Qui se souvient encore de l’élan de 2017 ? De ce moment improbable où une partie des électeurs de gauche comme de droite, lassés des clivages anciens, crurent à la promesse d’un homme jeune, culotté, promettant de dépasser les partis et d’ouvrir un nouveau monde politique ? Ce fut une illusion collective, une étincelle vite consumée.
Huit ans plus tard, que reste-t-il ? Cynisme, narcissisme, persistance dans l’erreur et dans le déni. Le macronisme s’est révélé pour ce qu’il est : non pas une révolution politique mais une restauration libérale, un recyclage des vieilles recettes qui avaient déjà échouées hier. Sous les habits neufs de la « start-up nation », ce fut la réédition d’une politique des années 1980, vouée aux mêmes échecs, mais appliquée avec plus d’arrogance encore.
Le « nouveau monde » s’est mué en vieux décor :
– une politique économique de l’offre, bâtie sur les baisses fiscales et la dérégulation, qui a échoué partout ailleurs et qui échoue encore en France ;
– une obsession pour les plus riches, gavés de cadeaux fiscaux au bord de la crise de foie, tandis que les classes populaires et moyennes sont enfoncées dans la précarité, confrontées à la vie chère, au logement inaccessible, aux services publics dégradés ;
– une incapacité à écouter, à dialoguer, à reconnaître les erreurs.
Tous les économistes sérieux l’ont acté : cette politique n’a pas produit de croissance durable, mais seulement des déficits et une dépendance accrue aux marchés financiers. On nous avait promis l’innovation et la justice, on nous a livré la stagnation et l’injustice.
Au lieu d’une révolution vers l’avenir, Emmanuel Macron aura incarné une réaction vers le passé. Un jeune homme louchant sans cesse vers les années Reagan , répétant les vieilles formules de l’austérité, incapable de regarder en face la crise écologique, sociale et démocratique. Le regard tourné vers hier, quand l’urgence était d’inventer demain.
Et voici que ce crépuscule prend une dimension presque théâtrale, avec le naufrage de François Bayrou lui-même, figure tutélaire du macronisme, désormais réduit à ses postures béarnaises, incapable de comprendre son époque, à la limite du ridicule. Pathétique image de fin de règne : deux hommes qui avaient cru incarner la modernité, enlacés dans un même naufrage.
Ce double mandat laissera une France plus divisée que jamais. Macron avait promis d’apaiser, il a fracturé. Il avait promis d’unir, il a dressé les Français les uns contre les autres. Et au bout du compte, il aura fait regretter à beaucoup la vieille opposition gauche-droite, qui, avec ses limites, ses combats, ses compromis, apparaît désormais presque comme un âge d’or de la démocratie face au barnum actuel.
Le Gave de Pau en aura vu plus d’un chavirer. Mais rarement avec une telle arrogance, rarement avec un tel aveuglement. Macron n’aura pas écrit une page neuve de l’histoire : il aura seulement répété les erreurs du passé ce qui en politique, comme devant l’histoire et un aller simple vers l’échec et le ridicule. Hélas la facture est salée pour la France et les français-es .