L’enfer que vit Gaza depuis deux ans suite aux bombardements massifs de l’armée israélienne pose la question du respect du droit international et de l’impuissance de la communauté mondiale à stopper ce déluge voulu par Natanyahu. En lisant, Gaza, une guerre coloniale, l’ouvrage collectif dirigée par Véronique Bontemps et Stéphanie Latte Abdellah publié récemment par Sindbad/Actes sud, on constate l'exhaustivité remarquable de ce travail. En effet, il cerne la question palestinienne de tous les points de vue. Tout d’abord, le livre nous fait pénétrer dans les méandres de l’organisation politico-militaire du Hamas et les luttes internes de ses membres pour le leadership entre les cadres qui vivent à Gaza et ceux de l’extérieur qui résident en grande partie au Qatar. L’autorité palestinienne qui a perdu le contrôle sur cette étroite bande depuis les élections de 2006, ne sait plus sur quel pied danser entre une paix fragile avec Israël et les éléments du Hamas qui ne croient qu’au langage des armes qui a débouché sur le désastre du 7 octobre. La riposte dirigée par le gouvernement d’extrême droite de Natanyahu ne s’est pas fait attendre pour punir les coupables. Mais dans cette guerre totale déclarée à Gaza, ce sont les civils qui paient le prix fort, entre destructions, déplacements et privation de tout ; ce qui a conduit la cour internationale de justice saisie par l’Afrique du sud à envisager sérieusement de qualifier ces actes d’un génocide en préparation. Par ailleurs on apprend dans l’ouvrage sur Gaza que la population civile qui a vu toutes les aides extérieures suspendues par Tsahal, a favorisé une forme de résistance pour contourner ce blocus grâce à certains agriculteurs en essayant de venir à bout de la famine. Ainsi, le livre regorge d’histoires étonnantes de résistance et de résilience comme le cas de ce paysan qui a bravé les bombardements pour faire renaître son potager et nourrir des centaines de familles. Ces exemples de survie aux déluges des bombes, montrent que la population de Gaza n’est pas prête à céder sa terre ou à la quitter. Les contributeurs à cet ouvrage dressent aussi le bilan de deux ans de guerre et du fait colonial qui dure depuis la nakba de 1948 avec son contingent de morts qui dépasse l’entendement et des 518 villages palestiniens rayés de la carte au fil des guerres entre Israël et les pays arabes. Sans oublier le bilan apocalyptiques de ces deux dernières années à Gaza, qui a perdu 450 écoles et 5 universités, ses réseaux d’acheminement des eaux et d’électricité. Enfin, il est temps pour la communauté internationale de se réveiller et de mettre un terme à cette guerre comme l’a récemment fait à Paris, l’historien et ancien ambassadeur d’Israël en France Eli Barnavi.
Slimane Ait sidhoum.
Véronique Bontemps et Stéphanie Latte Abdellah, Gaza, une guerre coloniale, Sindbad/ Actes-sud, 2025.