Le mouvement associatif en Algérie a toujours vécu dans le conflit avec le régime en place depuis 1962. C'est ce que rappelle le juriste Bachir Dahak dans son ouvrage, système politique et vie associative en Algérie, auquel, il adjoint un sous-titre très significatif, "l'étrange modèle d'une démocratie sans citoyens." Car le régime continue de vendre au peuple la supercherie qui consiste à toujours proclamer: " Le pays n'est pas mûr pour la démocratie." Ce livre très dense, très riche en référence et assorti d'analyses très pertinentes. Il raconte l'histoire du mouvement associatif depuis l'indépendance de l'Algérie jusqu'aux récents évènements qui ont secoué le pays, exacerbé par la candidature pour un cinquième mandat du défunt président Bouteflika. L'auteur très pédagogique, rappelle le rôle des associations dans la vie de la cité. C'est-à-dire un creuset où les citoyens vont tisser des liens entre eux à l'occasion d'activités diverses et variées. Mais justement c'est ce regroupement pour réaliser de projets communs qui a toujours fait peur au régime. Pour étayer sa démonstration l'auteur remet au goût du jour un ensemble d'articles qu'il a publié dans le revues spécialisées et dans la presse pour mieux expliquer la situation précaire du mouvement associatif car dépendant de l'humeur du moment du régime et du zèle de ses serviteurs entre ministres et hauts fonctionnaires. Il ne faut pas oublier aussi que pendant près de dix ans, c'est-à-dire de 1962 à 1971, l'Algérie appliquait la loi française de 1901 sur les associations mais avec l'arrivée de Boumediène au pouvoir, une ordonnance liberticide a vu le jour le 23 décembre 1971 permettant à l'administration de mieux contrôler le peu d'associations activant dans l'espace public et annihiler toute tentative d'émergence d'une société civile digne de ce nom.
Slimane Ait sidhoum.
Bachir Dahak, Système politique et vie associative en Algérie,"l'étrange modèle d'une démocratie sans citoyens.", Editions Frantz Fanon et Qatifa, 2022.