Landerneau, Lannion, Guingamp, Carhaix… Nombreuses sont les maternités en danger, contraintes aujourd’hui de se mobiliser pour faire valoir un modèle de soin loin des grands centres hospitaliers et des maternités de niveau 2 ou 3.
La maternité de Landerneau constitue le premier choix pour plus de 500 familles par an pour donner naissance à leurs enfants. Un choix, un véritable choix pour ces familles qui ont le plus souvent une autre maternité à une distance qui peut sembler raisonnable. Que choisissent-elles ? Nous aurions aimé avoir le temps de détailler la politique d’accueil du nouveau-né et de sa famille dans le cadre d’un label qualité pour lequel nous nous sommes mis en marche, mais il faut faire vite.
Elles choisissent un hôpital de proximité avec vue sur le jardin, où elles sont accueillies par une secrétaire, une sage-femme, un gynéco-obstétricien en consultation anté-natale. Un soignant à leur écoute dans leur projet de naissance et dans ce qui, pour elles, signifie “devenir famille”. Un soignant qui ne juge pas, qui ne cherche pas à faire entrer dans une case, qui prend le temps d’écrire, de partager en équipe ses préoccupations et de trouver une réponse adaptée à chacun.
Elles choisissent de venir vivre avec cette équipe ce moment unique dans leur vie : le travail, l’accouchement, les premiers jours avec leurs nouveau-nés. Elles choisissent des auxiliaires de puériculture disponibles, à l’écoute et prévenantes, elles choisissent des sage-femmes qui vont les accompagner pendant l’ensemble du travail avec sérieux et empathie, elles choisissent des gynécologues-obstétriciens qui sauront respecter la physiologie du travail et intervenir au moment où il est nécessaire. Elles choisissent d'être accompagnées pour démarrer leur allaitement, elles choisissent de prendre le temps qu'il faut pour se sentir à l'aise avec leur bébé et capables de rentrer à la maison.
Elles choisissent des soignants qui eux-mêmes ont choisi de travailler ici-même car leurs valeurs humaines et professionnelles y sont respectées. Des soignants convaincus du sens du service public et du bénéfice pour la population, des soignants compétents dans les situations d’urgence comme dans l’accompagnement quotidien.
Elles choisissent d’y revenir quand un nouvel enfant arrive, elles conseillent à leurs amies et leurs sœurs de faire le même choix qu’elles.
Elles choisissent un idéal, elles choisissent de ne pas accoucher à domicile - car l’alternative est bien là, elles choisissent la maternité de Landerneau.
La menace de fermeture est une violence faite à ces familles et au personnel qui y travaille. C’est venir nous dire “ce que vous faites n’a pas de valeur, on peut fermer demain cela n'a pas d'importance.” Une violence inouïe. C’est dire aux femmes “Accouchez ici, ou là, qu'importe ?!”. Que fait-on des notions d’attachement et de sécurité émotionnelle indispensables à la création des premiers liens mère-enfant ? Que fait-on des années de vie données par les auxiliaires de puériculture, les sage-femmes, les médecins pour faire tourner le service ? Balayées en trois semaines ? Où sont les convictions quant à l’accueil des personnes les plus vulnérables ?
La violence sidère, la violence humilie, la violence est inacceptable.
Le modèle de soins mis en place à Landerneau n’a pas de prix et nous nous battrons pour le préserver, le développer, le voir grandir. Nous nous battrons pour y voir naître toujours plus de bébés avec un accueil individualisé et choisi, au plus proche de la physiologie.
Dr Agathe Le Bourhis, médecin généraliste, titulaire du DIU "Lactation Humaine et Allaitement Maternel"