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Billet de blog 21 mai 2023

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Les biais cognitifs : comment notre cerveau peut compromettre la cybersécurité

Les biais cognitifs, qui sont des erreurs de pensée systématiques qui peuvent affecter la façon dont nous percevons et traitons l'information.

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La cybersécurité est devenue un enjeu majeur dans notre monde numérique en constante évolution. Les entreprises et les individus font face à de plus en plus de menaces en ligne, allant des attaques de phishing aux ransomwares en passant par les violations de données. Pourtant, malgré les avancées technologiques dans les mesures de sécurité, les erreurs humaines continuent d'être une cause majeure de vulnérabilité dans la cybersécurité. Une raison clé à cela est la présence de biais cognitifs, qui sont des erreurs de pensée systématiques qui peuvent affecter la façon dont nous percevons et traitons l'information. Dans cet article, nous allons explorer les biais cognitifs et leur impact sur la cybersécurité.

Les biais cognitifs sont des raccourcis mentaux que notre cerveau prend pour traiter rapidement et efficacement l'information. Cependant, ces raccourcis peuvent entraîner des erreurs de jugement et de prise de décision, car ils sont basés sur des schémas préconçus et des préjugés. En matière de cybersécurité, ces biais peuvent compromettre notre capacité à reconnaître et à réagir correctement face aux menaces en ligne.

Voici quelques exemples concrets de biais cognitifs en cybersécurité :

  1. Biais de complaisance : L'un des biais cognitifs les plus couramment observés en cybersécurité est le biais de complaisance, également connu sous le nom de biais de confiance excessive. Ce biais se manifeste lorsque nous surestimons la sécurité d'un système ou d'un comportement en ligne. Par exemple, nous pouvons être trop confiants dans la capacité d'un mot de passe simple à protéger notre compte en ligne, ou dans la réputation d'un site web sans vérifier si le certificat SSL est valide. Cette complaisance peut entraîner une négligence dans l'adoption de bonnes pratiques de sécurité, laissant ainsi les portes ouvertes aux attaques.

  2. Biais de familiarité : Un autre biais cognitif courant est le biais de familiarité, qui se produit lorsque nous faisons confiance à des sources familières sans vérifier leur authenticité. Par exemple, nous pouvons être enclins à ouvrir un e-mail ou à cliquer sur un lien provenant d'une personne que nous connaissons, sans nous méfier du fait que leur compte a pu être piraté. Les cybercriminels utilisent souvent la familiarité comme une tactique pour tromper leurs victimes et obtenir leur confiance.

  3. Biais de réciprocité :Le biais de réciprocité est également un biais cognitif qui peut être exploité en cybersécurité. Ce biais se manifeste lorsque nous avons tendance à accorder plus de confiance ou de crédibilité à quelqu'un qui nous offre quelque chose en retour. Par exemple, un cybercriminel peut envoyer un e-mail d'hameçonnage offrant un cadeau ou une récompense pour inciter la victime à partager des informations sensibles ou à cliquer sur un lien malveillant. Ce biais peut compromettre notre capacité à évaluer objectivement les offres en ligne et à reconnaître les tentatives d'escroquerie.

  4. Biais d'urgence : Le biais d'urgence est un autre exemple de biais cognitif qui peut nuire à la cybersécurité. Ce biais se produit lorsque nous sommes poussés à prendre des décisions hâtives en raison d'une pression temporelle ou de la peur de perdre quelque chose. Les cybercriminels exploitent souvent ce biais en créant un sentiment d'urgence artificiel dans leurs attaques, comme prétendre qu'un compte sera désactivé ou qu'une transaction importante doit être effectuée immédiatement. Ce biais peut nous amener à agir sans réfléchir et à ignorer les signes d'une possible attaque.

  5. Biais de confirmation : Un utilisateur rencontre un avertissement de sécurité lors de la navigation sur un site web, mais au lieu de prendre cette alerte au sérieux, il le considère comme une fausse alarme ou une erreur du navigateur. En raison du biais de confirmation, l'utilisateur ignore les signes évidents d'une menace potentielle, ce qui peut conduire à une infection par des logiciels malveillants ou à une violation de la vie privée.

Il est important de noter que ces exemples illustrent seulement quelques-uns des nombreux biais cognitifs qui peuvent affecter la cybersécurité. Comprendre ces biais et être conscient de leur influence peut nous aider à prendre des décisions plus éclairées et à adopter des pratiques de sécurité plus robustes en ligne.

Il est important de reconnaître ces biais cognitifs et de mettre en place des mesures pour les contrer. La sensibilisation et la formation des utilisateurs sont essentielles pour les aider à identifier les stratagèmes d'attaque courants et à adopter des comportements de sécurité appropriés. Les entreprises doivent également mettre en œuvre des politiques de sécurité robustes, telles que l'authentification à deux facteurs, le chiffrement des données et la surveillance des activités suspectes.

En conclusion, les biais cognitifs peuvent compromettre la cybersécurité en influençant notre capacité à évaluer correctement les menaces et à prendre des décisions éclairées. Comprendre ces biais et mettre en place des mesures pour les contrer est essentiel pour renforcer la sécurité en ligne. En combinant la technologie de pointe avec une sensibilisation accrue et une éducation continue, nous pouvons améliorer notre posture de cybersécurité et mieux nous protéger contre les menaces numériques.

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Passionné d'informatique, de nouvelle technologie, et de société de l'information, j'édite ce blog qui traite de sujet de sécurité informatique. Le but de ce blog est de s’adresser auprès d’un public varié : direction, utilisateur, informaticien. C’est pour cela qu’il est hébergé sur un site généraliste. La sécurité, c’est une en premier lieu une organisation, et non un rôle purement technique. J'ai commencé ma carrière dans la presse informatique dans les années 90, puis un long passage très intéressant comme informaticien en salle des marchés et banque d'investissement, puis une administration internationale.

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