Slimane Ait sidhoum

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Billet de blog 13 octobre 2024

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Une enfance vagabonde.

Le roman Ilaria de Zalapi est un récit sur l'errance et la fuite en avant. Un roman qui dit beaucoup de choses sur la séparation des parents et les conflits conjugaux.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les séparations parentales conduisent toujours les enfants à vivre des situations cocasses. On le voit avec acuité dans le nouveau roman de Gabriella Zalapi intitulé, Ilaria . Ainsi on voit la petite Ilaria trimballée par son père à travers toute l’Italie. Le récit de ces pérégrinations est conté par la petite Ilaria, avec ses yeux d’enfant qui perçoit les choses d’un point de vue ludique alors qu’en toile de fond, apparaît la souffrance d’un mari quitté par sa femme. Au fil des pages, Ilaria nous montre avec des mots simples et des situations dignes de la Commedia dell’arte, le drame qui se joue sur de multiples scènes aussi différentes les unes des autres. D’abord la voiture du père, puis les hôtels et enfin les bars. Ce qui est un enlèvement pour faire entendre raison à la mère de revenir au domicile conjugal, se transforme pour Ilaria en une longue excursion pour vivre aux périphéries des grandes villes italiennes et sur les routes. Dans la voiture, le père est toujours à la recherche de pièces pour alimenter la voracité des téléphones en cabine, il est vrai que cette histoire se déroule en 1980. Chaque arrêt donne l’occasion au père d’appeler sa femme mais sans qu’on sache la tonalité de la discussion, car il arrive souvent que la mère ne réponde pas. Mais les réponses données à sa fille sont toujours rassurantes. La petite Ilaria jubile car elle s’est affranchie des murs de l’école qui emprisonne l’imagination et limite le vagabondage des enfants. Elle n’oublie pas de demander de temps en temps des nouvelles de sa mère. Et, le père répond qu’elle va bien et que bientôt ils seront réunis avec l’autre sœur, à savoir Ana restée avec la mère à Genève. Puis, à force d’aller d’hôtel en hôtel et de mettre du carburant dans le réservoir l’argent vient à manquer. Le père et sa fille se rabattent sur le train où ils découvrent à deux un nouveau jeu qui pourrait s’appeler « Le trésor des objets perdus ». Instruit, par les dires d’un voyageur croisé lors d’un trajet, sur la facilité d’avoir récupéré une montre laissée dans un wagon. Le père va mettre au point un subterfuge pour se servir dans ces trésors  souvent non réclamés. La réussite de l’opération demande la complicité totale de la petite Ilaria. Ainsi de valises en valises récupérées, le père devient un spécialiste de la revente des breloques trouvées dans les sacs de voyage. Ce petit commerce permet au duo de survivre jusqu’à la rencontre de la grand-mère qui habite dans le sud où une autre vie attend la petite Ilaria. Le roman de Gabriella Zalapi est un hymne à la liberté car l’insouciance est un remède à certains conflits qui dépassent les petits.

Slimane Ait sidhoum

Gabriella Zalapi, Ilaria, Zoé éditions, 2024.          

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