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Billet de blog 15 novembre 2015

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Divagations d'une fleur bleue contondante

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un dimanche idéal pour démarrer un blog.

Deux journées qui devaient être chargées d'activités stimulantes se sont vidées comme sous l'effet d'un puissant aspirateur.

Cet aspirateur a pour nom Violence fanatisée.

Je voudrais donner la parole à un auteur mort depuis longtemps : Panaït Istrati (1884-1935), Roumain et citoyen ou plutôt vagabond du monde entier, écrivain d'expression française.

Et voici ce qu'il fait dire à sa magnifique héroïne Floarea Codrilor, capitaine de haïdoucs (bandits sociaux à la roumaine) :

"À qui la faute si le monde est tel qu'il est ? Ses tyrans ne sont pas descendus de la lune pour terroriser, mais ils ont bel et bien surgi de la famille humaine. On est esclave ou esclavagiste, voilà les deux aspects de la chose pour la plupart des hommes. Le milieu entre ces deux atroces extrémités de la vie, l'homme juste, est aussi rare que le diamant parmi les cailloux.

[...] Il n'y a presque point de misérable qui ne tyrannise un plus misérable, ne serait-ce que sa femme, son âne ou son chien.

[...] Partager le monde en ceux d'en haut et en ceux d'en bas, n'attribuer aux premiers rien que des défauts, aux seconds rien que des qualités, et vouloir détruire les uns, pour livrer la terre aux autres, ce serait ne rien changer à la vie d'aujourd'hui, parce qu'il est rare de trouver des étranglés qui n'aient jamais voulu être des étrangleurs. Néanmoins, les grands criminels restent, sans conteste, les hommes qui gouvernent le monde et qui manquent à leur unique devoir : celui d'obliger ce monde à la justice, en étant d'abord justes eux-mêmes.

Ce sont ces criminels-là que le haïdouc doit pourchasser, car, si l'homme n'est pas fautif d'être méchant et vorace tant qu'il est un assujetti, sa faute tourne en crime d'État, le jour où il prend le gouvernail d'un peuple pour mieux l'écraser.

[...] guerre sans merci à tout homme qui reste indifférent devant la douleur universelle, et plus particulièrement à celui qui, en mesure d'exercer la justice, ne le fait pas.

Cet homme indifférent, il faut le traquer là où il se trouve, et le considérer comme notre ennemi alors même qu'il serait notre propre frère, car c'est surtout à l'indifférence, aux indifférents, que les tyrans doivent de se maintenir."

Ces lignes publiées pour la première fois en 1926 ne sont-elles pas toujours d'actualité ?

Je préfère aujourd'hui laisser la parole à une Roumaine de fiction, une rebelle exemplaire, que d'ajouter mes bavardages aux millions de messages pertinents ou pas dont bruit notre ciel électronique.

Hasta la vista, je reviendrai.

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