Slimane Ait sidhoum

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Billet de blog 27 mars 2025

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Loin du désert

Le nouveau roman de l’écrivain et journaliste Said Khatibi intitulé, La fin du Sahara, est un récit qui peut s’apparenter à une chronique d’un désastre annoncé.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le nouveau roman de l’écrivain et journaliste Said Khatibi intitulé, La fin du Sahara, est un récit qui peut s’apparenter à une chronique d’un désastre annoncé. En effet, on est à la veille des évènements tragiques du 5 octobre 1988 qui vont faire basculer l’Algérie dans les années noires, l’auteur nous décrit de façon remarquable les sept plaies responsables de la violence qui allait submerger le pays. D’abord, le chômage des jeunes et il est incarné par le personnage d’Ibrahim qui essaie de s’en tirer en gérant un magasin de location vidéo, qui nous semble le vestige d’un monde disparu. Puis arrive, l’oppression de la femme, nœud gordien de ce roman noir avec l’assassinat de la chanteuse « Zakia Zaghouani ». Un personnage à la recherche d’un statut dans une société bâtie sur la domination masculine. La disparition de cette artiste qui apportait un peu de gaieté dans une ville paumée déclenche une panique dans tous les milieux car elle perturbe le déroulement monotone de la vie dans une bourgade vivant hors du temps. Ensuite apparaît la corruption, un fléau qui ne saurait être absent du roman avec Hadj Mimoun, propriétaire de l’hôtel Sahara, où officiait la victime Zakia, devenu riche par des méthodes détournées en exploitant son engagement au sein du FLN contre la colonisation. L’arbitraire vient s’ajouter à la liste à travers l’inspecteur Hamid aux méthodes peu orthodoxes, sans oublier l’appât du gain et la luxure que tout le monde partage, dans un univers dépourvu de toute éthique. Kamel l’homme de main Hadj Mimoun exprime la brutalité et le nihilisme car rien ne doit stopper la machine à satisfaire les plus bas instincts des dominants. Ce roman de Said Khatibi nous restitue de façon admirable un monde disparu et englouti par les années noires. Il est aussi d’une grande modernité par son système narratif que se partagent différentes voix. Une chorale bien dirigée qui nous tient en haleine jusqu’au dénouement final.

Slimane Ait sidhoum.

Said Khatibi, La fin du Sahara, Série noire, Gallimard. 2025.      

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