❗️Azat est en danger (peut-être en ce moment même)
18 novembre 2024
Tout au long de son séjour à la prison de Dimitrovgrad, Azat n'a pas été en sécurité en raison de l'état mental de son compagnon de cellule. Cette situation pose deux problèmes majeurs. Le premier concerne la manière dont les malades mentaux sont détenus en prison. Le second concerne l'indulgence de l'administration pénitentiaire à l'égard des « notions truandes » et de la ségrégation des personnes en raison de leur « statut ».
[Note de Solidarité FreeAzat : pour mieux comprendre comment l'orientation sexuelle d'un prisonnier influence son « statut », c'est-à-dire la caste informelle qui lui est attribuée parmi les détenus, et ce que ça implique pour ses conditions de détention, nous vous invitons à lire les deux entretiens d'Antoine Perraud de Mediapart avec Elena Gorban, l'épouse d'Azat Miftakhov : La Russie « enferme suffisamment » pour que « la population vive dans la peur » et L’épouse du mathématicien russe Azat Miftakhov dénonce son calvaire carcéral.]
Auparavant, Azat a déclaré publiquement qu'en raison de la volonté du FSB de rendre son séjour en prison plus dur, on lui a assigné le « statut » inférieur de « offensé ». En dépit d’une lutte déclarée contre les « notions » informelles des détenus, dans les faits, le personnel de tous les établissements de l’administration pénitentiaire russe continue d'utiliser ce mécanisme d'intimidation et de subordination des prisonniers, et les répartit dans les cellules en fonction de leur « statut ». Dans la prison de Dimitrovgrad, parmi les nombreux détenus, il ne s’est trouvé qu'un seul compagnon de cellule pour Azat répondant à toutes les exigences à la fois de la loi officielle et des « notions » officieuses : un autre « offensé » soumis au même régime qu'Azat (les autres prisonniers ayant ce statut sont détenus sous « régime spécial »).
Toute la gravité des problèmes avec le nouveau voisin s’est révélée progressivement. Il convient de noter que le voisin avait précédemment subi un traitement psychiatrique en maison d’arrêt (ou plutôt, d’après ses dires, il a été piqué jusqu’à devenir un légume), mais après l’examen psychiatrique obligatoire dans le cadre d'une enquête criminelle, il s'est retrouvé dans une cellule de prison ordinaire, sans traitement, condamné à une peine de plus de 10 ans.
Il s'est d'abord avéré qu'il souffrait d'un syndrome semblable à celui de Tourette : sous l'effet de l’inquiétude, il prononce involontairement la phrase « les flics sont des en***és », plusieurs fois de suite. Ce qui, bien sûr, ne plaît pas à l’administration – mais le voisin ne peut rien y faire.
Il est ensuite apparu que, visiblement, le voisin souffrait en outre de schizophrénie et qu'il communiquait souvent à haute voix avec les voix dans sa tête. Il s’est retrouvé en prison lorsque, sous l'influence de l'alcool, les voix se sont intensifiées et l'ont convaincu d'incendier un bâtiment du FSB pour lutter contre la guerre. Cependant, le voisin n'a pas lutté longtemps contre le régime, il a rapidement avoué ses torts et s'est repenti. Aujourd'hui, il soutient pleinement Poutine et « les objectifs de l’opération militaire spéciale en Ukraine ». Et dans ses conversations avec Azat, le voisin réagit à tous les désaccords avec lui avec une émotion excessive et ne peut pas se calmer.
Finalement, mercredi dernier, lors d'une rencontre avec son avocate, Azat a décidé de rédiger une demande de séparation pour lui et son voisin, en précisant qu'il craignait pour sa vie (par exemple, on ne peut exclure que son voisin utilisera une lame de rasoir, disponible dans les cellules). En prison, les demandes ne sont pas traitées du jour au lendemain, et rien n'a changé à l’arrivée du week-end. Mais ces derniers jours, la situation s'est considérablement aggravée.
❗️Comme il ressort de la lettre écrite par Azat hier, l'état de santé du voisin et les relations avec lui se sont rapidement détériorés. Il s'est avéré que, de l'avis du voisin, les voix dans sa tête sont des technologies des agents du FSB, et c'est ainsi qu'ils entrent en contact et communiquent avec lui. Le pauvre homme est bien sûr à plaindre. Mais avant tout, il est alarmant que ces « agents du FSB » aient informé le voisin (qui en a fait part à Azat) au milieu de la nuit que, pour ses opinions déloyales, il fallait « faire fermer sa gueule » et « foutre des mandales » à Azat. Après cela, Azat a obtenu d’être transféré d'urgence dans une autre cellule pour la nuit.
Mais son « statut » n'a fait qu'aggraver le problème. Non seulement Azat doit convaincre toute l’administration de l’existence du problème, mais en plus celle-ci n'a nulle part où le placer. Il n'y a personne d'autre avec qui mettre Azat que ce pauvre malade, il n'y a pas de cellules disponibles, et le placement avec des personnes d’un autre « statut » n'a même pas été envisagé. 🤬En fin de compte, la nuit suivante, il a dû retourner dans la même cellule ! Avec l'intention de rester éveillé et de surveiller son voisin, et avec l'espoir qu'après le week-end, il serait temporairement déplacé en cellule d’isolement sur une base générale, comme promis par le personnel.
L'administration pénitentiaire a déjà reçu une déclaration d'Azat, un appel de son avocat et des appels de sa famille alarmée. Nous espérons que la situation relative à l'éloignement du voisin (et, de préférence, il faut espérer qu’à l’avenir, le voisin partira en traitement) sera résolue aujourd'hui même. Mais la question demeure de savoir pourquoi Azat devra rester à l'isolement pour le reste de son séjour en prison jusqu'à ce qu'un autre prisonnier ayant le même statut soit disponible.

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Azat n'a pas été éloigné de son dangereux voisin, mais a été placé dans une cellule punitive pendant 7 jours😡
20 novembre 2024
Dans une nouvelle lettre, Azat indique que lundi soir, il n'avait plus aucun espoir de déménager. Il a fini par « , ce qui lui a valu d'être immédiatement éloigné de son voisin, mais il a fini par recevoir une cellule punitive pour 7 jours.
Il est évident que les actions de l'administration sont scandaleuses et que, quelle que soit la raison pour laquelle Azat a été pénalisé, il a été provoqué par la négligence et l'indifférence du personnel à l'égard d'une situation potentiellement dangereuse.
Nous n'avons pas encore plus de détails sur ce qui s'est passé. Nous ne savons pas non plus s'il est prévu qu'Azat retourne chez son voisin une fois cette semaine écoulée.