Ils étaient trois. Dans des positions différentes, l’un défendant un fief quasi inexpugnable, l’autre montant à l’assaut d’un bastion qui fut longtemps tenu par ses adversaires, le troisième cherchant à conserver la ville qu’il avait conquise il y a treize ans de cela. Au soir du second tour des municipales, tous trois ont connu un même sort malheureux : ils ont été battus, nettement, à Amiens, ou de très peu, comme à Périgueux ou à Pau. MM. Darcos, de Robien et Bayrou, alors qu’ils se sont côtoyés longtemps dans de mêmes gouvernements, qu’ils ont travaillé ensemble dans les mêmes ministères, alors même que leurs chemins politiques se sont séparés, ont partagé un sort électoral identique, comme ils ont partagé l’honneur et la lourde charge de diriger le Ministère de l’Education Nationale à des périodes différentes. Il ne s’agit pas ici de juger les campagnes électorales qu’ils ont menées, d’analyser les chausse-trapes que l’on a tendues sous leurs pas : faute de voter dans une de ces trois villes, il est difficile d’apprécier tous les éléments qui ont conduit à ces échecs, que d’autres se chargeront de commenter. Mais il faut bien constater, à l’aune des résultats du 16 mars que le fait d’assumer – ou d’avoir assumé- la direction du Ministère qui dispose du premier budget de l’Etat ne porte pas chance. Pas plus qu’à M. Glavany, ancien Secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement Technique, qui vient d’échouer nettement à Tarbes, alors même que la Gauche obtenait nombre de succès improbables dans des villes qui semblaient acquises durablement à la Droite. Seul, M. Goulard (anciennement à l’Enseignement Supérieur), à Vannes, échappe de justesse à l’hécatombe, parce que toute règle comporte des exceptions. Sans doute peut-on expliquer cette concomitance autrement que par un «signe indien», qui marquerait durablement les « patrons » de la rue de Grenelle : peut-être faut-il y voir un écho de l’importance accordée par les électeurs aux questions d’éducation, dont les effets sont assez facilement et rapidement mesurables par tous au quotidien ?
Quoi qu’il en soit, nul ne peut oublier que M. Jospin fut Ministre de l’Education Nationale (1988-1992), que Mme Royal occupa la fonction de Ministre de l’Enseignement Scolaire, et qu’ils échouèrent tous deux dans leurs tentatives d’accession à la magistrature suprême. Ces quelques rappels devraient sans doute pousser à relativiser le beau succès de M. Fillon (2004-2005) à Solesmes : il ne figurait qu’en sixième position sur la liste élue, et a peut-être échappé de ce fait à cette constante macabre…
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Billet de blog 5 mai 2008