23e Chambre, 21 janvier
Brahim et Yacine comparaissent pour violences sur personnes chargées de l’autorité publique. Brahim comparaît libre, alors que Yacine est écroué dans le cadre d’une autre affaire. Les deux sont accusés d’avoir causé deux et trois jours d’ITT à deux policiers. Brahim en a eu lui aussi pour deux jours que le Président balaye d’un revers de main. « Deux jours… Pff, bon voilà, et vous avez perdu le certificat médical ». Les deux accusés présentent chacun une petite dizaines de condamnations surtout pour des faits de violences et de stups. Brahim était d’ailleurs, selon les policiers, en possession d’environ 10 grammes de shit, soit un peu moins de 100 euros. C’est pour cela qu’il s’est fait contrôler, avec un mineur, avant que Yacine, repéré par les trois policiers qui patrouillaient dans le dix-neuf, ne soit, selon l’accusation, à la tête de ce qui est présenté comme une émeute urbaine de grande ampleur. «Ça pleuvait de partout » dans le PV des policiers représentés par un avocat confortablement installé, les pieds posés presque sur le banc. Yacine est accusé d’avoir ameuté une quinzaine de personnes pour empêcher l’interpellation de Brahim. « Venez les gars ! Venez ! » aurait dit le jeune homme. Le président en a manifestement marre. Dans son interrogatoire, il blague avec le prévenu « Ah oui, je m’en souviens, c’est moi qui vous ai condamné, non ? ».
Les faits semblent compliqués à établir, et les accusés nient tout en bloc. Brahim : « Je sais pas, les policiers ne maîtrisaient plus la situation, ils ont essayé d'accélérer l’interpellation, ils m’ont étranglé, j’ai cru mourir, j’ai peut être joué un peu des coudes ». Yacine rappelle que son précédent contrôle judiciaire s’est très bien passé. « Mais vous êtes écroué ! » s’étrangle le juge. Son avocate s’indigne «Cette affaire n’est pas jugée ! ».
Les parties civiles demandent 800 euros de dommages-intérêts. L’avocat se remet confortablement sur son banc et attend patiemment. La proc’ est en furie “C’est un odieux soupçon que tentent d’instiller les accusés. La police ne frappe pas sans raison.” Rires dans la salle. Le président : “Du calme.” Elle réclame 1500 euros d’amende, et deux ans de prison ferme.
L’avocate des deux jeunes plaide la clémence. “Il n’est pas possible d’établir la responsabilité de Brahim ou de Yacine. Les coups venaient de partout et la police n’a rien vu qui permette d’incriminer l’un ou l’autre.”
Yacine restera en prison en attendant le jugement de l’autre affaire. Brahim attend le jugement en liberté.
Jugement le 15 février.