Du haut de son mètre 74, Ekaterina est une pétillante jeune femme de 21 ans au charme désarmant et à la volonté de fer. Sensible et mutine, celle qui se dit vivre dans un monde de « bisounours rempli de licornes et d’arcs en ciel » revient avec sincérité sur sa première expérience d’actrice au sein du film STAND.
Katia (diminutif de Ekaterina) a toujours voulu être actrice. D’aussi loin qu’elle puisse s’en rappeler, la jeune femme n’a jamais cessé de vouloir jouer la comédie, multipliant ainsi ses possibilités d’être et de devenir chirurgien, policière ou même coiffeuse : « être comédienne c’est le désir de l’inconnu, le désir de vouloir tout faire et avoir plusieurs vies en même temps. Je trouve la vie bien trop courte pour rester là à s’ennuyer dans la monotonie ». Enfant, Katia fait partie de ces bambins avides de questions, assoiffés de connaissance et sans cesse en expérimentation : « j’étais la gamine un peu chiante qui posait sans cesse des questions auxquelles personne ne pouvait répondre ». Très tôt, la jeune fille née dans la cambrousse du Kazakhstan se montre débrouillarde et avertie sur le monde qui l’entoure. Petit à petit, elle aiguise sa curiosité et montre une grande maturité pour son âge : « j’ai toujours trainé avec des personnes plus âgées que moi, je me suis souvent sentie en décalage par rapport aux jeunes de ma génération ».
Son premier choc émotionnel, la jeune femme va le connaître à l’âge de cinq ans lorsque ses parents décident de fuir l’après-guerre pour venir s’installer en France. Alors que la maternelle n’est pas obligatoire au Kazakhstan, Katia se voit contrainte d’abandonner les bras de sa mère pour se mélanger à d’autres enfants dont elle ne connait pas la langue. Des enfants « méchants » tient-elle à préciser, qui n’ont pas perdu de temps pour se moquer d’elle et la rejeter parce qu’elle était « différente ». « Je me revoit faire semblant de lire mon livre Zorro à la cours de récré pour paraitre occupée alors que tous les autres enfants s’amusent à jouer à la balle aux prisonniers sans faire attention à moi ». Pourtant au fond d’elle, Katia ne s’est jamais sentie différente à cause de ses origines : « je suis une enfant du monde qui n’a pas de frontières dans son cœur ».
De ce souvenir douloureux, la jeune femme n’en a gardé que du positif. Bienveillante et joyeuse en toutes circonstances, Katia dégage une personnalité attachante et extravertie qui séduit à la première rencontre : « j’aime aller vers les personnes timides et renfermées sur elles-mêmes. J’aime les décoincer, faire la folle et qu’on rigole ensemble. Les gens ont besoin de magie ». C’est d’ailleurs grâce à cette aura si particulière que la jeune femme a su convaincre le réalisateur de Stand, Jonathan Taieb. D’ailleurs, ce sera après leur première rencontre que ce dernier ajoute le personnage de Katia au scénario. Une consécration pour celle qui n’a pourtant jamais encore eu d’expérience derrière la caméra, excepté quelques cours de théâtre amateurs durant sa jeunesse. Un mois plus tard, les billets d’avions pour l’Ukraine sont réservés et Katia n’a plus le temps de reculer : « j’ai dis à mes parents qui n’étaient pas d’accord que c’était mon choix et pas le leur. C’était la première fois que je coupais le cordon ombilicale et que je prenais une décision de cette ampleur ».
Déterminée, Katia n’a pas hésité une seule seconde à rater un semestre entier de cours pour suivre Jonathan dans le fin fond de l’Ukraine. Frondeuse, elle n’a pas sourcillé non plus lorsqu’à 19 ans, elle s’est retrouvée à devoir gérer une équipe entièrement masculine dont la moyenne d’âge est de 30 ans. En effet, en plus de son rôle d’actrice, la jeune femme a également dû jouer le rôle de la traductrice, de la régisseuse et d’assistante de production. Un rôle de composition donc, pour celle qui n’aime pas s’ennuyer et adore vivre plusieurs vies. Une expérience humaine et professionnelle incroyable bien qu’extrêmement difficile qui a permis à Katia d’en ressortir riche d’un savoir-faire qu’elle n’aurait pu acquérir en si peu de temps en restant assise sur les bancs de l’école. « Je considère les personnes présentes sur le tournage comme des membres de ma famille et je suis fière de faire partie d’un projet comme celui de Stand. Pouvoir faire réagir le public, leur transmettre des émotions et donc de la vie est la plus belle chose qui puisse m’arriver dans ma carrière d’actrice ».
Pari tenu pour la jolie blondinette ! Et même si sa modestie la pousse à juger son jeu d’actrice « décevant », l’idée même que son entourage pourtant réfractaire à ce sujet sociétale puisse finalement la pousser à continuer dans cette voie-là reste sa plus belle victoire. « la chose qui m’a le plus touché c’est quand mon père m’a appelé une semaine après avoir vu le film pour me dire qu’il avait aimé et qu’il était fière de moi ». J’ai fondu en larmes.
Morgane Mallet