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Billet de blog 5 novembre 2012

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Gabon: Les pitreries de Me Pie Oyane Ondo

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est à Paris qu’elle a joué le dernier numéro. Invitée à becqueter sur une alternative pour le Congo, elle a outrepassé les devoirs imposés par sa robe d’avocate. Elle a trouvé plus intéressant de préparer aux copains Congolais une sauce aux arachides, selon la célèbre spécialité woleuntémoise.

Pour obtenir une surdose de piment, Me Pie en a mis plein la marmite : « Je me propose d’aborder exclusivement cette problématique de la refondation du partenariat entre l’Afrique et la France en centrant mon intervention sur la question de la démocratie dans les pays d’Afrique, en particulier d’Afrique centrale, un cas particulier dans le monde. » L’Afrique centrale est un cas particulier !

Et elle assène, la Pie : « L’Afrique centrale est la seule région du planisphère à ne pas avoir un seul pays… » démocratique ! La prof est péremptoire : l’Afrique centrale, unique région du monde qui n’abrite que des dictatures ! Me Pie de pontifier qu’elle détient la solution en vue d’éradiquer cette calamité.

Il lui suffit de s’armer d’une chicote et d’imposer quelques solutions toutes faites à ces pays frappés par la malédiction. Il est impérieux de construire, au Gabon comme ailleurs, une opposition et une société civile.

Oyane Ondo prend le soin de donner une précision : « La démocratie est l’ensemble des opinions et des activités qui s’opposent à la politique menée par le pouvoir. » Seulement, elle le dit.

Le disant, elle feint d’ignorer qu’au Gabon, c’est la notion d’un pouvoir qui gouverne et une opposition qui s’oppose qui fâche. Elle fâche d’autant plus que la dernière voit dans le silence opposé par le pouvoir qu’il l’ignore.

Concrètement, voici ce que s’imaginent les potes de Me Pie : qu’un Myboto sollicite une rencontre entre les deux bords aussitôt accordée !

Depuis son sanctuaire de Nkembo-SOTEGA, que le bon Eyeghe Ndong propose un chronogramme sur une nouvelle conférence nationale en passant par le sabordage de la présidence de la République et de toutes institutions constitutionnelles. Ali Bongo Ondimba applaudit de toutes les phalanges !

Que Maganga Moussavou, du haut de son arrogance mortifère, clame son autodésignation à la vice-présidence de la République et que le chef de l’Etat y consente. Le Gabon n’est peut-être idéalement démocratique, mais en Afrique, notre modèle vaut mieux que bien d’autres !

Petit cours de relations internationales offert par Me Pie : « S’il arrive que les puissances étrangères s’investissent positivement pour un peuple opprimé, elles ne le font que si le mouvement intérieur de résistance a déjà ébranlé la dictature au point d’attirer l’attention internationale sur la nature du régime. » Faux axiome !

C’est l’inverse qui s’est produit au Mali. Amadou Toumani Touré était à la tête d’une démocratie qui faisait référence dans toute l’Afrique noire. Or, des inconscients se sont réveillés un beau matin pour accuser ATT de forfaiture en ce qui concerne le cas du nord-Mali. Un capitaine en mal de légitimité réussit à prendre la tête d’un mouvement qu’on a qualifié de tous les noms. Erreur monumentale !

Le résultat est sous nos yeux : le Mali s’enfonce dans un islamisme exacerbé, modèle salafiste, le même qui perdure au nord du Nigeria. Nom seulement les militaires putschistes ont tombé ATT un démocrate, mais ils passeront, aux yeux de l’histoire, pour ceux qui ont ouvert la route aux djihadistes de tous poils. Question : qui, entre ATT et le capitaine Sanogo, est patriote et démocrate ?

Notre prof de politologie en jupette est en verve. « La France de François Hollande peut aider un certain nombre d’Etats africains d’Afrique francophone à chasser leurs dictateurs du pouvoir », souffle-t-elle. Passage obligé ce clin d’oeil !

Si la société civile et les partis politiques ne brandissent pas la « menace hollandaise », la messe n’est pas dite ! Et Paulette Oyane Ondo ne peut pas ne pas consacrer une ligne sur le credo. Vous avez certainement lu la lettre que Myboto et Cie ont adressée à Hollande à Kinshasa.

L’opposition revient sur les événements qu’elle a volontairement provoqués le 15 août dernier, soixantedouze heures avant la commémoration de la fête d’indépendance du Gabon. Dans ce courrier écrit avec une plume d’écolier retardé, nos papys parlent allègrement de commandos mitraillant, tuant les opposants !

Nous ne vivons pas les mêmes évènements puisque ce jour-là, pendant que certains s’attaquaient à la station-service de Nkembo et d’autres aux commerces, une colonne avait un objectif minutieusement planifié : faire irruption au commissariat central, s’emparer des armes de la flicaille et les distribuer aux fous de l’UN. Il faut être un superidiot pour accepter de pareils pis-aller !

Que la police ait mis fin à cette chienlit fait dire au papy Eyeghe Ndong que ce sont les forces de sécurité qui ont « provoqué les populations » (sic). Par ailleurs, le recours à Hollande est la chose la plus ridicule qui soit. Depuis le président Valéry Giscard d’Estaing, on claironne sur la fin de la Françafrique.

L’attitude attentiste de l’ex-UN-FUC envers le président français est simplement nostalgique. Oui, on ne peut tuer la Françafrique en poussant un président de l’Hexagone à intervenir dans un pays. Non sens ! Tautologie !

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