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C’est un mutisme qu’on dirait orchestré pour préserver un lourd secret. Pas un mot sur la composition des conseils d’administration des lycées agricoles bretons, pas un chiffre sur leurs taxes d’apprentissage, pas un bilan comptable à l’horizon… Le refus silencieux du ministère et des préfectures de délivrer ces informations censées être publiques n’a pas entamé la détermination de nos journalistes.
Dans ce nouveau dossier d’enquête, Faustine Sternberg et Chloé Richard révèlent la porosité entre enseignement agricole et intérêts privés.
Cette porosité se joue notamment au sein des conseils d’administration des établissements privés, où de nombreux présidents entretiennent des liens étroits avec l’agro-industrie ainsi qu’avec le syndicat agricole majoritaire, la FNSEA.
Un mélange des genres qui transforme certains lycées en véritables vitrines des tenants de l’agriculture intensive.
Sur les réseaux sociaux des établissements, les coopératives Agrial, Eureden ou encore Nutréa sont mises en avant. Les élèves participent à des événements organisés par ces mastodontes de l’agroalimentaire, et des partenariats « gagnant-gagnant », selon un chef d’établissement, sont signés avec ces acteurs privés.
La transition agroécologique pénalisée
Un soutien auquel s’ajoutent des dizaines de millions d’euros injectés, depuis maintenant dix ans, par la Région Bretagne. Un tapis rouge pour le privé, au détriment de lycées publics déjà fragilisés et ne scolarisant que 20 % des élèves de cette voie.
Cette inégalité de traitement pénalise également l’enseignement de pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement. Portée à bout de bras par le public, l’agroécologie devient source d’un certain rejet dans le privé, où l’agriculture biologique reste marginale, pour ne pas dire cosmétique.
Pourtant, la nécessaire transition agricole et sa transmission ne se feront pas sans l’engagement des pouvoirs publics, des établissements privés et des enseignants.
Mediapart a publié deux des quatre volets de cette enquête dans le cadre d'un partenariat de diffusion.
Consultez notre enquête en intégralité.
L’agro-industrie, les deux pieds dans les lycées agricoles bretons
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C’est mariage pour le meilleur de l’agro-industrie et pour le pire de l’enseignement agricole breton. Un mariage dont les témoins sont de puissants lobbies, omniprésents dans les instances dirigeantes des lycées, comme dans le quotidien des enseignants et des élèves. De l’organisation d’événements à la visite d’entreprises, tout est fait pour valoriser l’agriculture intensive.
Consultez le premier volet de notre enquête.
Dans les lycées agricoles bretons, l’agriculture du futur est intensive
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Pour enseigner à produire autrement, les lycées privés bretons sont à la traîne : loin de porter les principes de l’agroécologie, leurs exploitations, supports et vitrines pédagogiques de leur enseignement, sont la preuve d’une forte orientation vers une agriculture productiviste et intensive.
Consultez le deuxième volet de notre enquête.
Des lycées agricoles privés très généreusement soutenus par la Région
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Cinquante-trois millions d’euros. Telle est la somme versée aux lycées agricoles privés, sous forme de subventions facultatives par la Région Bretagne, depuis dix ans. Un généreux soutien qui renforce la place de ces derniers, alors que l’enseignement public déplore un manque de moyens, peine à attirer des élèves et à faire croître ses activités.
Consultez le troisième volet de notre enquête.
La face cachée de The Land : le campus dédié à la ruralité de Jean-Marc Esnault
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C’est le symbole d’une autonomie de gestion, donnée aux établissements catholiques privés, qui vire à l’opacité. La preuve par The Land. Campus breton qui regroupe non pas un, mais trois lycées agricoles. Tous victimes d’un déficit abyssal et de personnels qui désertent le navire.
Consultez le quatrième volet de notre enquête.
Une enquête financée par les dons citoyens
Cette enquête au long cours est signée par Faustine Sternberg et Chloé Richard. David Guyon est l’auteur des dessins.
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