressor et sans appel par l’institution judiciaire suprême.
Les chocolatiers américains n’avaient pas bien prévu ce scénario. Ils se débattent à présent et veulent absolument réussir leur coup à travers deux de leurs agents en Afrique : Blaise Compaoré qui a été utilisé pour supprimer Thomas Sankara, et Abdoulaye Wade qu’ils ont aidé à gagner au Sénégal. Cela explique les agitations de ces deux présidents au sein de la CEDEAO.
Ce que je souhaite que le peuple ivoirien retienne est simple : c’est son unité et sa détermination qui feront sa force. Il faut dénoncer haut et fort les actes criminels des Américains sur le sol Ivoirien. Les Américains sont prêts à tout pour assurer leur approvisionnement en cacao. Ils voient la Côte d’Ivoire comme un champ de cacao entretenu par des esclaves. Ils se moquent de la volonté du peuple de Côte d’Ivoire..