Lettre à Monsieur le Ministre de l’Intérieur
Monsieur le Ministre,
Décidément, le changement annoncé en 2012 prend des formes de plus en plus inattendues.
Vos récents propos sur les populations « Roms » me plongent dans un abîme de désespoir. Ainsi, à vous entendre l’intégration de ces populations est un leurre et la seule solution est de détruire leurs camps et de les reconduire à la frontière.
Certes, je n’ignore pas les problèmes que leur présence peut poser aux habitants voisins de leurs camps, et je comprends l’exaspération, les tensions qui peuvent se produire. Certes, il s’agit d’un problème dont la solution est à rechercher à Bruxelles. L’Europe est bien commode quand il s’agit de se débarrasser d’un problème que l’on ne peut résoudre.
Les difficultés sont grandes, nul ne le conteste.
Détruire un campement ne règle rien au fond et vous le savez. Une telle opération ne fait que déplacer le problème.
Pour autant, ces populations, dont l’intégration selon vous est impossible, sont composées d’êtres humains. Des êtres humains différents, dites-vous, des êtres humains qui ne vivent pas comme nous. Sans doute et alors ? Faut-il les rejeter au motif qu’ils sont différents ?
Souvenez-vous, Monsieur le Ministre, au XXè siècle, la France a accueilli bien des populations, différentes, venues d’Afrique, d’Europe, d’Asie.
Souvenez-vous, Monsieur le Ministre, La France a accueilli des Italiens, des Espagnols, comme vos parents et vous-même ; des hommes, des femmes, des enfants qui fuyaient la misère et souvent des régimes qui les privaient de liberté. Ils ne maîtrisaient pas notre langue; pour tout bagage, ils n’avaient que leur foi en la France, terre des Libertés. J’entends déjà votre réaction, mais ceux-là étaient comme nous. Peut-être ? Mais à ces hommes, à ces femmes, comme nous, on trouvait alors normal de confier les tâches les plus dures, les plus pénibles, souvent pour des salaires de misère.
La France a aussi accueilli, en grand nombre, des Africains du Maghreb et d’Afrique Noire. Pour beaucoup de Français, ils étaient différents, ne vivaient pas comme nous, leurs cultures, leurs traditions étaient différentes. Et alors ? Personne n’a proposé de les reconduire à la frontière. Personne ne s’est inquiété de leurs différences quand ils sont venus par milliers en 1914 et en 1944 défendre nos frontières et libérer la France.
Monsieur le Ministre,
Je vous suggère de vous rendre en Alsace, au cimetière militaire de Sigolsheïm. Des milliers de tombes musulmanes témoignent du sacrifice de soldats qui étaient DIFFERENTS !
Plus tard, la France est allée chercher des Africains du Maghreb et d’Afrique Noire. Ils ont travaillé dans nos usines, leurs enfants ont fréquenté nos écoles de la République, nos universités, nos grandes écoles pour les meilleurs d’entre eux. Ils nous ont apporté la richesse de leurs différences. Des différences, Monsieur le Ministre, qui font la France profonde, celle des hommes et des femmes qui par delà leurs différences veulent vivre ensemble. C’est cette France là qu’ils aiment, que j’aime, c’est la France éternelle.
Voyez-vous, Monsieur le Ministre, vos propos m’ont blessée, car ils blessent la France.
Vos propos peuvent séduire ceux qui rêvent d’une France qui rejette, qui exclut, qui élève des murs entre les peuples, une France qui a peur de l’autre au motif qu’il est différent.
Ma France, c’est celle qui accueille, qui protège, qui respecte l’autre, l’étranger, celui qui est différent.
Ma France, c’est celle qui tend la main vers l’autre, vers tous les autres. C’est celle de la solidarité.
En conclusion Monsieur le Ministre, personne n’est dupe. Il faut préparer les prochaines élections …
Est-il nécessaire pour cela d’aller braconner sur les terres du FN ?