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Plus que jamais, le journalisme est un sport collectif et de combat. Sans gants de boxe ni retouche IA. Contre les obsessions fascisantes, les manipulations médiatiques et autres polarisations politiques, l'information est au cœur de la bataille des récits.
Riposte est un outil démocratique pour ré-enclencher l'impact citoyen. Un petit manuel d'autodéfense intellectuel pour se réarmer et défendre nos communs.
Pierre-Yves Bulteau et Juliette Demey ont profité des Assises du journalisme de Tours, en mars 2025, pour enchaîner les entretiens. Avec des chercheurs, des lanceurs d'alerte, des parlementaires et bien sûr des journalistes. Autant d'axes de réflexion possibles pour préserver le droit de savoir.
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La mise au pas a été brutale. Elle s’est faite à bas-bruit. Profitant de la déliquescence de l’empire Lagardère, l’ogre breton a pris le pouvoir et mis Europe 1, sous coupe réglée. Nous sommes le 17 juin 2021. En moins de six jours, le match est plié.
On le sait moins, derrière ce raid de l’homme d’affaires, s’est joué un autre combat. En coulisses. Celui de la clause de confidentialité. D’ordinaire, cet accord contractuel interdit aux salariés de divulguer des informations sensibles sur leur entreprise. Mais aussi sur des données sensibles ou confidentielles.
En lançant son OPA sur Europe 1, Bolloré misait sur le silence d’une rédaction exsangue, au taux d’écoute glissant dans les limbes de Médiamétrie. C’était sans compter sur une poignée de journalistes – 40 sur 204 – qui a décidé de lancer une grève éclaire et « perdue d’avance ». Une grève qui a permis de documenter et de rendre publique la violence du mode opératoire de Bolloré sur les « mass media ».
Un combat sur lequel reviennent pour « Splann ! », l’ancien représentant du Syndicat national des journalistes chez Europe 1, Olivier Samin, la députée (Génération·s - Nouveau Front populaire) Sophie Taillé-Polian et Tristan Goldbronn, responsable de l’activité éducation aux médias et à l’information & sensibilisation des publics cibles chez La Chance, pour la diversité dans les médias.

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On connaît le classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse dans le monde. On connaît moins celui réalisé par les ONG Sherpa et The Coalition Against SLAPPs in Europe (Case). Il vaut pourtant le détour. La France y figure dans le trio de tête des pays européens (derrière Malte et la Pologne) où journalistes et militant·es subissent le plus de procédures-bâillons. Soit une centaine, rien que pour notre pays, depuis les années 2000.
On le sait, sans information totalement indépendante, pas d’impacts démocratiques. C’est ce schéma qu’incarne la Maison des lanceurs d’alerte (MLA), depuis 2018. Et sur ses deux premières années d’existence, elle a accompagné 200 citoyens dans leur signalement d’actes de corruptions (38%) et de maltraitance (19%) mais aussi pour des faits graves, liés à des enjeux de santé publique, de pollution et d’atteintes à l’environnement (17%).
Cinq ans plus tard, les pourcentages s’inversent et le nombre de lanceurs d’alerte a doublé, pour atteindre 473 citoyennes et citoyens, en 2025. Pourtant, lancer l’alerte et la recevoir ne s’improvise pas.
Un schéma que décrivent pour « Splann ! » Élodie Nace, déléguée générale de la MDLA ; David Colon, historien et auteur de « La Guerre de l’information » (Tallandier) et Marie Zafimehy, journaliste et membre de l’Association des journalistes antiracistes et racisé·es (Ajar).

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Mise au pas des rédactions par des milliardaires identitaires. Coups de pression sur les journalistes et les lanceurs d’alerte… Après deux épisodes bien sombres, nous abordons l’urgence de développer des médias indépendants et solides financièrement avec François Bonnet, cofondateur de « Mediapart » et président du Fonds pour une presse libre.
Plus de 300 procès pour cinq perdus : ces chiffres en disent long sur la solidité des informations publiées depuis 2008 par le vaisseau-amiral de la presse indé. Les 250 000 euros déboursés en frais de justice par le journal chaque année témoignent, eux, du défi quotidien que représente la promesse éditoriale de révéler ce qui est caché ou dissimulé, en matière politique, financière, sociale ou environnementale.
« Aujourd’hui, des procédures invraisemblables visent à contourner la loi de 1881 sur la liberté de la presse, observe François Bonnet. On a vu des tribunaux de commerce rendre des ordonnances demandant de pourchasser les sources des journalistes, comme dans l’histoire de Reflets.info poursuivi par Patrick Drahi. Ça leur a coûté 25 000 euros. »
Dans ces conditions, prévoir des réserves n’est pas une option. « Mediapart » a très vite pu bénéficier du soutien de ses lecteurs. Attaqué par la Caisse d’Épargne pour une enquête de Laurent Mauduit qui avait fait tomber la direction, le journal a collecté 40 000 euros de dons. La banque ayant fini par retirer ses plaintes, l’argent a permis de payer des avocats dans d’autres procédures.
Une issue heureuse, comme celle vécue par « Splann ! » au printemps 2025. La mise en examen pour diffamation de notre média d’enquête breton a suscité une vague de soutien, matérialisée par plus de 60 000 euros de dons. Cette fois, c’est la cour d’appel de Rennes qui a coupé court aux poursuites en prononçant la nullité de la procédure engagée par le président d’Inaporc, Philippe Bizien.
Reste que les médias indépendants sont fragiles économiquement. C’est pourquoi « Mediapart » a décidé de loger la totalité de son capital dans un fonds de dotation le rendant statutairement ni cessible, ni achetable. Ce n’est pas sa seule fonction puisqu’il permet de collecter des dons défiscalisés, redistribués ensuite à des entreprises de presse portant des valeurs humanistes, démocratiques, sociales et au service du bien commun.
« On essaye d’aider la presse indépendant à construire des modèles économiques qui soient durables, c’est-à-dire d’approcher l’équilibre et la rentabilité, explique François Bonnet. On n’est pas dans les 17 millions d’euros reçus par le groupe de Bernard Arnaud, LVMH, pour ses différents médias. On compte en quelques dizaines de milliers d’euros, mais ça permet de financer des enquêtes, des développements techniques pour des sites… »
« Splann ! » fait partie des premiers lauréats du fonds, bénéficiant d’une aide de 15 000 euros, en 2022.
Riposte est un podcast produit par le média d’investigation breton « Splann ! », avec le soutien de l’association Journalisme & Citoyenneté, et les Assises du journalisme de Tours. D’après une idée originale de Pierre-Yves Bulteau.
Juliette Demey et Pierre-Yves Bulteau ont préparé et mené les interviews. Pierre-Yves Bulteau a écrit, monté et prêté sa voix pour cette série.
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