Slimane Ait sidhoum

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Billet de blog 25 novembre 2025

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L’immeuble Olabi

Le Liban est au cœur du moyen Orient et cristallise toutes les problématiques liées à cette région, C’est ce que l’on voit à travers le roman de Souhaib Ayoub, Le loup de la famille.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le Liban est au cœur du moyen Orient et cristallise toutes les problématiques liées à cette région. La guerre civile qui a sévi dans le pays entre 1975 et 1990 a laissé des traces dans les corps et dans les mémoires. C’est ce que l’on voit à travers le roman de Souhaib Ayoub, Le loup de la famille dont l’intrigue se déroule à Tripoli, la deuxième ville du Liban où l’auteur nous présente une galerie de personnages atypiques. Le narrateur qui regarde toute cette humanité est Hassan, muet mais à l’œil aiguisé et dont la pertinence s’affirme de page en page. Sa grand-mère Chamsé qui est le pilier de la famille porte une histoire lourde qui a commencé dans les plaines de Syrie. La dureté de la vie nomade et un mariage raté l’amènent à Tripoli pour une sédentarité qui devient exemplaire. Ayant exercé différents métiers pour élever ses enfants, elle s’impose comme une figure emblématique de l’immeuble Olabi où elle côtoie différentes familles. Hassan absorbe par le regard toutes les histoires qui s’imbriquent d’étage en étage, un peu comme l’a fait à son époque le prix Nobel : Naguib Mahfouz dans « Récits de notre quartier ». Mais, un jour Hassan constate que sa mère et sa grand-mère ont disparu avant qu’elle ne soit retrouvée la tête dans un sac, décapitée et jetée dans une poubelle. L’enquête révèle d’autres récits liés à la ville de Tripoli, un monde où la débrouillardise et la violence font bon ménage. Un monde violent où les femmes sont les souffre-douleurs, comme la vie de Dolce-Vita un transexuel malmené par la société et le qu’en dira-t-on. Sans oublier des références assez précises à la guerre civile et toutes les atrocités commises au nom des idéologies qui s’affrontaient. Les habitants de l’immeuble Olabi touchés par cette folie humaine donnent l’impression de vouloir vivre normalement sans trop s’impliquer dans le conflit, comme s’il voulait dire aux protagonistes que l’harmonie peut exister malgré les différences idéologiques ou religieuses. Le roman de Souhaib Ayoub peut être lu comme le roman de la réconciliation et de la tolérance qui doivent prédominer dans une société.

Slimane Ait sidhoum

Souhaib Ayoub, Le loup de la famille, Actes-sud, 2025

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