Je n'ai pas pour habitude d'étaler ma vie privée sur les réseaux mais là, je ne peux plus supporter ce qu'il se passe.
Je suis fils d'un homme qui a travaillé toute sa vie partout dans le monde. États-Unis, Japon, Pologne, Nigéria, Arabie Saoudite, Inde et j'en passe. Son métier : électromécanicien. Sa "mission" : concevoir, mettre en place et superviser tout le câblage électrique de scanners à rayon X pour les poids lourds et les conteneurs dans les ports. Il a commencé de travailler à 17 ans, comme beaucoup d'autres. Il ne prenait jamais la totalité de ses vacances annuelles par choix. Il bossait entre 50h et 70h par semaine en fonction des pays dans lesquels il se trouvait. Voilà pour la présentation du travailleur qu'était mon père. Un stakhanoviste ? Peut-être, je ne sais pas.
En février 2016, ma femme donne naissance à notre enfant, grand moment de joie. Un mois plus tard, alors que mon père, alors âgé de 57 ans, nous rend visite pour faire la connaissance de son petit fils, je le vois arriver avec un énorme corset plastifié qui recouvre tout le haut de son corps. Premier choc, je n'étais pas au courant de cela et mon père n'était pas du genre à se plaindre de la douleur. Il me rassure en disant que ce n'est pas très grave et que c'est juste un petit problème aux os. Il ne voulait pas gâcher ce moment que nous vivions avec l'arrivée d'un nouveau membre de la famille.
Un mois plus tard, il me passe un coup de fil pour m'apprendre que ce qu'il me disait n'être pas grand chose est en fait un cancer généralisé et que les médecins ne lui donnent que quelques mois à vivre. Je n'ai jamais eu une très bonne relation avec mon père, entre autre à cause de ses déplacements, mais dans un cas comme ça et ben je prends sur moi.
Ma compagne et moi nous mettons d'accord pour déménager et retourner près de lui pour qu'il puisse partager quelques moments avec son petit fils. Sa fin de vie qui devait durer 6 mois durera 2 ans. Merci aux médecins qui ont permis à mon fils de bénéficier de plus de temps avec lui. Au final, il nous quittera en 2018, à moins d'un an de la retraite.
Cette phase de ma vie est l'origine de mon engagement en politique. Pourquoi ? Tout simplement parce que je veux que la vie des travailleur·euses change et que d'autres personnes ne perdent pas leurs parents, leurs proches, leurs amis avant que ceux-ci n'arrivent à la retraite.
Pourquoi j'écris cela ? Parce qu'hier, lors du vote de la motion de censure, j'ai compris que la vie des travailleur·euses n'est pas une priorité pour le PS. Et qu'ils sont encore en train de trahir l'engagement qu'ils ont pris d'œuvrer pour l'abrogation de la réforme mortifère que Borne à imposer à coup de 49-3. Ils auraient pu mettre l'abrogation dans leur niche parlementaire. Ils ne l'ont pas fait.
Combien de vies vont être sacrifiées à cause de cette horrible réforme que la macronie a mis en place et contre laquelle le PS refuse de se battre ? Peu importe le nombre, c'est déjà trop !
Je le dis très clairement : aussi longtemps que cette réforme restera en place, je ne mettrai pas le bout d'un doigt sur un bulletin pour un·e candidat·e socialiste.
En acceptant cette "négociation" sur la retraite qui n'aboutira à rien, le PS a fait un doigt d'honneur à toustes les travailleur·euses de ce pays peu importe qu'ils soient de droite, de gauche ou abstentionnistes.
A celleux qui veulent comprendre ce qu'est le socialisme, je vous conseille la lecture suivante : "Les philanthropes aux poches percées" de Robert Tressell. Vous pourrez constater par vous même à quel point le mot socialisme est sali par ce parti d'usurpateur·rices opportunistes.