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Billet de blog 23 octobre 2025

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Contre les procès-bâillon, pour la presse libre

Alors qu’un de nos médias membre, L’empaillé, devait passer en procès face à la mairie RN de Perpignan, et que le média le Poing est passé ce mardi au tribunal de Paris, le SPPP alerte sur la multiplication des procès baillons visant la presse libre.

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Ce 16 octobre 2025, un média membre du Syndicat de la Presse pas Pareille, L’empaillé, devait passer en procès à Perpignan -le procès a été renvoyé à une date ultérieure, malgré leur refus.

En octobre 2023, leur enquête « Purge sur la ville » dénonçait la politique de Louis Aliot dans cette ville, et notamment ses collusions avec des groupes néofascistes et intégristes ; mais c’est sur la critique de la stratégie sécuritaire de Perpignan que cette mairie RN a trouvé grain à moudre : mentionnant que Louis Aliot avait « embauché un caïd de la police nationale parisienne, Philippe Rouch » cette phrase leur a valu une convocation au tribunal.

Le Postillon, autre média membre du SPPP, est lui aussi dans la tourmente, suite à un dépôt de plainte pour « Injure » et « Diffamation », de Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix et président de la Métropole de Grenoble, et de sa directrice de cabinet Yveline Denat, irrités par l’article « Le système Ferrari à plein régime », et qui demandent 21 000 euros en guise de réparation. « Sachant qu’on tire 4 000 exemplaires tous les deux mois et qu’on les vend deux euros, chacun se rendra compte de ce que signifie cette somme », ont-ils signalé.

Récemment, le média Lundi Matin a fait l’objet de deux poursuites. Après la publication en juin 2023 d’un article du chercheur Mathias Rollot, intitulé Architecture et greenwashing ou comment biodiversifier le béton, l’agence ChartierDalix, dont les pratiques sont évoquées, somme de le dépublier sous peine de poursuites, déposées quelques temps plus tard. Un autre procès fait suite au texte d’un collectif féministe mettant en question un homme pour viol.

L’ADAPEI 63 s’en prend actuellement au média Mediacoop, demandant le retrait de 4 articles sur les 9 publiés, 1 euro de dommages et intérêts, et 20 000 euros à titre conservatoire à chacun des prochains articles qui pourraient être publiés. Mediacoop s’était intéressé de façon étayée aux accusations de maltraitance de cette association d’hébergement pour personnes handicapées.

En janvier 2024, à Montpellier, les membres d’un groupuscule d’extrême-droite s’invitent à un rassemblement d’agriculteurs pour intimider journalistes et militants, avant d’être expulsés par les organisateurs. En juin 2024, ils tabassent un militant syndical. Le média indépendant Le Poing, pour avoir fait son travail en révélant les prénoms et l’initiale des noms figurant dans la plainte de la victime, s’est retrouvé attaqué pour diffamation par l’un des nommés, et le procès a eu lieu ce 21 octobre 2025 à 13h30, à la 17e chambre du tribunal de Paris.

Enfin, fin 2024, le juge des référés du tribunal judiciaire des Sables-d’Olonne a débouté l’ancien président du Crédit Mutuel Océan (CMO), qui avait voulu faire condamner le journal Le Sans-Culotte 85 à lui verser près de 315 000 € de dommages et intérêts pour « diffamation ». « M. André Lorieu, qui exerce depuis 2015 les fonctions de président du Crédit Mutuel Océan, a été accusé en 2004 par sa belle-sœur, de […] viols sur sa personne lorsqu’elle était mineure dans les années 1980 », rappelle l’ordonnance publique du magistrat. Le mensuel – qui a depuis hélas été placé sous liquidation judiciaire – avait publié en mai 2024 un article intitulé Violences sexuelles : le président du Crédit Mutuel Océan accusé d’inceste où il partageait les accusations de sa belle-sœur.

La France, mauvais élève des procès-bâillon

Selon les statistiques de Against SLAPPs in Europe (CASE), la France serait le troisième pays européen le plus touché par les procès-baillons. Plusieurs sociétés de journalistes et ONG notamment ont mis en cause « les poursuites systématiques dont elles font l’objet quand elles s’intéressent aux activités du groupe Bolloré, notamment en Afrique » – plus de 20 procédures en diffamation contre des articles ou journaux, en France et à l’étranger1.

Mais les autres magnats ne sont pas en reste. Il y a peu encore, Bernard Squarcini a écopé de quatre ans de prison dont deux ferme sous bracelet pour avoir orchestré, sur ordre de Bernard Arnault l’espionnage illégal de François Ruffin et du journal Fakir, membre du SPPP, en marge de la sortie du film « Merci Patron ! » consacré au milliardaire à la tête de l’empire LVMH.

Et que dire des représentant de l’État lui-même ?

En 2021, le journal régional d’enquête le Ravi, aujourd’hui malheureusement disparu, était convoqué au tribunal de Tarascon pour « complicité de diffamation à l’encontre de la CCI », la Chambre de commerce et d’industrie du Pays d’Arles poursuivant également le journaliste Eric Besatti, de l’Arlésienne, auteur de l’article incriminé, ainsi que le dessinateur l’ayant illustré. L’Arlésienne et le Ravi enquêtaient sur les CCI Papers, une enquête sur la gestion douteuse des organismes de formation créés par la CCI du Pays d’Arles.

Enfin, il est impossible de ne pas mentionner les poursuites de l’État français à l’encontre de la journaliste Ariane Lavrilleux, convoquée en janvier 2025 en vue d’une possible mise en examen. Comme l’avait dit alors le média Disclose, « avec cette convocation pour un interrogatoire de première comparution dans le bureau d’une magistrate spécialisée dans la lutte antiterroriste, un nouveau cap est franchi dans les pressions exercées contre les journalistes qui enquêtent sur des affaires d’État ». En 2021, Ariane Lavrilleux avait contribué, avec trois autres journalistes, à la révélation par Disclose d’informations opération militaire secrète de la France en Égypte, baptisée « opération Sirli ». Pour sa participation à cette enquête, elle encourt une peine de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.

Des coûts humains et économiques pour chaque média attaqué

Avec des armées d’avocats et des ressources économiques souvent importantes, peu importe pour l’accusation de gagner ou non le procès.

Ces procès épuisent physiquement et économiquement les médias poursuivis et n’ont pour seul objectif que de les mettre au pas et d’instaurer une censure psychologique aux rédactions incriminées.

La liberté d’expression est aujourd’hui menacée par ces incessantes attaques économiques portées contre la presse indépendante, de gauche.

Il y a de cela quelques jours, Le Fonds pour une presse libre et l’ONG internationale Media Defence ont annoncé s’associer pour créer « Ripostes », un fonds d’aide juridique pour la presse indépendante : « Il s’agit de contrer les attaques des politiques et des entreprises contre la presse indépendante. Et faire en sorte que la peur change de camp en faisant condamner ces procédures abusives ». Nous soutenons pleinement cette initiative.

Pour défendre l’indépendance de la presse et la liberté d’expression Le SPPP apporte son soutien aux médias concernés

Pour le Syndicat de la Presse Pas Pareille,

Mačko Dràgàn – Administrateur – 0631460094

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