Sophie Dufau (avatar)

Sophie Dufau

Journaliste

Journaliste à Mediapart

66 Billets

35 Éditions

Billet de blog 5 mars 2009

Sophie Dufau (avatar)

Sophie Dufau

Journaliste

Journaliste à Mediapart

Un malaise, pas seulement dans le hall de «Libération»

Ceci est un billet de blog et non un article du journal Mediapart. Parce que je ne suis pas allée enquêter sur l'affaire Florence Cousin, parce qu'il ne suffit pas d'avoir vu pour comprendre. Donc je ne parlerai que de ce que j'ai lu, comme le font la plupart des commentaires du Club Mediapart. Certes, on pourra dire que j'en sais un peu plus, ayant travaillé plus de quinze ans à Libération,

Sophie Dufau (avatar)

Sophie Dufau

Journaliste

Journaliste à Mediapart

Ceci est un billet de blog et non un article du journal Mediapart. Parce que je ne suis pas allée enquêter sur l'affaire Florence Cousin, parce qu'il ne suffit pas d'avoir vu pour comprendre. Donc je ne parlerai que de ce que j'ai lu, comme le font la plupart des commentaires du Club Mediapart. Certes, on pourra dire que j'en sais un peu plus, ayant travaillé plus de quinze ans à Libération, journal que j'ai quitté en 2002, sans aucune acrimonie, avec en poche le chèque d'un guichet départ (dont chacun peut lire, à l'aune de cette histoire, qu'il fut bien plus conséquent en raison des conventions collectives de la presse que celui que peuvent recevoir les licenciés de Molex ou LU, on ne s'en plaindra pas).


Aujourd'hui ce journal abrite en son sein une salariée qui refuse son licenciement. L'affaire, certes triste, relèverait traditionnellement du droit du travail, s'il n'y avait la grève de la faim de cette mère de famille. Son licenciement est-il abusif ou pas? Les indemnités proposées sont-elles acceptables ou pas? Là n'est plus la question. Il y a une gréviste de la faim face à un patron "qui pète les plombs". Donc un rapport de force avec de l'émotion à tous les étages.


Toute tragédie s'inscrit dans une histoire. Celle de Libération n'est pas exempte de gloires et de bassesses. Reste dans cette affaire un malaise, qu'aucun des bloggeurs de Mediapart n'a franchement nommé, et que je me refuserai aussi de désigner car le nom vaut déjà reconnaissance: le bras armé du comité de soutien de Florence Cousin qui n'hésite pas à appeler à la formation d'un «Front national de libération de la presse». Qui se fait le spécialiste de la recherche de toutes les filiations et origines, de la traque de tous les noms de famille les accompagnant parfois de «sioniste». Qui couvre d'insultes certaines «femelles» du journal. Qui qualifie Laurent Joffrin d'«assassin». Abjecte. Immonde.


Et qui aujourd'hui, forts de ces propos qui dépassent largement le droit du travail, conduit Florence Cousin dans une impasse qui, au mieux, la conduira vers un licenciement bien moins honorable (le premier motif de licenciement était pour faute si j'ai bien lu... Les indemnités de départ et les engagements de formation tiendront-elles alors longtemps si l'affaire devait se conclure devant les prud'hommes?), au pire dans une victimisation irréparable pour sa santé.


On peut supposer dès lors, que ce n'est pas simplement par «conformisme et peur du chômage» que certains restent prudents dans leur soutien.


Certes, un directeur de journal, un "patron", se doit, tel le capitaine du Titanic, de ne jamais «péter les plombs». Il est de son devoir de tenir l'entreprise quelles que soient ses angoisses et ses haines. Surtout devant des caméras.
Mais reste aussi, comme le dit Cixi "responsable RH", dans le club de Mediapart que «la médiatisation du combat [de Florence Cousin] et les moyens extrêmes qu'elle met en oeuvre [risque de] la griller auprès de toutes les entreprises de son secteur.» Cette médiatisation là n'est donc pas à son avantage. Alors à qui profite le crime qui se profile ?