Reçue ce jour, lettre d'un ami au Président de la République que je partage avec les blogueurs :
Monsieur le Président de la République,
La réaction brutale d’Israël contre les Palestiniens de Gaza a soulevé en France une vague immense et légitime d’émotion et de colère. Une émotion qui rassemble dans la rue des milliers de Français pour exiger un cessez le feu immédiat.
Monsieur le Président, en exprimant votre solidarité à l’égard du premier ministre israélien, en oubliant les victimes civiles Palestiniennes, vous avez malheureusement affirmé l’abandon par la France d’une politique, d’une position jusqu’ici équilibrée, incarnée avec conviction par les présidents Mitterrand et Chirac.
Certes, Israël a droit à la sécurité. Personne ne le conteste. Mais la sécurité d’Israël n’autorise pas tout. Elle n’autorise pas la mort de jeunes enfants jouant sur une plage. Elle n’autorise pas le bombardement d’une école de l’ONU, elle n’autorise pas les 800 morts civils Palestiniens.
Monsieur le Président, il n’y a pas de hiérarchie parmi les victimes, les larmes d’une mère Palestinienne sont aussi douloureuses que les larmes d’une mère Israélienne.
Affirmer sa solidarité avec le peuple palestinien, condamner la violence brutale de Tsahal, condamner la politique de colonisation en terre palestinienne (la France est bien discrète sur ce point précis), ce n’est pas faire preuve d’antisémitisme, c’est crier sa colère contre l’injustice, contre la mort brutale qui frappe les plus faibles. C ’est crier sa colère contre l’indifférence d’une communauté internationale, des Etats-Unis, de l’Europe, de la France qui puisent dans l’audace des mots et des discours l’illusion de l’action. Bien sûr qu’il faut mieux protéger les populations civiles mais avec autre chose que des phrases.
Pour la première fois, l’UE a parlé d’une seule voix à l’ONU sur le conflit Palestinien. Mais c’était pour afficher son manque de courage et se réfugier dans l’abstention.
Quand donc, monsieur le Président, les responsables politiques comprendront-ils que la paix que chacun exige de ses vœux exige la création d’un état Palestinien à côté d’un état Israélien avec pour chaque état des frontières sûres et reconnues ?
Quand donc, Monsieur le Président, les responsables politiques comprendront-ils que la violence génère la violence ? Les enfants palestiniens, comme l’enfant de Chio, raconté par Victor Hugo, demanderont de la poudre et des balles pour venger leurs parents morts sous les bombardements ?
Profondément républicain, je refuse l’antisémitisme, comme je refuse toute forme de racisme, d’intolérance, de rejet de l’autre au motif qu’il est différent. Mais, il n’est pas de cause qui épuise un engagement au service d’une autre cause. Combattre l’antisémitisme, le racisme, n’interdit pas de combattre avec la même force la violence brutale d’Israël et sa politique de colonisation. C’est le même combat, pour les mêmes valeurs, celles de la république : La tolérance, le respect de l’autre, l’acceptation de l’autre avec ses différences, la paix et la réconciliation entre les peuples.
Interdire une manifestation en faveur d’un peuple qui se bat pour sa survie, son avenir, sa liberté n’est pas la meilleure façon de servir la démocratie. On n’interdit pas une manifestation par crainte du comportement des quelques uns.
Ceux qui refusent nos valeurs ont fréquenté notre école, celle de la république. Voilà une question fondamentale qui devrait interpeller le gouvernement.
Dans une démocratie, il ne faut pas avoir peur des cris de la rue.
Jacques VUILLEMIN
Besançon