Dans ce magma d’egos et de destins politiques gâchés par la vanité, où donc est passé l’intérêt de l’électeur lambda qui va voir s’affronter son poulain avec celui du voisin pendant 5 longues années encore ? Quelles décisions ne prendront-ils pas encore pour l’hôpital, l’école, le climat, le pouvoir d’achat, les vieux dans les Ehpad… ?
Ce soir, ma maman, celle qui m’a si longtemps tenu la main, celle qui m’a écoutée lors de mes gros et petits chagrins, celle chez qui j’allais il n’y a pas si longtemps encore mettre les pieds sous la table en faisant semblant de culpabiliser, celle-ci donc est devenue le petit enfant que j’étais. Vulnérable, sans forces, attendant tout de moi et des adultes qui l’entourent, disons le mot : dépendante.
Ce soir, j’ai essayé de la porter pour la mettre sur son fauteuil, je n’ai pas pu. C’est un métier, difficile et mal payé qui nécessite des gestes maîtrisés. Malgré mon infinie douceur je n’ai pas pu lui porter secours, je lui ai même fait mal…Ce soir maman je t’ai massée en te mettant au lit avec l’aide de ton mari qui tente de garder le moral et de faire de l’humour, je t’ai caressée, je t’ai embrassée alors que déjà tu avais sombré dans un sommeil qui ne suffit plus à te réparer. Mais qu’en serait-il de toi si tu étais en Ehpad ? Qui s’occuperait de changer ta couche, tes draps, tes vêtements que tu n’as plus la force de quitter dans la bienveillance ? Qui t’apporterait l’amour dont tu as toujours besoin pour rester digne ? Car la vieillesse et l’abandon qui l’accompagne parfois dans ces mouroirs est indigne ! Qui souhaiterait parmi vous messieurs les nouveaux députés voir sa mère ou son père finir les fesses brûlées par ses selles et son urine ? Qui supporterait le spectacle d’un parent aimé qui meurt seul et sans soins, sans une main pour l’accompagner dans l’après ?
Quelle est donc cette société qui maltraite ses vieux mais aussi ses enfants ? A l’école, ce n’est guère mieux. Je le sais : je suis maitresse d’école. Pour les enfants, le mal n’est pas visible de suite : il se révèlera plus tard dans les inégalités sans cesse croissantes et dans la violence d’individus qui se révoltent comme ils peuvent dans une société qui les regarde se débattre et se noyer dans une vie sans espoir.
Maman, malgré tout le mal que j’ai eu ces derniers mois à te voir si diminuée, je m’accroche à l’idée que tu as beaucoup d’amour autour de toi et que si ça ne sauve pas une vie, cela contribue à t’accompagner doucement vers cet ailleurs où tu ne souffriras plus de rien. Tous les vieux n’ont pas cette chance d’être entourés, respectés, pleurés… J’aimerais que ça dure toute la petite vie qu’il te reste. Je t’aime, très fort. Tu es UNE maman, tu es LA maman, celle qu’on aime et à qui on doit tant. Demain, on parlera encore de ta mère et de tes collègues de travail, de chats et de bébés qui rient, un peu de tes douleurs…Reste encore près de moi, chez toi, c’est ici que tout devrait finir. Dors, on s’occupe de tout. A vous de prendre le relais, messieurs les députés : votez donc des lois qui tiennent la main de ceux qui en ont besoin….