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Billet de blog 2 septembre 2019

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Troisième révolution

Selon Michel Serres, la troisième révolution à l'échelle de l'humanité - la révolution numérique - est bouleversante...

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Troisième révolution - le numérique

 D’après Michel Serres, le vivant peut se définir à travers le couplage «support - message» qui reçoit, stocke, traite et émet de l’information. Le stade oral symbolise un stade initial, le support - message étant dans ce cas assimilé au corps, la mémoire, la voix...

L’humanité connaît trois révolutions majeures entraînant une modification profonde du couplage support message - révolutions culturelles et cognitives :

  • l’invention de l’écriture, env. 3300 ans avant JC en Mésopotamie, le Pays de Sumer, l'actuel Irak, sur tablettes d'argile, l'origine est certainement plus ancienne,
  • l’invention de l’imprimerie à la renaissance, Gutenberg, 1452-1454 : premier livre imprimé en série, la Bible,
  • et la présente révolution numérique (informatique et Internet), débutée après la seconde guerre mondiale avec l’utilisation des ordinateurs et qui a pris un essor particulier avec le développement d'internet dans les années 1990.

Continuité

Le numérique prolonge notre capacité à recevoir, stocker, traiter et émettre de l’information, avec une transmission rapide (Carthagène feu allumé), un stockage et grande masse d’information (origine des grandes bibliothèques après la naissance de l’imprimerie qui dépasse les capacité de lecture d’un humain), perte de la mémoire avec l’écriture (connaissance externalisée sur le texte écrit, angoisse de la nouveauté).

Rupture

Outre une forme de continuité, cette troisième révolution est annonciatrice de ruptures :

  • cet espace devient technologique,
  • la notion d’espace-temps est modifiée en annulant la notion de distance.

Nous basculons d’un espace métrique euclidien à un espace topologique (exemple de la notion d’adresse qui change). Après une révolution dans le temps (Moyen orient, renaissance européenne), c’est une révolution de l’espace : plus d’espace de concentration nécessaire (bibliothèque, lieux de formation...)

  • Externalisation de fonction cognitive comme la mémoire
  • Changer de droit et de politique /non droit ? (internet)
  • Espace cognitif.

Aspects pédagogiques

 L’éducation moderne est basée sur un principe écrasant de répétition qui entraîne un formatage.

A ce titre, l’espace nouveau que représente internet peut être considéré comme un espace de non droit entraînant des possibilités de désobéissance par rapport à ce formatage.

La modification du support - message change la cognition, activité rationnelle. Etant à distance du savoir, le travail intellectuel serait condamné à devenir intelligent et inventif, et non plus répétitif comme il a été jusqu’à maintenant.

La nouvelle fonction de l’individu, l’égogratie, favoriserait un degré de liberté plus important, libérer de l’aristocratie ou de la démocratie (invention de l‘écriture).

 Perdre /gagner

 La troisième révolution des outils informatiques nous fait à la fois perdre des fonctions cognitives comme la mémoire (libéré de l’écrasante obligation de se souvenir) et nous fait au même moment gagner en possibilité d’inventer, sans but précis grâce à l’externalisation.

Références 

Les écrits de Michel Serres.

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