Il n’y a pas mieux que le polar pour sérier les problèmes qui empoisonnent le quotidien des citoyens par ailleurs, il peut aussi donner une photographie réelle d’un pays qui n’est pas sous les feux de l’actualité. C’est ce qui rend le roman du sénégalais Macodou Attolodé intéressant car sous les dehors de l’une des démocraties les plus en vue en Afrique, le Sénégal cache des fléaux multiples qui handicapent le développement et la prospérité auxquels aspire une jeunesse soif de liberté et de démocratie. L’auteur du roman intitulé, étincelles rebelles, nous plonge dans l’univers des narcotrafiquants auquel aucun pays n’échappe. Mais, ici entre Dakar et la Casamance, le baron qui règne sur ce trafic lucratif est une ponte du régime, un ministre très en vue. Pour faire fructifier son commerce illégal, il va s’appuyer sur un ancien baron de la coke colombienne qui a trouvé refuge au Sénégal. Empoisonner la jeunesse du pays mais aussi servir de base arrière pour ravitailler l’Europe. Le sieur Espinoza et son complice Karim Sagna l’influent aux ambitions présidentielles, trouvent sur leur chemin un jeune policier qui répond au doux nom de Latyre, réputé incorruptible, il doit se rebeller contre sa tutelle pour mener à bien ses enquêtes et démasquer cette mafia. Il sera aidé par la journaliste Aguène, une investigatrice hors-pair. Les deux compères vont de découverte en découverte en croisant les chemins des chasseurs qui défendent les villageois contre les rebelles et l’armée. La politique et l’affairisme se rejoignent pour accentuer l’oppression que subit le petit peuple. Mais dans un monde régis par le profit et l’opportunisme politique, il subsiste des gens honnêtes et intègres qui maintiennent la société à flot pour qu’elle ne sombre pas dans le chaos. C’est l’une des leçons qu’on tire de cet ouvrage qui est un véritable manuel pour comprendre la société sénégalaise en particulier et les problèmes du continent africain en général.
Slimane Ait sidhoum.
Macodou Attolodé, Etincelles rebelles, série noire Gallimard, 2025.