socializ (avatar)

socializ

Informaticien

Abonné·e de Mediapart

16 Billets

1 Éditions

Billet de blog 27 octobre 2015

socializ (avatar)

socializ

Informaticien

Abonné·e de Mediapart

Venezuela : Je n’ai jamais vu un pays, sans guerre, aussi détruit que le Venezuela

socializ (avatar)

socializ

Informaticien

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je n’avais jamais vu un pays, sans guerre, aussi détruit que le Venezuela - Jon Lee Anderson, reporter ayant couvert les conflits en Syrie, Irak, Afghanistan, Angola, Somalie, Soudan, Mali, Liberia, Liban. C’est une nation qui tombe en morceaux toute seule, c’est comme regarder quelqu’un en train de scier le sol sous ses pieds. Le processus est né avec Chavez, avec ses vertus et ses manques, mais il était celui qui savait le mieux le mener. Au final, au milieu de son radicalisme, existait un certain pragmatisme. Je ne crois pas que nous assisterions au même désespoir de nos jours, il se mettrait lui-même à penser  "put**, que faisons-nous mal ?, maintenant il y a des pénuries" et il chercherait une solution. C’était un homme qui savait changer de direction.

Article complet

Ce serait mentir que de dire que le niveau de vie de Vénézuéliens et notamment des classes populaires ne s’est pas fortement amélioré pendant les premières années du mandat de Chavez, cette amélioration était directement liée au boom pétrolier et à l’injection de devises dans l’économie. En clair, les gens avaient plus d’argent pour acheter, le gouvernement leur faisait des cadeaux (machines à laver, frigidaires, télévisions, etc…) et mettait en place les fameuses « missiones » qui visaient à apporter directement dans les bidonvilles des services de première nécessité principalement en matière de santé et d’éducation.

Cependant, pendant ce temps, des expropriations sauvages étaient effectuées, le gouvernement s’est approprié d’un grand nombre d’industries et terres pour des prix dérisoires, plus aucun investissement en matière d’entretien et développement n’a été effectué autant sur les expropriations que dans bon nombre de missions, l’argent s’étant majoritairement évaporé à cause de la corruption et l’incompétence. Bon nombre de terres expropriées autrefois ne produisent plus rien de nos jours, des communautés agraires ont été créées mais n’ont jamais reçu de formation ou de matériel, s’ils ont reçu du matériel, ils n’ont jamais reçu de pièces de rechange quand ce dernier tombait en panne. Ceci peut être observé dans tous les secteurs, depuis le textile jusqu’à la production pétrolière en passant par l’agriculture, l’élevage, la santé publique et les installations électriques.

Plus de 1440 expropriations d'industries et 3 millions d'hectares de terres productives en 13 ans de pouvoir.

Une étude indépendante sur la pauvreté au Venezuela :

Il est très difficile d'obtenir de nos jours des chiffres concrets sur ce qu'il se passe au Venezuela. Le contrôle du gouvernement sur l'émission des chiffres est total, la banque centrale Vénézuélienne ne publie plus de données sur l'inflation depuis 2014, et le reste des chiffres tels que le niveau de pauvreté ou le chômage sont fournis par des sites du gouvernement et manquent de crédibilité.

L'article suivant a été publié dans le site de l'Université Simon Bolivar, université publique parmi les plus réputées du Venezuela. Elle présente une enquête réalisée par des enquêteurs économiques de plusieurs universités indépendantes du pays qui explique la situation actuelle ainsi que les éléments qui nous ont menés à cette situation. L’enquête mentionnée ci-dessous a été effectuée dans les mêmes conditions qu’une enquête de 1998 par un organisme de l'état dont les résultats sont utilisés aujourd'hui pour décrire l'état de la pauvretté en 98. 5400 personnes de milieux sociaux différents ont été interrogées dans l’ensemble du pays sur leurs revenus, leur pouvoir d'achat et leur accès aux missions sociales du gouvernement.

Soraya Villarreal / Departamento de Información y Medios USB.-

En accord avec les estimations réalisées par les enquêteurs économiques de plusieurs universités du pays, la proportion de pauvreté pour l'année 2015 sera de 55%, c'est à dire, 18 millions de Vénézuéliens seront en situation de pauvreté d'ici la fin de l'année, dû à la chute des revenus, à l'inflation, estimée à 150%, et aux pénuries alimentaires.

Ainsi l'a rapporté Marino Gonzalez, professeur du département de sciences économiques et administratives de l'USB (Université Simon Bolivar), à propos de la reconnaissance donnée par la FAO au Venezuela pour son succès en matière alimentaire - Les données utilisées par la FAO sont issues du gouvernement et vont jusqu’en 2012, soit avant le début des pénuries alimentaires et la chute des cours du pétrole qui ont précipité l'économie Vénézuélienne vers le néant-.

Gonzales a coordonné l'Enquête Conditions de Vie Indépendante de la population vénézuélienne en 2014, ENCOVI, dans laquelle ont travaillé l'UCV (Université Centrale du Venezuela - publique, la meilleure du pays), la Catolica Andres Bello et l'USB et dans laquelle il est révélé que la situation sociale au Venezuela est très critique, vu que, selon les chiffres avancés, dans le courant de l'année dernière, 48% de la population du pays était en situation de pauvreté en fonction de leurs revenus, ce qui signifie, explique le professeur, que si la population du pays est de 30 millions de Vénézuéliens, nous parlons de 15 millions de personnes en situation de pauvreté en termes de revenus, et sur ce pourcentage, 23% étaient en situation de pauvreté extrême, c'est à dire, n'ont pas accès aux denrées alimentaires, n'a pas de quoi les acheter, et par conséquent, est sont en situation d'alimentation et nutrition très critique.

Si à cette situation de pauvreté de l'année 2014, avec une décroissance économique de 4%, sont additionnées les perspectives de croissance économiques dans le monde, le Venezuela figure avec une chute, selon le FMI, de 7% pour cette année, le Venezuela sera l'unique économie d'Amérique Latine qui ne connaitra pas la croissance cette année, a déclaré l'expert, ce qui est très préoccupant car cela signifie que la proportion de pauvreté que nous avons rencontrée dans l'enquête de l'année dernière va augmenter en 2015 et va être supérieure aux indices de pauvreté de 1998, a déclaré l'enquêteur dans une Interview avec Maria Alejandra Trujillo dans le programme Connexion de RCR (Radio Caracas Radio).

Petare - Le plus grand Bidonville d'Amérique Latine se trouve dans la capitale: Caracas

Gonzales rappelle qu'en 1998 -date d'arrivée de Chavez au pouvoir-, quand une enquête similaire à celle de l'année dernière a été effectuée sous la coordination de l'Ocei, le pourcentage de pauvreté en termes de revenu était de 45%; l'an dernier elle est montée à 48%, par conséquent nous pourrions dire que l'an dernier, il y avait plus de population en situation de pauvreté qu'en 1998, et que cette année elle augmentera sans doute de 10 points et passera à 55%.

Il expose que le compte rendu, non seulement du gouvernement de Maduro, qui de soit même est assez critique, sinon de ces dernières 17 années de gouvernement, a impacté les conditions de vie des Vénézuéliens de façon assez déplorable.

La chute des revenus des Vénézuéliens est un autre exemple de l'échec absolu de ces dernières années en termes de gestion publique explique le professeur, car au Venezuela il n'y a eu que de la décapitalisation productive ces dernières années. Tout ce qu'ont signifié les fermetures des entreprises, les expropriations, nationalisations, en termes d'éloignement de l'investissement productif national et international, amène comme conséquence ce que nous vivons: l'économie vénézuélienne ne croît pas et n'ajoute pas de valeur et termes internationaux. La décroissance du Venezuela pendant ces 7 dernières années a amené comme conséquence la sortie de beaucoup de personnel qualifié du pays et des centres où se produisent les connaissances que sont les universités.

 Décapitalisation productive du pays

Marino González expose qu’il est en train de se produire au Venezuela, un des phénomènes de décapitalisation et d'un point de vue productif, le plus accéléré dans l'histoire de l'Amérique Latine et ceci est lié aux conditions dans lesquelles s'exerce la fonction publique, qui n'est justement pas dans une optique de promotion de la valeur de la productivité, ce qui n’aide pas à avoir de bons emplois, une sécurité sociale efficace, et impacte la qualité de vie.

LE FMI a signalé que, au rythme des dernières 17 années, le pays a les pires perspectives de croissance du monde jusqu'en 2020, expose l'enquêteur, et que c'est justement la conséquence de cette façon de gouverner, de ne pas faciliter un bon environnement pour les investissements, la productivité ni de génération de progrès pour tous les vénézuéliens, ce qui, avec une inflation de plus de 100%, empire le scénario et provoque l'explosion des indices de pauvreté.

Les classes pouplaires sont obligées de faire la queue parfois depuis 3h du matin pour achetter à manger. Il est strictement interdit de prendre de telles photos sous peine d'être arrêté par la police ou les militaires.

Il précise, par ailleurs, que quand on parle d'hyperinflation, il faut considérer le contexte dans lequel elle se donne. Un pays peut avoir une haute inflation, mais il peut avoir une croissance économique comme nous l'avons eu auparavant. L'inflation est un phénomène commun dans les économies du monde, et en ce moment, elle est à moins de 10% en matière générale. En Bolivie pour citer un exemple, l'inflation est de 0,3% dans le courant de l’année, et dans ce pays, en mars et avril de cette année, les prix ont diminué; mais quand non seulement il n'y a pas de croissance, mais qu'en plus il y a de l'hyperinflation, alors la magnitude de l'inflation est pire car il n'y a pas de mécanisme qui permette de compenser. Ce n'est pas la même chose une hyperinflation au Venezuela où il y a une décroissance de 7% qu'une inflation qu'il pourrait y avoir dans un pays dans lequel la croissance est de 3,4 ou 5%.

Misions inefficaces

González remarque que, d'après l'enquête Encovi de 2014, la protection qu'offre le gouvernement aux secteurs les plus pauvres est d'à peine 8%, c'est à dire, la politique des missions n'arrive qu'à 8 Vénézuéliens sur 100, et si l'on considère la population pauvre avec la plus grande situation de pauvreté c'est également de 8 ou 9%. Il y a une grande proportion de pauvreté extrême qui ne possède aucun mécanisme à travers lequel il puisse avoir des bénéfices dans une situation où les prix augmentent et en plus l'économie est en train de tomber, il y a moins de possibilités de recrutement et de vente ou achat de produits. Un pays peut avoir de l'inflation mais avec une pénurie modérée.

Pénurie en Images, ceci est très commun au Venezuela, quand produit il y a c'est souvent une seule marque, une marque de savon, une marque de champoing, une marque d'huile, etc...

D'après les données mentionnées par le professeur et mises à disposition par la Banque Centrale, on rapporte beaucoup de pénuries de denrées de base dans tout le pays, ce qui a un impact sur les conditions de vie de tous les Vénézuéliens.

En ce qui concerne la production et consommation des Vénézuéliens, en 1990 on produisait dans le pays environ 20 KG de viande par personne, disponible pour la consommation; les dernières données indiquent que le nombre de KG de viande est descendu à 7 et ceci est en lien direct avec l'augmentation des importations, la non protection du marché interne, le manque de promotion de la production nationale et les expropriations des propriétés productrices de viande, ce qui a son tour se reflète sur le fait que des millions de Vénézuéliens ont des difficultés à obtenir de la viande et du poulet.

Une autre donnée mentionnée par le professeur est la diminution de la consommation d'œufs, denrée alimentaire des secteurs les plus pauvres, en lien direct avec la chute des revenus.

Source: Fin 2015 La pauvreté au Venezuela touchera 55% de la Population

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.