Parce que nous traversons une période à haut risque où les mobilisations populaires frayent tant avec des options fascisantes : raciste, ras-le-bol fiscal, repli identitaire tant avec des luttes progressistes pour l’égalité des droits, la justice sociale, la solidarité de classe, il importe de redire le cadre qui structure il rinacimento d’une nouvelle gauche en France et dont le Front de gauche constitue à ce jour le levier.
Dans ce contexte marqué par une très grande volatilité et face au risque d’une très grande dispersion des énergies, la marche du 1er décembre à l’appel du Front de gauche pour une Révolution fiscale donne corps sur le plan économique au partage des richesses et prolonge la marche citoyenne du 5 mai « contre l’austérité, la finance et pour la 6ème République ». Ce cadre politique porte à la fois l’exigence d’une refondation démocratique et d’une réappropriation sociale qui ne font qu’un même processus : la révolution citoyenne.
Décrépitude à gauche et risque de « coagulation » à la droite extrême.
Du magma actuel une seule certitude émerge : la gauche à fait son temps. J’entends la gauche qui dans la dernière période s’est constituée en gauche plurielle ( PS-PC –EELV ). Au sein du Front de gauche même, un résiduel nostalgique de l’époque ancienne subsiste ; dans un dernier sursaut quelques dirigeants PC en attendent leur salut faute d’avoir pris la mesure de ce qui se joue vraiment dans la lutte des classes. Mais l’ancien système est caduc pour de bon et tout ce qui s’y réfère mourra. Vraisemblablement les prochaines élections municipales seront pour cette « gauche –là » l’équivalent de ce que la chute du mur de Berlin a été : une surprise inéluctable.
Dans ce marais, ce noie aussi l’option du vote utile qui a porté Hollande à la présidence. Cette option dite parfois « par défaut » comme pour s’excuser, n’excusera plus rien ; il faut bien être naïf à l’heure qu’il est pour attendre de Hollande un quelconque changement de cap. A gauche, Il va falloir choisir en toute autonomie et responsabilité citoyenne ; ni leader, ni facteur pour porter le drapeau chacun est renvoyé à sa conscience.
La droite, poussant à l’extrême-droite, pense pouvoir tirer les marrons du feu ; tel serait la vox populi si l’on en croit tous les sondages bien intentionnés, les résultats de quelques élections partielles, les mobilisations «anti mariage homo » et celle en cours dites des « bonnets rouges ». Si nous portons le fer, nous pouvons montrer de quelles nostalgies poujadiste, raciste et colonialiste ils se nourrissent et se faisant constituent pour les exilés fiscaux, le MEDEF et autres politiciens en famille, nouveaux parvenus du système, le meilleurs paravent. Porter le fer est nécessaire, mais peut ne pas suffire parce que la digue est tombée comme le dit Marie Cosnay (Quand la digue est tombée cf blog ) et que nous risquons d’être submergé par l’irrationnel, par la peste émotionnelle. (cf W. Reich)
Il nous faut reprendre la main !
On ne peut plus opposer « la question sociale » : l’exploitation de l’homme par l’homme et la « question nationale » : qui est citoyen de la République ? C’est ce qui donne à la crise son caractère organique. Ainsi le partage des richesses, la liberté de circulation et notre écosystème constitue une problématique unique : notre univers au quotidien.
C’est l’Homme qui est au centre de cet problématique : « l’humain d’abord » disons nous !
Il n’est ni blanc, ni noir, ni étranger, il est tout ça à la fois. Le pays existe : la France : c’est ceux qui y vivent. Cette perspective locale doit s’inscrire dans une stratégie à l’échelle mondiale. Sur ce plan, comme le rappel Gustave Massiah (blog Attac France) il faut travailler à la perspective d’une transition sociale, écologique, démocratique et géopolitique, et donc un dépassement du capitalisme.
Avec quelles forces ?
Les résistances sont multiples et la société à des ressources comme en témoigne la récente mobilisation lycéenne dans le soutien aux élèves sans papiers, à contre courant d’une ambiance faschoïde. Les conflits sociaux sont durs comme à PSA et comme dans toutes les entreprises confrontées à des plans de liquidation. La résistance est tenace comme à Notre Dame des Landes ; le travail des réseaux que se soit sur le terrain de l’immigration, du logement, de l’aide au plus démunis etc …est toujours aussi résolu malgré le poids de l’adversité. Donc, en tant que citoyens, nous ne sommes pas dans un désert de solitude : les initiatives de mobilisation locale voire nationale sont multiples.
Dans ce contexte de dégradation de la situation économique et sociale et de pourrissement politique des institutions , l’unité syndicale est en berne et explique pour une part les difficultés d’agréger les luttes et révoltes locales. Cette carence à une histoire : Pendant les trente glorieuses, le capitalisme florissant a pu lâcher du leste sous la pression des grèves revendicatives, sans que soit remis en cause le système. D’où, s’est installée, une certaine répartition des tâches entre syndicats, dit apolitiques ou indépendants, et les partis politiques réformistes. Notre pensée politique ayant intégré une hiérarchie des normes entre social et politique, nous sommes aujourd’hui dans la difficulté pour analyser le caractère organique de la crise. Que faire des prérogatives de chacun ? Indépendance et recherche de l’ unité ; construire les convergences ; certes . Mais la spécificité de chacune des organisations nous écarte-t-elle pas des tâches organiques de transformation sociale ? De la prise en compte à la fois de l’écosystème et des aspirations individuelles et collectives.
Autant dire que dans le marais politique actuel, les organisations syndicales représentatives sont à la ramasse, marquées qu’elles sont par le clivage économie/politique et faute d’une pensée politique qui leur soit propre, au point de confondre les intérêts de l’ ouvrier et ceux du patron.
La situation n’est pas sans issue pour autant : en 2005, la campagne menée pour le NON au TCE à partir des collectifs Attac avait en son temps permis d’agréger les forces à contre courant de tous les medias qui appelaient au Oui. Le Front de gauche, au-delà de la coalition des partis qui le composent, est une stratégie politique. Elle pourrait se donner pour objectif d’être le creuset de ce type de rassemblement unitaire. Accessoirement, ce pourrait être pour le Front de gauche lui-même une perspective de redéploiement qui permette aux communistes privés de Comité Central de dépasser leur crise interne sans passer par un repli identitaire.
Voilà l’état des forces ; elles existent, elles ne demandent qu’à ce mettre en mouvement Mais c’est aussi une question de méthode qui reste à débattre. RDV le 1er décembre .