Soeur Bernadette Ogoula

Abonné·e de Mediapart

42 Billets

0 Édition

Billet de blog 28 novembre 2012

Soeur Bernadette Ogoula

Abonné·e de Mediapart

Gabon: Détournement de millions de FCFA à la SOGATRA

Soeur Bernadette Ogoula

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La direction générale de SOGATRA a fait état d’un cambriolage opéré par des vandales dont l’identité n’a pas été révélée jusqu’à ce jour. Aucune piste n’existe et il semble qu’il y ait un black out sur cet acte de banditisme.

Néanmoins, à en croire les témoignages de certains agents, les traces laissées par les vandales semble conforter la thèse d’un coup savamment monté.

Avant d’emporter leur butin, les vandales se seraient permis de manger un peu du fromage sur le bureau du directeur général et consommer quelques boissons laissées la veille dans le frigo du bureau directorial.

Autre indice, le bureau n’a pas du tout été mis à sac comme cela a été relayé ainsi que c’est souvent le cas en ce qui concerne un authentique cambriolage.

Deux autres indices non négligeables sont à verser dans ce dossier. Le dispositif de surveillance a été suspendu la nuit du cambriolage.

Les veilleurs de nuit et leurs chiens, employés d’une société de gardiennage appartenant, dit-on, à un proche du patron de SOGATRA, n’ont rien vu ni entendu. Idem pour la vidéosurveillance qui reste pourtant en veille vingt-quatre sur vingt-quatre. Curieusement, elle n’a rien enregistré au moment du vol.

Ce qui sous-entend que ce dispositif de télésurveillance a été interrompu au moment où les vandales sont passés à l’action.

Question : des inconnus venant de l’extérieur, soient-ils des bandits, peuvent-ils avec une telle aisance s’infiltrer dans les locaux d’une administration sans que la vidéosurveillance ne les enregistre ? Impossible !

Autre détail qui alimente les conversations, des proches du DG auraient suggéré à ce dernier de faire le choix des enquêteurs chargés de l’affaire. Pourquoi cette précaution ?

Par ailleurs, on signale des difficultés de trésorerie à la SOGATRA. Pour avoir tenté d’interpeller la direction générale sur la nécessité de respecter l’orthodoxie financière et atténuer un tant soit peu les dépenses de prestige, un collaborateur du DG aurait été suspendu de ses fonctions.

Outre les retards criards dans le paiement des salaires, les dysfonctionnements sont légion.

A propos du ravitaillement en carburant, la SOGATRA est toujours incapable d’honorer ses engagements auprès des stations-service.

Tour à tour ces essenceries ont fermé les portes à l’entreprise pour non paiement de factures de consommation. Sur la liste, on compte les stations Total de Bessieux, d’Arambo et celle de Mbolo. A l’exception de la seule station Pétro des Charbonnages devant laquelle les bus font la queue pour leur ravitaillement.

S’agissant de la ligne budgétaire allouée à l’achat des pièces détachées, elle a été purement et simplement supprimée à cause d’une gourmandise pathologique.

Grosso modo, sieur Aloïse Bekalé Ntoutoume est incapable d’assurer l’entretien de son outil de travail. Seule préoccupation de l’homme, son appétit financier gargantuesque.

Il y a peu, la direction a fait l’objet d’une visite des inspecteurs de la direction générale du Budget. La séance de travail a porté sur le fonctionnement de la boîte. La parade, Bekalé Ntoutoume n’est pas allé loin pour la trouver.

Le bienheureux s’est habilement soustrait pour laisser la place à ses collaborateurs. Il paraît qu’ils auraient subi les foudres des inspecteurs.

Ses collaborateurs ? Il s’agit de ses neveux, pardi ! Un roublard, l’homme de Nkok…

Affaire de villageois

Pour tromper la vigilance des agents, qui attendaient leurs salaires du mois d’octobre dernier, la direction générale de la SOGATRA a pondu, en espace de trois jours, deux notes de service.

La première, signée de la main du DAF Privat Nzouba, est un mea culpa on ne peut plus clair : « La direction générale présente à l’ensemble du personnel ses excuses quant au retard observé dans le paiement de salaires du mois d’octobre 2012. Par ailleurs, toutes les dispositions sont prises afin que les salaires du mois d’octobre soient versés avant le 16 novembre 2012. »

Trois jours après, le tour était revenu au manitou de la boîte, Aloïse Bekalé Ntoutoume, de faire un exercice de bwitiste en vue d’étouffer un mouvement d’humeur : « Je ne suis pas celui qui fait dans la démagogie (…). Je suis celui qui parle de ce qui est dans son ventre ». Non, ne riez pas.

Puis, par une autre note de service, Bekalé Ntoutoume revenait à meilleurs sentiments: « Mesdames et messieurs les agents de la Société gabonaise de Transports sont informés de ce que les salaires du mois d’octobre seront réglés à compter du mardi 13 novembre 2012. Ceux payés en numéraire pourront se rapprocher du service paie demain vers 13 heures. »

D’un seul élan, les agents ont accouru au rendez-vous libérateur. Mais, surprise désagréable ! Personne n’a perçu le moindre kopeck ! Quelle histoire !

En recevant la presse (15/11), la direction générale par la voix du chef de service commercial, Didier Mebiame, a tenté d’apaiser les craintes : « Ce n’est pas la SOGATRA qui est en grève, mais c’est un petit groupe d’agents. »

Ce n’est pas tout. Le porte-parole a tenté cette pirouette : « La subvention de l’Etat ne couvre pas toute l’année. » Ziah ?

Par la même bouche, « en octobre 2010, les salaires avaient été payés en décembre de la même année. » Un remake ? « La SAGATRA ne peut pas se porter bien. On fait du social. (…) Le compte SOGATRA n’a pas d’argent. L’argent vient d’ailleurs. »

Et pour boucler la boucle, Mebiame a une pensée envers les pôvres piétons. Pour satisfaire ces diables, « il faut 200 bus pour couvrir Libreville. ». Belle démonstration !

Le parc est exclusivement destiné au tronçon Libreville-Ntoum. Réfléchissez : sur ce parcours, il y a deux principautés à desservir prioritairement: celle de Bikélé et celle de Nkok.

La première est le village de l’ex-PM et la seconde le bourg du DG. Vous voyez ce que cela donne, n’est-ce pas ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.