Ah, « le système », quel outil pratique pour expliquer des choses inadmissibles mais aussi pour renoncer à changer quoi que ce soit.
Comme beaucoup de français, je me suis retrouvé à découvert à ma banque. Pas de grand-chose mais suffisamment pour que je dépasse le plafond qui m’a été « royalement » octroyé par la banque chez laquelle je domicilie mon compte depuis trente ans. Je dis « royalement » car bien entendu des agios me seront prélevés.
Mais en même temps cela m’a révolté. Je suis allé faire des courses vendredi soir (oui, ma vie est passionnante !) et là, je sors ma carte bleue, je l’introduis dans l’appareil à sous, je compose mon code (non, je ne le vous donnerai pas !), la machine affiche « code bon » mais, bing, paiement refusé…
Bon, je ne suis pas du genre à me démonter, et explique à la caissière et devant les clients que je suis à découvert…
En fait, pour vous l’avouer, ce n’est pas cela qui m’a gêné. Ce qui m’a gêné c’est de penser que cela arrive très vraisemblablement très souvent mais que cela peut arriver à des gens qui ont un bébé en bas âge par exemple. Vendredi soir, on achète des couches, des petits pots et là, bing, paiement refusé… Que fait-on ?...
Logiquement, lorsque cela arrive, l’on se doit de téléphoner à son banquier et se coucher devant lui, quémander. Il nous fait alors la leçon et sous ses petits doigts agiles (ou pas) il peut (ou pas) débloquer votre carte. Inversement, lorsque l’on apporte un chèque d’un montant important, c’est le grand sourire et le tapis rouge avec appels téléphoniques afin que l’on vous conseille pour des placements intéressants…
J’ai donc logiquement appelé mon banquier. Mais j’ai décidé d’inverser ce que le système réclame. En plus, cette banque charmante, j’y suis depuis trente ans. C’est elle qui fut sauvée par l’Etat français dans les années 1990 de la faillite. Cela a coûté, selon des sources concordantes 64 euros à chaque français. J’ai donc téléphoné, et là j’ai pu dire ce que je pensais de ces méthodes et de cette banque. Couper sans prévenir, sans se soucier des conséquences que cela aurait pu avoir.
Le banquier m’a expliqué que c’était « le système » qui était ainsi. Le voilà donc le fameux « système » dans lequel personne n’est responsable de rien. Mais ce système n’est que la somme des individus qui le composent. Ce banquier ne se soucie pas, malgré ce qu’il m’a avancé, des clients qui ne sont pas intéressants pour la banque. Ce système, c’est lui. S’il s’occupait des clients en difficulté au lieu de courir après ceux qui ont la possibilité de lui apporter de l’argent, le « système » n’aurait pas agi ainsi.
Le système c’est nous tous, c’est la somme de nos actions. Alors arrêtons de tout lui mettre sur le dos et apportons-y chacun notre pierre.
C’est le message que je vous envoie à toutes et à tous dont les politiques qui, au nom de ce système, confortent de plus en plus les peuples dans la misère. Le système c’est eux, c’est vous, c’est moi. Alors arrêtons de lui faire porter tous nos manquements, nos manques de courage, nos maladresses et pire notre égoïsme.