Pourquoi ne pas penser à une éventuelle atteinte du Syndrome de Münchhausen chez l’anesthésiste accusé d’empoisonnement ? syndrome sévère ! renforcé ! aggravé (sachant le SM est déjà une forme de pathologie très grave), particulier !
Qu’est-ce que le Syndrome de Münchhausen ?
Le Syndrome de Münchhausen a été décrit pour la première fois par Richard. Ascher (1951), et repris sous la forme présentée par Meadow (1982) et appelée : syndrome de Münchhausen par procuration décrivant “une forme de maltraitance de l’enfant où les médecins se retrouvent maltraitants par délégation.”
Dans son article fondateur intitulé “Munchausen’s Syndrome”, publié dans The Lancet, le médecin britannique Richard Asher (1951) décrit un comportement pathologique de simulation et de recherche de soins médicaux caractérisé par : « des patients qui racontent des histoires fausses et dramatiques concernant leur santé, se plaignent d’affections multiples, et se font admettre à l’hôpital pour subir des examens et interventions inutiles. » Asher a choisi le nom de “syndrome de Münchhausen” en référence au baron de Münchhausen, personnage connu pour ses récits fabuleux et mensongers, afin de souligner la dimension fictionnelle et théâtrale du discours de ces patients. Selon lui :
Le Syndrome de Münchhausen se définit par :
- La production ou la simulation intentionnelle de symptômes physiques ou psychiques ;
- Une recherche compulsive de soins médicaux et d’hospitalisations multiples, souvent dans des lieux différents, appelée « ‘nomadisme médical’ ;
- Des récits inventés ou exagérés concernant les maladies ;
- L’absence de gain concret mais une présence de motivations intrapsychiques.
Asher distingue également plusieurs types cliniques selon le mode d’expression :
- Type abdominal : plaintes abdominales simulées menant souvent à des interventions chirurgicales inutiles ;
- Type hémorragique : saignements provoqués ou feints ;
- Type neurologique : crises ou troubles neurologiques inventés.
Qu’est-ce que le Syndrome de Münchhausen par procuration ?
Partant de ce syndrome, Meadow (1982), a décrit une forme de maltraitance infantile dans laquelle un parent (le plus souvent la mère), fabrique des récits, des symptômes et des signes de maladie chez son enfant et parfois provoque délibérément des symptômes chez lui. En conséquence, l’enfant est souvent soumis à de nombreuses investigations médicales, hospitalisations et traitements inutiles. Meadow appellera cette forme : « Syndrome de Münchhausen par procuration ». Ici, nous avons un parent qui invente, exagère ou provoque des symptômes ; un enfant qui devient malade et qui fréquente souvent les milieux de soins médicaux : « hospitalisations répétées, prises inconsidérées de médicaments nocifs, parfois à des actes de chirurgie mutilatrice et dans certains cas à la mort » ; un soignant manipulé dans le sens où il devient un instrument du scénario pathologique et un exécutant du scénario programmé par le parent maltraitant ; un parent qui se complait dans sa fonction de parent dévoué à un enfant malade et d’autres bénéfices secondaires comme le désir inconscient d’être reconnu comme ‘bon parent’.
Qu’en est-il des formes du Syndrome de Münchhausen qui atteignent les soignants eux-mêmes activement ?
Mais au-delà de ces formes de Syndrome de Münchhausen qui touchent la dyade parents-enfant, il y a des formes de Syndrome de Münchhausen qui concernent des soignants.
Plusieurs travaux et plusieurs faits signalent des auteurs soignants (infirmières, aides-soignants, médecins…) qui ont fabriqué, aggravé ou provoqué des symptômes chez des patients à leur charge — parfois avec des conséquences graves (hospitalisations inutiles, blessures, décès). L’affaire la plus connue est celle de Beverley Allitt, l’infirmière britannique, dans la période qui s’étend de février à avril 1991. A cette période, plusieurs nourrissons hospitalisés pour des affections bénignes ( bronchite, infections, etc.) présentent soudain : des arrêts cardiaques inexpliqués, des hypoglycémies graves, des désaturations en oxygène. Les analyses et les autopsies ont montré : Les analyses et les autopsies ont montré ; parfois injections d’air dans les veines ; ou administration non autorisée de potassium. Le point commun entre toutes ces situations était que Beverley Allitt était l’infirmière de garde à chaque épisode.
Sa situation a déclenché un vif intérêt pour les « perpetrators » (auteurs des actes) travaillant dans le milieu médical, tous ces soignants qui induisent des symptômes chez des enfants mais aussi chez des patients adultes vulnérables (personnes âgées, personnes dépendantes) ou d’autres.
Les études décrivent des aspects souvent présents chez ces soignants atteins de SMP :
- L’idée d’un rapprochement pathologique au rôle de « sauveur » et d’un besoin d’être reconnu par l’institution médicale ;
- La fascination du pouvoir sur la vie et la mort, exploitée par quelqu’un qui maîtrise techniques et accès ;
- Des antécédents personnels (trauma, troubles narcissiques, troubles de la personnalité, parfois symptômes factices auto-infligés antérieurs) ;
En France, ce syndrome reste peu connu. Et les affaires le concernant restent centrées sur la forme touchant la dyade parents-enfants. Pourquoi cela reste-t-il impensable ici plus qu’ailleurs ?