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Notre collectif a été particulièrement choqué à la lecture de la chronique “La polémique Leroy Merlin, symbole d’une nouvelle ère dans la « sociétalisation » des entreprises” signée Pierre-Yves Gomez parue sur le site du Monde le 16/12/2025 puis dans l’édition papier du 17/12/2025.
Dans ce texte, les erreurs manifestes et les inexactitudes concernant l’action de notre collectif jettent le discrédit sur notre éthique et les principes mêmes qui constituent le fondement de notre démarche.
Les bases déontologiques auxquelles nous nous efforçons de nous conformer sont pourtant décrites clairement dans notre charte éthique :
- D'assister nos interlocuteurs de manière courtoise et positive, en les informant, les conseillant, ou en leur proposant des ressources pour agir
- De ne pas dépasser un unique tweet d'alerte par an (ou saison pour les médias TV/radio) par annonceur et par média
- De ne pas alerter un annonceur si son placement publicitaire est clairement informé et consenti (ce qui dans la plupart des cas exclut les journaux papier du cadre de nos actions)
- De ne pas citer ou lister publiquement les annonceurs qui continuent à s'afficher sur un média après notre alerte ou qui y répondraient défavorablement (pas de name & shame)
- De remercier et encourager publiquement les annonceurs qui le désirent (name & praise), lorsqu'ils ont retiré leur publicité d'un média après notre alerte.
- De ne pas inciter nos abonnés au boycott, à l'envoi massif de message ou à toute autre action collective en raison de la réponse (ou non-réponse) d'un annonceur à notre alerte
- De privilégier autant que possible les alertes publiques, dans un souci de transparence
- De ne pas contacter, sur un réseau social, le compte personnel d'un responsable d'une marque si cette marque possède un compte actif
- De ne pas divulguer une conversation privée sauf accord explicite de son auteur
- De ne pas partager directement les vidéos, posts ou adresses Web de médias toxiques, afin de ne pas participer à leur diffusion.
- De ne pas commenter l'actualité ou les déclarations et actions politiques qui ne sont pas directement liées à nos actions ou à leurs fondements.
L’auteur de la chronique prétend notamment que nous exigerions des marques le retrait de leurs publicités du média “Frontières” et insiste à deux reprises sur un motif politique, mettant en avant que nous trouverions le contenu de Frontières “politiquement dangereux” ou “politiquement toxique”.
Le seul et unique message que nous avons adressé à l’annonceur pris en exemple dans le texte (Leroy Merlin) ne formule aucune exigence, se contentant de décrire le contenu du média Frontières et d’évoquer sa ligne éditoriale outrancière ou la vente dans sa boutique de vêtements ornés de slogans aux relents xénophobes ou encore d’un dogwhistle raciste :
« Votre pub, @LeroyMerlinFr apparaît sur le site abject FrontieresMedia.fr, obnubilé par l’immigration, qui vend du merch avec le slogan xénophobe du FN / RN et de Génération Identitaire et qui est accusé de diffamer des ONG de défense des droits humains. Est-ce OK ? »
Nous soulignons l’intolérance de ce média, sa stigmatisation systématique d’une partie de la population et son mépris pour les principes de solidarité et de respect des droits humains élémentaires. Ces faits ne constituent pas ce que nous appelons des prises de positions politiques (dans le sens politique de partis), ou comme l’auteur semble le dire, l’expression d’une idée qui peut être débattue.
P-Y Gomez avance plusieurs affirmations sans preuve aucune, ne se base pas sur des chiffres vérifiables ni aucune étude et n’a pas pris la peine de vérifier nos publications sur les réseaux sociaux. Il reprend un récit éculé d’il y a 6 ans lorsqu’un buzz du même type avait concerné Decathlon, une autre marque du même groupe.
Unique but de ce récit : faire croire aux annonceurs que choisir de placer leur publicité sur des médias respectueux de l’ensemble de leur clientèle et alignés sur l’image de leur marque serait néfaste. Ce discours déresponsabilisant, qui contredit pourtant les pratiques en placements publicitaires déjà en place depuis des décennies (avant Internet et la multiplication des chaînes TV, sur le “print”), a pour seul but de préserver les intérêts économiques des médias ayant choisi la haine et la division comme ligne éditoriale. Aucune enquête ou même déclaration d’une personne intéressée n’a pu, durant les presque 9 ans d’actions de notre collectif, confirmer les affirmations présentées. Et l’auteur de l’article les avance également sans aucune preuve ou témoignage à l’appui autre que son affirmation péremptoire. Prétendre qu’une décision vertueuse serait “dangereuse” et que prendre des positions de solidarité et de respect de tous serait “se plier à des injonctions” constitue ni plus ni moins qu’une apologie de la lâcheté.
C’est ainsi que des arguments en tout point identiques à ceux développés dans cet article ont été poussés en 2021 par une officine de Bolloré destinée à contrer nos actions, appelée “Les Corsaires”. Ce pseudo-collectif était dirigé par Emile Duport, figure de la “Manif pour tous”, proche des milieux activistes catholiques anti-IVG et récemment condamné pour une action anti-IVG. N’oublions pas que le directeur de Frontières est également directement lié à la Manif pour tous.
Nous avons donc été moyennement surpris d’apprendre que l’auteur de la chronique du Monde, P-Y. Gomez, qui avait participé activement à la Manif pour Tous, est très proche de Tugdual Derville (Alliance Vita et Manif pour tous). P-Y Gomez, Erik Tegnér et Emile Duport sont donc issus des mêmes cercles et ce dernier, chargé par CNews/Bolloré de discréditer notre action, est à l’origine d’articles qui vont dans le même sens.
Cette proximité idéologique ne doit bien sûr pas empêcher l’auteur de s’exprimer mais ne le dispense pas de respecter les faits. La similitude des propos avancés, l’absence d’argumentaire nous ont immédiatement interrogé : est-ce une nouvelle charge orchestrée par Bolloré, qui promeut l’affrontement des religions et des civilisations ?!
Et si cette proximité non signalée constitue à notre avis un conflit d’intérêt, nous sommes surtout surpris que Le Monde publie ce type de pamphlet sans effectuer la moindre vérification. Dans un post, Erik Tegnér, lui réellement à l’origine du harcèlement de masse envers Leroy Merlin, et qui exige que la marque n’agisse pas librement, applaudit Le Monde aujourd’hui, pour cette chronique formidable et “objective” (sic.).
C’est ce qu’on appelle le baiser de la mort.