Solidarité FreeAzat (avatar)

Solidarité FreeAzat

Le groupe «Solidarité FreeAzat» est une antenne de FreeAzat, groupe de soutien au prisonnier politique Azat Miftakhov. Pour nous contacter : libertepourazat[at]gmail.com

Abonné·e de Mediapart

29 Billets

0 Édition

Billet de blog 22 septembre 2025

Solidarité FreeAzat (avatar)

Solidarité FreeAzat

Le groupe «Solidarité FreeAzat» est une antenne de FreeAzat, groupe de soutien au prisonnier politique Azat Miftakhov. Pour nous contacter : libertepourazat[at]gmail.com

Abonné·e de Mediapart

Azat Miftakhov et Alexeï Gorinov déposent plainte à l'ONU contre les autorités russes

Les prisonniers politiques Azat Miftakhov et Alexeï Gorinov ont déposé une plainte contre les autorités russes auprès du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire. Tous deux ont été condamnés une deuxième fois sur la base d’accusations fabriquées d’« apologie du terrorisme ».

Solidarité FreeAzat (avatar)

Solidarité FreeAzat

Le groupe «Solidarité FreeAzat» est une antenne de FreeAzat, groupe de soutien au prisonnier politique Azat Miftakhov. Pour nous contacter : libertepourazat[at]gmail.com

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Centre de défense des droits humains « Memorial », Solidarité FreeAzat – 22 septembre 2025

Aujourd’hui, les deux prisonniers politiques – le mathématicien et anarchiste Azat Miftakhov et l’ancien député municipal Alexeï Gorinov – ont saisi le Groupe de travail de l’ONU d’une plainte pour persécution illégale et privation de liberté. Les avocat·es du Centre de défense des droits humains « Memorial » ont transmis le document à l’ONU en leur nom.

Miftakhov et Gorinov purgeaient déjà des peines motivées politiquement lorsque, sur la base de témoignages de codétenus, de nouvelles poursuites pénales pour « apologie du terrorisme » (article 205.2, paragraphe 1 du Code pénal russe) ont été fabriquées contre eux.

Les auteur·es de la plainte affirment que les autorités russes utilisent cet article pour persécuter les opposant·es politiques.

Points essentiels de la plainte de Miftakhov et Gorinov contre les autorités russes

  • Article 205.2 du Code pénal – un article « élastique »
    Cet article est rédigé de manière excessivement large et vague. Pour accuser une personne d’« apologie publique du terrorisme », il n’est pas nécessaire de prouver une intention spécifique. Les juges n’ont pas à établir de lien réel entre une déclaration et une menace concrète. Pour qu’une déclaration soit considérée comme « publique », il suffit qu’elle ait été entendue par plus d’une personne.
  • Violation du droit à un procès équitable
    Dans les deux affaires, les tribunaux ont fondé leurs verdicts sur des témoignages contradictoires et douteux d’autres prisonniers dépendants de l’administration pénitentiaire. La défense a été pratiquement privée de la possibilité de contester les expertises d’État ou de citer ses propres expert·es.
  • Dans l’affaire Gorinov – provocation et preuves irrecevables
    À l’hôpital pénitentiaire, Alexeï a été délibérément placé avec des détenus équipés d’enregistreurs qui le poussaient systématiquement à parler de la guerre en Ukraine. Le seul 1er janvier 2023, un de ces « codétenus » lui a posé 137 questions liées à la guerre. Les réponses du prisonnier politique ont servi de base à une nouvelle inculpation.
  • Discrimination politique
    La persécution d’Azat et d’Alexeï est directement liée à leur opposition au gouvernement russe et à leur position anti-guerre. Les tribunaux eux-mêmes ont mentionné les convictions politiques des accusés dans les verdicts, par exemple en soulignant que Gorinov « n’accepte pas la position officielle de l’État sur la Crimée ».
  • Punition pour la critique de l’État
    Les déclarations de Miftakhov et de Gorinov ne contenaient aucun appel à la violence et ne relèvent pas de la définition de « discours de haine ». En réalité, ils ont été punis pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et pour avoir formulé une critique politique.
  • Conditions de détention particulièrement dures
    La plainte souligne que les deux prisonniers politiques sont maintenus dans des conditions délibérément sévères et dégradantes.
    Avant son arrestation, Alexeï Gorinov avait souffert de tuberculose et subi l’ablation partielle d’un poumon. Après l’opération, il nécessite un suivi médical constant, mais en détention il se voit refuser les soins indispensables et sa santé se détériore. Depuis le 21 juillet 2025, Gorinov est détenu dans une cellule disciplinaire — une pièce sale de 8,5 m² avec un sol pourri, des murs humides, un lavabo rouillé et des toilettes rudimentaires.
    Peu après l’arrestation d’Azat Miftakhov, des agents de sécurité ont informé d’autres détenus de sa bisexualité. Il a ainsi été relégué dans la caste des « offensés » — le rang le plus bas de la hiérarchie carcérale informelle — le rendant vulnérable à des humiliations et violences constantes. De telles pratiques, précise la plainte, violent l’interdiction internationale de la torture et des traitements inhumains ou dégradants, reconnue par la Cour européenne des droits de l’homme.

Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire

La plainte sera examinée par le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, un mécanisme onusien chargé d’étudier les cas de privation de liberté arbitraire dans le monde entier. Les conclusions de ce Groupe peuvent constituer un fondement suffisant pour la révision d’une affaire pénale, comme l’ont reconnu la Cour suprême et la Cour constitutionnelle de la Fédération de Russie.

Persécution d’Azat Miftakhov

Le mathématicien et anarchiste Azat Miftakhov est privé de liberté depuis plus de six ans. Avant son arrestation, il était doctorant à l’Université d’État de Moscou.

Arrestation et torture en 2019 : Il a été arrêté, battu, torturé et menacé de viol avec une perceuse.

Condamnation en 2021 : Un tribunal l’a condamné à six ans de prison pour une vitre brisée au bureau du parti Russie unie. Le verdict reposait sur le témoignage d’un seul témoin secret qui affirmait avoir reconnu Azat à ses « sourcils expressifs » un an après l’incident. Dès le début, des organisations de défense des droits humains et des communautés mathématiques du monde entier se sont mobilisées en sa faveur.

Nouvelle affaire d’« apologie du terrorisme » (2023) : En regardant les informations, Azat aurait exprimé son approbation de l’acte de l’anarchiste Mikhaïl Jlobitski, auteur d’un attentat-suicide contre le FSB d’Arkhangelsk. Deux détenus ont rapporté cette conversation ; l’un a été libéré peu après et l’autre a ensuite signé un contrat avec l’armée et est mort dans la guerre en Ukraine.

Le 4 septembre 2023, jour prévu de sa libération, Miftakhov a été de nouveau arrêté après avoir passé moins de cinq minutes hors de la colonie pénitentiaire. En mars 2024, un tribunal l’a condamné à quatre années supplémentaires de prison.

Persécution d’Alexeï Gorinov

L’ancien député municipal Alexeï Gorinov est privé de liberté depuis 2022 pour sa critique de la guerre.

Condamnation de 2022 pour « discrédit de l’armée ». Il a été condamné à sept ans de prison simplement pour avoir déclaré que des enfants mouraient pendant la guerre en Ukraine. La cour d’appel a ensuite réduit la peine d’un mois.

Reconnaissance par l’ONU du caractère arbitraire de la détention. En février 2023, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a conclu que les poursuites pénales engagées contre Gorinov pour prétendues « fausses informations » sur l’armée, ainsi que sa détention ultérieure, étaient arbitraires. Le Groupe a estimé que l’affaire découlait de l’exercice légitime du droit à la liberté d’expression et qu’il avait été pris pour cible en raison de ses convictions politiques et de sa position anti-guerre. Les expert·es ont souligné que cette punition « inverse le sens du droit : au lieu de condamner les appels à la guerre, la Russie poursuit celles et ceux qui prônent la paix ».

Nouvelle affaire d’« apologie du terrorisme » (2024). À l’automne 2024, alors qu’il se trouvait à l’hôpital pénitentiaire, Gorinov a fait l’objet d’une nouvelle enquête. Des codétenus équipés d’appareils d’enregistrement ont été délibérément placés dans sa cellule
pour le pousser à discuter de la guerre. Gorinov a répondu qu’il s’opposait au conflit, a commenté les propos de ses interlocuteurs et a cité les normes du droit international. Ces déclarations ont servi de base à une nouvelle accusation d’« apologie du terrorisme ».

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.