Cela fait maintenant bien deux ans qu'on nous explique que les jeux sont faits. La présidentielle de 2022 sera remportée par LREM et Emmanuel Macron. Cela ne fait aucun doute.
Cela n'a pourtant jamais fait plus de doute qu'aujourd'hui.
Le fait est que le RN continue de servir de repoussoir contre lequel la société française est supposée faire bloc autour d'un candidat, et qu'il n'existe à ce stade aucun autre candidat qu'Emmanuel Macron susceptible d'accéder au deuxième tour.
Sauf qu'il ne risque pas d'y avoir de candidat tant qu'il n'y a pas de campagne.
Et que l'appel d'air, lui, est bien là.
La popularité du Président et du gouvernement est battue en brèche par les scandales qui émaillent le quinequennat depuis son origine, et des manifestations quasi-continues depuis plus d'un an.
C'est ce que ressentent bien les journalistes de tous bords qui sont déjà, inconsciemment, à la recherche de la nouvelle tête, celle qui illusterera les couvertures des magazines d'ici un an, avec des titres tels que "et pourquoi pas lui", "et si c'était elle".
L'apparence de solidité du gouvernement n'est liée qu'à son ancrage institutionnel, que respectent au fond tous les citoyens français et toutes leurs autorités constituées.
Mais ce n'est qu'une facade.
Au fond, n'importe qui pourrait aujourd'hui gagner contre Emmanuel Macron, Marine Le Pen bien sur, mais également François Baroin, Xavier Bertrand, Anne Hidalgo - peut-être pas Jean-Luc Mélenchon qui se prend missile sur missile depuis 2 ans, mais peut-être des personnalités moins médiatiques comme Valérie Pécresse ou Olivier Faure, ou des challengers moins évidents comme Yannick Jadot.
Même Edouard Philippe aurait sa chance.
Même Ségolène Royal est présentée comme candidate.
Et même Nicolas Sarkozy rongerait son frein.
Ce n'est que logique. C'est la contrepartie de l'argument qui fait d'Emmanuel Macron le seul repoussoir contre Marine Le Pen.
Car qui peut sérieuserment croire que Emmanuel Macron serait le seul repoussoir contre Marine Le Pen ?
Soyons sérieux.
En réalité, n'importe qui peut gagner contre Marine Le Pen. Quelle que soit l'identité du candidat qui sera au deuxième tour, il rassemblera presque automatiquement, avec plus ou moins de marge en fonction de son bord politique et de son programme.
En conséquence, le message envoyé par les équipes de LREM et par Emmanuel Macron n'est pas "moi ou le chaos", mais "de toute façon Marine Le Pen sera au deuxième tour".
Si encore, le Président avait su rester populaire pendant son quinquennat, il pourrait utiliser cette rhétorique à son compte.
Dans l'état actuel de sa popularité, il n'y a qu'à attendre de voir quelles seront les deux, trois personnalités émergentes qui vont apparaître d'ici six mois pour challenger l'actuel favori de la présidentielle 2022 - et avec le succès des gilets jaunes et de la contestation contre la réforme des retraintes, nous ne sommes pas à l'abri de grandes surprises.
Wait and see.