« Nous ne voulons pas êtres complices »
Lettre ouverte d'indignation en Deux-Sèvres.
Nous, ami(es), proches, voisin(e)s, témoins, militant(e)s associatifs ou simples citoyen(ne)s, voulons dénoncer avec force les décisions administratives à l’encontre de personnes étrangères rencontrées dans notre département des Deux Sèvres.
Depuis quelques mois, des refus d’obtention de titre de séjours se multiplient à l’encontre, entre autre, de mères de famille dont les époux travaillent, dont les enfants sont scolarisés ou étudiants, assidus à leurs études et remarqués par leurs enseignants.
Les femmes concernées sont tout à fait volontaires pour renforcer leur apprentissage du français, pour travailler et pour assumer leur rôle éducatif de mamans auprès de leurs enfants.
Les motifs de refus, tels qu’ils sont énoncés, nous semblent tout à fait contestables :
pas de revenus suffisants
pas de travail
pas de liens stables
Or, nous savons le chemin parcouru : les enfants scolarisés, la vie familiale calme et adaptée à la réussite scolaire des enfants, la participation de ces personnes à des ateliers de langue française, à des actions bénévoles associatives, les liens de voisinage positifs, la volonté évidente de ces personnes à se former pour travailler, le désir incontestable de ces personnes à participer totalement à la vie sociale.
Nous déplorons que les décisions de rejet dont ces personnes sont victimes bloquent totalement ce parcours commencé : comment prouver son intégration, comment trouver du travail, comment poursuivre une formation si ces personnes sont désignées comme devant quitter notre territoire, devenues coupables d’être des nôtres ?
Nous tenons à signaler que, contrairement à ce que l’on voudrait laisser entendre, de nombreuses personnes, dont nous faisons partie, ne trouvent aucune raison valable à approuver ces mesures d’éloignement, qui, en vérité, sont des mesures qui brisent l’existence de personnes qui ne posent aucun problème.
Nous insistons sur le fait que ces mesures sont des doubles peines à l’encontre du reste de la famille :
les enfants sont plongés dans l’incertitude, la peur et le chagrin de voir leurs mamans menacées et désignées suspectes sans aucune raison.
Leur scolarité en est perturbée.
Les époux sont plongés dans le désarroi et la peur pour leurs femmes, allant, pour certains, jusqu’à devoir suspendre temporairement leur activité professionnelle afin de subvenir aux tâches quotidiennes envers leurs enfants (puisque les mamans n’osent plus sortir).
Nous nous opposons à ce type de procédure, nous ne voulons pas être complices de ces choix, ni accepter que ce soit ce visage de la France qui s’incarne désormais dans notre département.
Les enfants de ces familles sont une richesse pour nos propres enfants, une chance pour nos écoles et nos universités.
La rencontre de ces familles et de ces femmes aujourd’hui menacées sont un cadeau pour notre culture, nos échanges, notre solidarité.
Nous demandons que les mots au frontons de nos mairies restent actes vivants d’accueil : Liberté, Égalité, Fraternité. Car, par ces décisions administratives qui désignent comme ennemies et coupables des personnes innocentes, qui les soumettent à la peur et construisent de toute pièce ce dont on les accuse, ce message essentiel de notre République est bafoué : assignation, stigmatisation, injustice, inégalité de droits, rejet de nos concitoyens deviennent les messages véhiculés sournoisement par ceux et celles qui usent de leur pouvoir et de leur zèle pour que règne désormais la suspicion et le rejet de l’Autre.
Au nom du Collectif Soutien 79
Le vendredi 03 mars 2023
Une pétition est ouverte :