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Billet de blog 2 janvier 2023

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Mort de Luis Mizon ce 30 décembre 2022

Une grande voix de la poésie s’est éteinte ce 30 décembre 2022 à Paris, dans une indifférence  médiatique consternante : Celle de Luis Mizon, grand poète franco-chilien exilé en France depuis 1974

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J’ai  d’abord rencontré la poésie de Luis Mizon, il y a bien longtemps, au fil de mes études littéraires et de mes passions - la lecture, la poésie, l’Histoire, la politique…- C’est le coup d’Etat militaire au Chili qui a conduit Luis Mizon à l’exil…en France.

J’ai ensuite rencontré l’homme et le poète au Festival des Voix Vives a Sète. Cette grande voix poétique s’est incarnée en particulier dans une lecture en langue espagnole dans un de ces lieux magiques du Festival.

J’ai retrouvé Luis Mizon au Festival de poésie des Voix Vives 2017 en compagnie de Daniel Severac. Cette dernière rencontre a scellé notre complicité poétique et amicale et a nourri un projet artistique original à l’initiative du musicien .

En effet, Daniel Severac, saxophoniste de Jazz, en écoutant le poète dire dans sa belle langue chilienne, des poèmes extraits d’un de ses  derniers recueils Mata Ki Te Rangi  (inspirés par les statues de l’Ile de Pâques) traduits en langue des signes, a conçu le projet de transposer ce moment de poésie dans le Rougier de l’Aveyron où il réside, établissant ainsi une correspondance à travers le temps et l’espace, entre les mystères de l’Ile de Pâques et ceux de pierres-menhirs  de l’Aveyron. ..

Le projet de jumeler dans un spectacle vivant la lecture des poèmes et la voix du saxo ténor, rencontre déjà improvisée au cours du Festival 2017 des Voix Vives , a pris corps, d’abord dans le cadre d’un spectacle a la Maison de la Poésie de Montpellier, puis dans une manifestation intitulée « Correspondances et Résurgences… Des Moais de l’Ile de Pâques aux statues Menhirs de l’Aveyron » en lien avec les Services culturels de Saint Affrique

Simples coïncidences ou « hasards objectifs »  chers aux Surréalistes …  ? nous apprenions qu’au même moment, un programme national piloté par le Ministère de la Culture, lançait une opération mettant en résonnance les mystères de l’Ile de Pâques et les statues menhirs d’Occitanie ! Le signe fut si fort que  nous prenions aussitôt contact avec le Conservateur du Musée Fenaille à Rodez, Aurélien Pierre : rencontre passionnante (Cf les connaissances pointues du Conservateur et de  Luis Mizon sur le sujet  et son ouvrage Passion de l’Ile de Pâques aux éditions la Manufacture) qui aboutit à une belle manifestation poétique/musicale le 17 octobre 2018 dans ce très beau Musée ; Luis Mizon fit la lecture de ses poèmes dans sa langue originelle , l’espagnol ( même s’il écrivait en français depuis plusieurs années) Son éditeur, Pierre Manuel et moi-même nous partagions la lecture en français. Daniel Severac au piano, percussions et saxo ténor, créait un univers sonore  qui dialoguait avec celui du poète…

L’aventure se poursuivait le lendemain 18 octobre 2018 au Musée Champollion de Figeac pour une « veillée pascuane » riche d’émotions et de convivialité grâce à l’accueil  et à l’organisation de la Conservatrice Céline Ramio.

La disparition de Luis Mizon ouvre un grand vide  dans le fracas médiatique de cette fin d’année 2022… Il nous reste sa poésie.

Ecoutons  donc cette voix  qui nous parle   du mystère de la présence au monde et de la femme qui nourrit la sensualité du poète lui ouvrant les portes de l’imaginaire telle la femme- guide des surréalistes.

Voix  puissante, charnelle et immatérielle, rivée à la terre et happée par les souffles cosmiques et en même temps, un murmure intime qui nous parle de l’instant et de l’infini,

:« tu tiens un mouchoir
Tombé des étoiles
Mouillé de larmes cosmiques
(…)
Je plonge sans peur mon visage
Dans les collines les plus sauvages de ton corps »

« C’est la fin du monde antique
C’est la parole qui rebondit dans le néant
C’est la nuit derrière le jour
Qui nous tient dans ses bras
Je respire son odeur de grand départ
La douceur de sa peau étoilée
Je touche avec la pointe de mes doigts
Le ventre de la voie lactée ».


Simone Lopez, le 1er janvier 2023

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