Une campagne si paisible dans le village de Mussolini
- 10 sept. 2020
- Par Sophie Dufau
- Blog : Sophie Dufau
Ce documentaire de 58 minutes – visible en intégralité dès samedi soir – a reçu l’aide de Tënk (la plateforme du documentaire d’auteur) et de Mediapart pour pouvoir être terminer.
Après Imagine demain on gagne, d'Arthur Thouvenin et François Langlais et Bachar à la ZAD, de Pierre Boulanger (diffusés sur Mediapart respectivement le 27 juin et le 18 juillet 2020), c’est le troisième film que nous soutenons ensemble et qui est maintenant diffusable. Le quatrième et dernier de cette saison 2019-2020, Miss Holocauste le sera d'ici la fin de l'année.
En août 2019, nous avons en effet décidé d’élargir notre collaboration pour aider davantage ces films dits de création qui, souvent, ont du mal à trouver des financements et des canaux de diffusion.
« Ce soutien a été crucial, raconte un des deux réalisateurs, Cyril Bérard, car à l’origine ce film est un pari. Nous sommes partis un mois en Italie sur nos fonds propres, puis nous avons commencé le montage pendant nos vacances. Ce soutien (à la fois financier et technique, ndlr) nous a permis d’assurer dans de bonnes conditions le mixage et l’étalonnage, ultimes étapes de fabrication d’un film, mais étapes indispensables pour qu’il soit visible correctement en salles, en festival, ou sur tout écran. Et puis surtout, l’assurance d’avoir un diffuseur (en l’occurence Tënk et Mediapart, ndlr) a déclenché automatiquement les aides du Centre national du cinéma, de la Procirep… Maintenant, avec la société de production La Clairière Ouest, on travaille la diffusion en festival, notamment en Italie où toute la scène du documentaire est très féconde.»

Une fois sur place, « ce qui a été compliqué, mais c’est aussi tout l’intérêt du film, c’est que les deux candidats étaient des amateurs en politique », poursuit Cyril Bérard. Dans ce village écrasé par le symbole de Mussolini, personne ne veut faire de vague, personne n’a de proposition forte. Les slogans des candidats sont pauvres et leurs meetings mous. « Ils sont pris en tenaille entre l’histoire nationale et des citoyens qui, comme dans toutes communes rurales, veulent simplement plus de bus et moins de nids de poules. »

Tout ça ronronne jusqu’au 26 mai 2019. Ce jour-là, la gauche, qui depuis 74 ans gérait la commune, comprend qu'elle a ouvert un boulevard à ceux qui vont tranquillement revenir dans ses rues, n'hésitant pas à faire le salut fasciste devant le mausolée de Mussolini.
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Grano Amaro, de Cyril Bérard et Samuel Picas, en ligne samedi sur Mediapart.
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