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Billet de blog 4 juillet 2008

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Papeteries et nucléaire.

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136. A propos, vous savez que l’industrie papetière est extrêmement polluante ? Et que pour avoir le droit de faire fonctionner une usine de papier en Europe il faut lui adjoindre une station d’épuration des eaux sales extrêmement coûteuse en investissement (autant que l’usine de production), mais surtout en fonctionnement ? Evidemment, en Indonésie, pas besoin de station d’épuration, et la main d’œuvre y est 40 fois moins chère, souple, indifférente aux accidents car les autorités y veillent sur place. Et le bois ? Cette matière première pousse à coté, en lieu et place des derniers lambeaux de forêt équatoriale que l’on termine de défricher. Et l’on fabrique aussi dans ces usines des très bons papiers « recyclés », qui sont tellement prisés à cause de l’éthique. Les groupes internationaux qui détiennent l’industrie papetière ont fait le bon choix en délocalisant leur production, surtout qu’ils y ont été invités par les potiches gouvernementales, serviteurs vaniteux et zélés du millier d’empereurs internationaux que compte la planète aujourd’hui. Pour la curiosité, vous pouvez vérifier l’origine des ramettes que vous utilisez pour écrire vos puissants rapports sur le « développement durable ».

137. Nucléaire.

Bien sûr, d’autres groupes internationaux vendent des centrales nucléaires, et cela compense largement le « déficit commercial » causé par les délocalisations des productions « banales ». L’industrie nucléaire, cela ne produit pas de CO², on nous le répète souvent et nous sommes maintenant pénétrés du caractère finalement écologique de cette production si utile pour la production industrielle et le confort de tous. Elle produit aussi tout de même ce qu’on appelle tranquillement des « déchets nucléaires », qui dépassent par leur nocivité l’entendement humain. Cette nocivité ne correspond à aucune décision humaine gestionnaire : C’est que la capacité de ces produits à tuer en masse tout être vivant d’ordre animal (et humain) se situe hors de notre échelle de temps. Par simple approche (pas besoin de contact) l’action mortelle de certains d’entre eux (les fameux HA-VL, les plus radioactifs et décrits pudiquement comme ayant une activité de « plus de 30 ans », dépasse les 3 millions d’années d’activité létale). Que disent les technocrates ? Que l’on étudie actuellement la possibilité de les stocker dans des containers et des lieux qui seront « sûrs » (sauf mouvements de terrains et circulation « accidentelle » des eaux naturelles) pendant quelques siècles. Charge aux héritiers de notre civilisation de trouver la stabilité politique ainsi que les moyens techniques et financiers pour reconnaître ces silos et les reconstruire tous les quelques siècles. Sous peine de mort généralisée dans des régions entières de la planète au hasard des disséminations par les eaux courantes et les poussières dans le vent… pendant 3 millions d’années. (N’oublions pas que le verre, car ces produits sont vitrifiés en une pauvre tentative pour les rendre inertes, est soluble dans l’eau en quelques millénaires). Que met-on en balance face à cette pollution radicale, face à ce sacrifice planifié des générations qui auront la malchance de passer par là où la terre sera mortelle? La suprématie industrielle et financière, et le confort de quelques générations présentes…

Que disent encore les technocrates ? Qu’une future génération de réacteurs permettra d’utiliser ces déchets « à 98% ». Ils disent moins que la recherche fondamentale correspondant à cet espoir technologique n’est pas encore faite, qu’on est seulement en train de construire les machines pour la faire et qu’il y a une certaine probabilité de réussir, impossible à déterminer par avance (la recherche fondamentale n’obéit pas aux désirs des hommes, mais c’est plutôt elle qui les guide).

Et les 2% qui restent, en mettant tout au mieux? Ce n’est pas beaucoup 2%... Sauf que vu la nocivité du produit, la question qu’il pose reste intégralement la même.

L’homme, dans la décision collective, a une conscience courte. Mais il n’est pas tout sur la planète : les êtres vivants qui existeront dans trois millions d’années, la pollution s’étant épuisée, auront finalement de la place pour diverger en espèces nouvelles, qui occuperont les niches écologiques désertées grâce à l’action collective du plus conscient des primates. C’est une consolation ? Non, une règle cosmique qui nous échappe.

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