J'écris dans l'ombre. Pour noircir mes nuits blanches,
J'écris de peur que ma mémoire ne flanche,
Pour réveiller les souvenirs amers
D'une âme qu'on a condamné aux galères.
(...)
J'écris pour tenter d'ouvrir une fenêtre,
Humer l'air du pays qui m'a vu naître,
J'écris pour ne plus vivre dans ce maquis
Où tu m'as jeté toi qui m'a nourri.
J'écris car je sens mes yeux qui se cernent,
Fatigué de voir dans les vôtres la haine,
Je vois des miradors d'indifférence
Et ces mots s'étouffer dans le silence
J'écris caché. Dans le noir de l'abîme.
J'allume des mots pour me voir anonyme,
Cherchant désespérant la lumière
Mais mes demains ne regardent qu'hier.
(...)
J'écris ces mots que je jette à la mer
Mais ils échouent sur des rivages déserts.
J'écris rêvant. De ne plus jamais être
Un étranger dans mon pays. Peut-être...
Premier texte lu le 11 juin 1995 par Richard BOHRINGER dans feu son émission radiophonique "C'est beau une ville la nuit" (EUROPE 2)