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Portfolio 22 janvier 2024

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Syrie, le long chemin de l’eau. Transporter l’eau dans un pays en crise est un défi

En Syrie, douze années de conflit couplées aux effets du changement climatique ont fait de l’accès à l’eau un besoin critique pour la population, sa production agricole, son alimentation et sa santé. Depuis 2017, l’ONG SOLIDARITÉS INTERNATIONAL achemine l'eau pour faire face à l’urgence, mais développe également des projets et infrastructures capables d'aider la population sur le long terme.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

  1. Illustration 1
    © Juliette Pedram / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

    Un changement radical s’est produit car la terre, qui était auparavant cultivée par la pluie, s’est transformée en terre irriguée. Les agriculteurs sont retournés sur leurs champs.” explique Taha, un agriculteur syrien. C’est la conséquence de la réhabilitation de ce canal très endommagé au nord de Raqqa, ainsi que des stations de pompage. 39 000 km de canaux ont été nettoyés et drainés par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL afin d’augmenter la capacité d’adduction d’eau. Le réseau des canaux d’irrigation est un sujet constant de préoccupation dans la région. Les infrastructures étant très dégradées, elles ont entrainé la perte d’énormes quantités d’eau au point de baisser les rendements agricoles.  

    Nord de Raqqa , août 2023.

  2. Illustration 2
    © Juliette Pedram / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

    L’Euphrate, long de 2780 kilomètres, constitue un enjeu géopolitique majeur dans cette région aride. En Syrie, ce fleuve alimente des barrages hydroélectriques qui sont la principale source d'électricité de 3 millions de personnes. Il fournit également de l'eau potable à plus de 5 millions de Syriens et Syriennes.   

    Mais en 2022 et 2023, à son arrivée au barrage syrien de Tabqa, le niveau du fleuve était devenu trop bas pour permettre aux pompes de fonctionner. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a donc foré un puits plus profond et installé deux nouvelles pompes ainsi qu’une station électrique. Plus de 5 000 personnes qui dépendaient jusque-là de l’achat d’eau livrée par camion ont depuis retrouvé un accès à l’eau régulier. 

    Sous-district de Journeyah, août 2023.

  3. Illustration 3
    © Juliette Pedram / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

    Le Nord-Est syrien a été particulièrement affecté par les conflits. Les infrastructures ont été détruites et pillées. Des dommages considérables ont été relevés sur les stations d’eau, les pompes, les pipelines et les réseaux électriques dans les centrales hydrauliques. Depuis la réhabilitation de cette station détruite pendant le conflit, de nombreux camions viennent y remplir leur citerne pour approvisionner les villages alentours qui dépendaient jusque-là de sources d’eau très éloignées ou peu sûres. La concurrence pour des ressources rares est telle qu’elle est susceptible d’aggraver les tensions communautaires.   

    Hubidia, mai 2023.

  4. Illustration 4
    © Juliette Pedram / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

    2023 fut la deuxième pire sécheresse jamais enregistrée dans l’ensemble du bassin de l’Euphrate et du Tigre. La probabilité qu’une telle sécheresse se produise a augmenté d’un facteur 25 par rapport à un monde plus froid de 1,2°C selon le Rapport du World Weather Attribution de 2023. Elle est donc en partie due au réchauffement climatique. Sa gravité est telle qu’elle a fait chuter drastiquement la production agricole, augmentant d’autant les prix des denrées. Ces trois dernières années, le prix du panier alimentaire de base a été multiplié par huit. 

    Markada, septembre 2023. 

  5. Illustration 5
    © Juliette Pedram / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

    En raison du faible niveau de l'Euphrate, un système de rotation a été mis en place. Les agriculteurs de la région ne reçoivent de l’eau que tous les trois jours. "Ça n’est pas suffisant pour qu’elle nous atteigne. Mon champ n’a pas reçu d’eau depuis un mois. La récolte est fichue.” explique, amer, cet agriculteur de l'Est de Raqqa. Ses terres se situent à l’extrémité de la ligne d’irrigation. Sur les 25 stations de pompages, 16 moteurs sont encore hors service. La quantité d’eau disponible reste donc largement insuffisante.

    Est de Raqqa, août 2023. 

  6. Illustration 6
    © Juliette Pedram / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

    « Le village n'a ni jardin ni arbre. L'agriculture est mauvaise. Les maladies se propagent beaucoup parmi les enfants. Nous ne nous douchons qu'une fois par semaine et nous ne lavons pas les casseroles à cause du manque d'eau. » témoigne Fawaz, dans un village au nord de Al-Hasakeh. 

     La Syrie se classe parmi les six pays les plus touchés par l'insécurité alimentaire dans le monde selon le Programme alimentaire mondial.

    Tal Hamis, août 2023.

  7. Illustration 7
    © Juliette Pedram / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

    «Nous avons un bébé qui ne grandit pas. Nous l'avons emmené au centre médical, ils l'ont pesé et ont dit qu'il présentait des symptômes de malnutrition. » témoignent Mahmoud et sa femme. La consommation d’eau non traitée augmente les risques de maladies hydriques comme les diarrhées, desquelles résulte une mauvaise absorption des nutriments.Lorsqu’elle n’est pas traitée dans les deux premières années de vie de l’enfant, la malnutrition entraine un retard irréversible sur son développement cognitif et physique. En mars 2023, l’UNICEF estimait à plus de 600 000 le nombre d’enfants syriens de moins de 5 ans souffrant de retard de croissance dus à une malnutrition chronique.

    Gouvernorat de Raqqa, novembre 2023.

  8. Illustration 8
    © Juliette Pedram / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

    Dans la région de Al Hasakeh, au Nord-Est de la Syrie, l’eau est transportée par camion depuis les 60 points de remplissage. L’année dernière encore, un camion pouvait être rempli en 30 minutes. Les chauffeurs pouvaient ainsi accomplir quatre trajets par jour vers les villages. Mais en 2023, la quantité d’eau disponible a baissé et le nombre de camions a augmenté. Le temps de remplissage est donc passé à deux heures, et les chauffeurs ne réalisent plus qu’un ou deux voyages par jour.

    Al Hasakeh, août 2023. 

  9. Illustration 9
    © Juliette Pedram / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

    En 2014, les attaques de Daesh avaient détruit le château d’eau de Tell Azan. Près de dix ans plus tard, en 2023, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL et ses partenaires syriens ont installé sept pompes ainsi qu’un nouveau réservoir adapté à la chloration de l’eau. Ce projet a eu un impact majeur sur l’accès à l’eau de 27 000 familles ainsi que sur la capacité de la région à irriguer ses plantations et à produire sa nourriture. 

    Tell Hazan, juin 2023.    

  10. Illustration 10
    © Juliette Pedram / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

    Si la crise de l’eau impacte l’ensemble de la région, elle touche de manière exacerbée les populations les plus vulnérables, parmi lesquelles les personnes déplacées vivant dans des sites informels. Autour de Raqqa, 100 000 personnes déplacées vivent dans ces sites. À la différence des camps, les sites informels ne sont pas gérés par les autorités locales. Les besoins humanitaires y sont immenses, et très peu couverts. Dans ce site, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL livre chaque jour de l’eau, préalablement chlorée, à l’ensemble du camp, sans quoi les personnes dépendraient d’une eau impropre à la consommation et courraient un risque important de développer des maladies hydriques. 

    Près de Raqqa, mai 2023.

  11. Illustration 11
    © Juliette Pedram / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

    La sévérité de la crise exige non seulement une réponse d’urgence, mais aussi de préparer l’avenir. C’est pourquoi SOLIDARITÉS INTERNATIONAL soutient activement la mise en place de jardins potagers à domicile ainsi que la production locale de céréales.  Pour Mahmoud, cette action a été un soulagement : «Nous avons planté des tomates, des aubergines, nous les avons mangées et en avons conservé pour l’hiver. En économisant sur les coûts liés aux légumes, nous pouvons acheter d’autres produits comme l’huile et le sucre. Ou si nous avons un malade dans la famille, nous pouvons le soigner. »  

    Tal Hamis, août 2023.

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