Les experts en prévention de lutte contre le harcelement scolaire mettaient en garde contre la judiciairisation d'un mal sévissant depuis trop de temps, les associations luttant contre ce phénomène souhaitaient enfin que cela fasse partit des délits punissables . Et l'opinion publique,sans doute saturé d'entendre chaque année une cohorte macabre d'élèves mettant fin à leur jour parce que harcelés depuis trop de temps, elle a voulu un acte ferme du politique. Et le politique voulant s'attirer les faveurs de l'opinion afin que sa réélection soit assurée l'a fait.
Aussi paradoxal soit il, alors que je fut adepte a mon jeune âge d'une telle loi par ras le bol du dit harcelement scolaire, l'adulte que je suis aujourd'hui ne trouve pas que cette loi resolvera de quelconque façon que ce soit le problème.
D'abord tout connaisseur du droit pénal et du phénomène du harcelement vous dira ceci : sans preuves tangibles et conviction du procureur de la République de la culpabilité du ou des auteurs ( complices inclus) que le suicide d'un élève est du au harcelement, il n'y aura pas de condamnation et un classement sans suite.
Premier effet pervers: les familles procédurières et argentées auront tout loisir alors de transformer un tel drame en arène particulière.
Deuxième effet pervers: on sait bien le grand soin des auteurs de ce type d'infractions a ne jamais avouer leurs méfaits et comme cela regroupe des interactions complexes et du fait que la psychologie n'est pas une science exacte ni la compétence dominante d'un élève issue de l'école de magistrature de Bordeaux, on prendrai le risque de figer chaque protagoniste dans un conflit qui ne finirait jamais.
On accusera la magistrature de mal juger et de cautionner le ou les harceleurs, les victimes voudront alors faire justice.
Troisième conséquence: tentation de solutions plus autoritaires menant droit à l'autoritarisme.
Chaque cas est complexe et unique.
Mais où est passé le droit au discernement et a la nuance dans ce monde la?