Shady Lewis est un auteur égyptien installé en Angleterre qui vient de publier un roman vraiment enchanteur intitulé « Sur le méridien de Greenwich » qui raconte les tribulations d’un exilé dans le pays de la perfide Albion. En effet, tout commence pour le narrateur quand un de ses amis lui téléphone du Caire pour lui demander de s’occuper de l’enterrement d’un jeune syrien dont la famille ne peut pas quitter l’Egypte. Le narrateur qui lui-même travaille dans les services sociaux qui accueillent les étrangers et qui veillent à leur bonne installation dans le pays du Brexit. D’où la question existentielle qu’il se pose : comment s’occuper de l’inhumation de quelqu’un dont on ne sait rien ?
À côté de cette mission humanitaire, d’autres problèmes viennent s’ajouter au quotidien du narrateur, ils sont surtout d’ordre professionnel. Son collègue Kayode originaire du Nigéria, ne lui facilite pas la tâche. Ce dernier qui passe ses heures à se pâmer devant des villas virtuelles avec piscine est très tatillon sur l’application des règlements de l’administration. Surtout quand, ils vont visiter des étrangers en hébergement d’urgence et qui veulent se faire attribuer un logement social. Dans cette partie du roman, on découvre que peut être ce sont les étrangers eux-mêmes qui font le plus de zèle quand il s'agit de traiter avec leur semblable.
Le narrateur se permet même l’outrecuidance de jouer avec les nerfs de ses lecteurs. Très facétieux, on dirait qu’il a bien assimilé l’œuvre de Milan Kundera et de Franz Kafka. En refermant le roman, on comprend que l’auteur Shady Lewis a un regard très atypique sur l’exil et sur les représentations que se font ceux restés au pays qui croient toujours que l’herbe est plus verte ailleurs. Ce travail de déconstruction fait par Shady Lewis est vraiment salvateur car il met des mots justes sur des clichés éculés.
Slimane Ait sidhoum.
Shady Lewis, « Sur le méridien de Greenwich », Sindbad, 2023.