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Billet de blog 19 octobre 2021

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Tënk et Mediapart soutiennent à nouveau quatre documentaires

La pollution du fleuve Rio Doce au Brésil, des conversations entre détenus et surveillants de prison, la vie abimée d'une rivière et les souvenirs d'anciens pensionnaires d'un centre de redressement en Savoie, sont les thématiques abordées par les films sélectionnés.

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Pour la troisième année consécutive, la plateforme du documentaire d’auteur Tënk et Mediapart ont décidé de soutenir ensemble des films dits « de création », documentaires fragiles, portés parfois durant des années par un réalisateur ou une réalisatrice opiniâtre, souvent déjà tournés mais ayant du mal à boucler leurs budgets pour être achevés et trouver peut-être leur public.

Concrètement, Tënk et Mediapart, par un apport en numéraire et en industrie, permettent à la post-production (montage son, étalonnage, mixage…) de se faire dans de bonnes conditions. De surcroit, en s’engageant à diffuser ces films une fois achevés, notre soutien peut permettre de déclencher des aides institutionnelles nationales ou régionales.

Pour l’année 2021-2022, le jury composé de Jérémie Jorrand et Alizée Mandereau pour Tënk et Sophie Dufau pour Mediapart s’est réuni mercredi 13 octobre 2021. 85 dossiers avaient été adressés à Tënk, nous en avons retenu quatre, qui devraient être prêts à être diffuser entre juillet 2022 et le premier trimestre 2023.

  • Les oubliés de la belle étoile. Réalisation : Clémence Davigo. Production : Alter Ego
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Document de reperage du film « les Oubliés de la Belle Etoile »

Des années 1950 aux années 1970, l’abbé Garin dirigea en Savoie un centre de redressement nommé La Belle Étoile. « Dans cette prison qui ne disait pas son nom, écrit la réalisatrice, ce sont plus de 500 petits garçons âgés de 5 à 16 ans qui ont vécu chaque année. Orphelins, pupilles de la nation, enfants de la DASS, beaucoup ont connu là les pires heures de leur jeune existence. » Autour des récits de Dédé, Andrea, Michel, Daniel, Roland et Mario, réunis pour les besoins du tournage à quelques kilomètres de la Belle Étoile, se dessinera « le portrait d’un lieu et d’une époque où l’enfant devait être plié et redressé (...) Si tous ces hommes ont en commun des souvenirs forcément douloureux, le film leur donnera aussi l’occasion d’exprimer au présent ce qui les relie : la ferme envie de célébrer la joie d’avoir survécu, malgré tout. » 

  • Conversations. Réalisation: Bertrand Meunier. Production : Tryptique
Illustration 2
Photo de reperage du film « Conversations »

Deux personnes assises sur des chaises, face à face. L’une est détenue, l’autre est un surveillant ou une surveillante de prison. La conversation peut aborder tous les sujets à condition qu’aucune insulte ou menace ne soit proférée. La détention, le sens qu’on lui donne, le parcours qui a amené chacun ici, ce qui pourrait améliorer les conditions de vie ou de travail… « à les voir ainsi converser, écrit le réalisateur, l’on croirait presque assister à des discussions entre collègues, ou à des réunions syndicales. Deux mondes s’affrontent ici qui, pour cohabiter chaque jour, devraient bien se connaître, et n’ont pourtant jamais eu l’occasion de se rencontrer vraiment. » 

  • Mon fleuve, Rio Doce. Réalisation : Claudia Neubern. Production : Les Films de l’œil sauvage
Illustration 3
Photo de reperage du film « mon Fleuve, Rio Doce »

Retour sur une catastrophe écologique quasiment oubliée. Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, « le 5 novembre 2015, dans l’État du Minas Gerais au Brésil, précise la réalisatrice, un barrage minier de rétention de déchets toxiques s'est rompu. Quarante millions de mètres-cube de boue vénéneuse se sont déversés dans le fleuve Rio Doce, cinquième bassin versant du pays. Parcourant 650 km jusqu’à l’océan Atlantique, cette vague immonde a détruit et contaminé toute forme de vie. » Quelque 500 000 riverains du fleuve Rio Doce a été ont vu leur monde bouleversé. Claudia Neubern se propose d’aller à la rencontre de celles et ceux qui ont tout perdu, qui aujourd’hui peuvent être encore logés dans des installations temporaires mais qui tentent malgré tout de reconstruire et d’envisager un avenir. 

  • Méandres ou la rivière inventée. Réalisation : Marie Lusson et Emilien de Bortoli. Production : PY Productions.
Illustration 4
Photo de reperage du film « Méandres ou la rivière inventée »

« Au milieu de l’été, est-il précisé dans la note d’intention, une bande d’amis décide de descendre une rivière dans un radeau de fortune. Les obstacles physiques et vivants qu’ils rencontrent témoignent des transformations comme des altérations des cours d’eau par l’Homme. » Comment redonner aux rivières un état naturel ? Et le peut-on ? Le documentaire sera un dialogue entre des points de vue scientifiques et personnels, entre des savoirs techniques et usuels, d’où émergera « une réflexion partagée sur l’acte de réparer une rivière ».

Soutenir ces films, dont certains sont en tout début de tournage donc n'ont pu nous proposer très peu d'images mais des notes d'intention et de réalisation convaincantes, c'est aussi parier sur la diversité des regards qui vont nous raconter le monde.