Slimane Ait sidhoum

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Billet de blog 25 septembre 2023

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La traversée mémorielle.

Olivia Elkaim continue d'explorer sa mémoire familiale. Après avoir raconté l'histoire de son grand-père dans , Le tailleur de Relizane, dans Fille de Tunis, elle nous fait un récit poignant de l'histoire de sa grand-mère maternelle.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il existe des individus qui sont investis du rôle de dépositaires de la mémoire familiale et dont la mission est de l’exhumer en la débarrassant des affres de l’oubli. On le voit de façon heureuse avec « Olivia Elkaim », journaliste et écrivaine qui avait déjà écrit, Le tailleur de Relizane. L’histoire de son grand-père paternel qui a longtemps vécu à Relizane en Algérie, ville de l’ouest et paradis des agrumes. Une fois cette biographie réalisée, il restait à s’occuper de la grand-mère maternelle qui répond au doux prénom d’Arlette. C’est ainsi que naquit l’idée d’écrire, Fille de Tunis. Devant le silence de sa mère, Olivia Elkaim part sur les traces de cette grand-mère dont on veut reléguer le souvenir  au grenier des omissions volontaires. L’auteure remet une nouvelle fois les habits du détective pour essayer de saisir ce spectre qui la hante. Olivia Elkaim avait eu l’occasion de connaitre sa grand-mère mais sans savoir grand-chose sur son passé. Pour la journaliste, malgré les restrictions sanitaires post-covid, elle va élire domicile à Tunis, lieu de naissance de cette Arlette dont les origines sont italiennes. Armée de quelques fragments biographiques, glanées au fil des discussions familiales, Olivia Elkaim arrive à reconstituer le parcours de son aïeule. Elle découvre qu’Arlette a eu une enfance joyeuse et atypique. L’ancêtre est née pendant la seconde guerre mondiale mais avait un comportement transgresseur des règles qu’on imposait aux enfants. Une enfance dédiée au jeu, aux fugues et à l’insolence. La mort tragique de son père n’a fait qu’aggraver sa propension à la désobéissance. Devenue, une belle jeune femme, elle charma un certain Sauveur Ravalli qui fera tout pour l’épouser. Les noces célébrées, coïncidèrent avec le mouvement de décolonisation de la Tunisie. Pour mettre à l’abri sa famille, Sauveur s’achète un appartement à Marseille et laissa Arlette se débrouiller seule dans cette ville aux grandes tentations. Employée dans une administration locale de Marseille, Arlette a gardé son âme puérile et l’insouciance chevillée au corps, elle va sombrer peu à peu dans différentes addictions car elle a une grande intolérance à l'ennui. Le jeu et l’alcool vont ruiner son couple. Le retour de son mari de Tunisie aggrave les dissensions entre-eux car entretemps « Jojo » son amant emménage avec eux. Sauveur s’accommode de l’intrus et le prend même en sympathie. Ce récit d’Olivia Elkaim complètement déchronologisé est mené avec une plume haletante qui essaie de s’emparer du spectre d’Arlette car il est toujours fuyant, libre comme l’air mais auquel les lectrices et les lecteurs s’attachent et adoptent avec affection sans oublier ses frasques.

Slimane Ait sidhoum.

Olivia Elkaim, Fille de Tunis, Stock, 2023.

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