La musique, je ne connais pas. Rien de rien à la musique, je connais. Je ne fredonne pas, personne ne me fait chanter. Le rap, le hip hop, le rock, le blues, le soul, le jazz, et tout ça, je n’en connais rien de rien. Je confonds le violon avec le piano, la flûte avec la contrebasse, la batterie avec la guitare. Je suis un ignare des gammes, des portées et des doubles croches. Et pourtant, dans le frisson d’un bref instant, je me suis demandé de quoi Stromae est le nom ?
Et, dans une fulgurance, j’ai su : Stromae est un formidable chanteur d’amour. Et c’est en cela qu’il réunit jeunes et vieux, riches et pauvres, hommes et femmes, mères et pères.
Avec ses mots, les siens, ses sons, ses rythmes, ses images et ses tressaillements, il parle à chacun d’entre nous, avec bienveillance, sans violence, « il sait ce qui ne va pas », il nous le dit, il nous regarde au fond des yeux et nous comprend en notre intime avant même que notre regard ne se soit porté vers lui, « sans même devoir nous parler » il sait où nous nous cachons en nous-mêmes, il ne donne aucune leçon, il nous accompagne sur la route formidable de notre intime, il est là, absent et vrai, si formidable et nous fort minables, on a envie de lui dire « reviens » et déjà il est au loin, avec nous, dans ces pays où l’improbable surgit de l’imprévisible vers lequel plonge la vie, Stromae, il ne s’emballe pas, il ne veut pas qu’on le compare à Jacques Brel, humble il sait trouver le bon au terme d’ « une soirée agitée », et on a envie de lui dire « courage », « tu sais dans la vie il n’y a ni méchants, ni gentils ».
Et comme « on va tous bientôt crever », on a envie de manger avec lui des raviolis ou des macaronis, d’apprendre à jouer les percussions, de respecter avec lui les pygmées et les insectes, « le pauvre il faut l’aider », peut-être même qu’avec un brin de chance je pourrai lui faire saisir les subtilités du football en sentant le disco, ses trompettes et ses étrangetés bizarres et stromaesques, le mec, avec son sourire et ses mots, il pourrait même m’apprendre à danser, me donner de petites leçons de vie, « la course au succès, aujourd’hui, ça ne sert à plus rien », « alors », alors « qui dit dette dit huissier », alors « on sort pour tout oublier, alors on danse jusqu’à demain », eh oui, on veut danser avec lui, qui nous est si proche en étant si différence. « Alors on chante ». Alors, on chante avec Stromae dans le silence de notre cœur, « alors on danse pour oublier ». Et au fond de la nuit, là près de soi, avec lui, encore, il y en a encore.
On a envie de le rencontrer, « de faire une interview bizarre », de créer une autre morale, de penser négativement pour être agréablement surpris, de créer l’éthique du marimba, de l’écouter pour l’entendre. Stromae dit ne pas comprendre son succès, mais je vous le dis, c’est la victoire de l’amour, du plaisir des rythmes, de la victoire des mots, du sens de l’autre, de la connaissance de soi, d’une manière de prévoir l’avenir avec le sourire pessimiste du vainqueur improbable.
Et même sombre, brutal avec ses mots, « il faudra se taire », et l’entendre, et tu verras alors que « tu pleureras » et que, Stromae, encore tu retrouveras.
Stromae est formidable, je l’aime, il est du pays de l’amour, il est l’autre nom de la différence intime qui est là ancrée en chacun d’entre nous, dans nos coins sombres et sous le soleil de nos désirs les plus cachés, funestes ou célestes.
« Tous les mêmes » : Stromae est l’autre nom de la « m’aimeté » (papaoutai) de chacun.
Il est notre frère humain. Il est là. En nous.
http://www.youtube.com/watch?v=WNa60w5HOB4
http://www.youtube.com/watch?v=S_xH7noaqTA
http://www.youtube.com/watch?v=49qhh0o2QHw
http://www.youtube.com/watch?v=UmF1B518VUw
http://www.youtube.com/watch?v=Wo8LMJuDp6o
http://www.youtube.com/watch?v=ZtUZNZFKbeg
http://www.youtube.com/watch?v=WCvjTt9r6-U
http://www.youtube.com/watch?v=Ld01WzdLuFM
http://www.youtube.com/watch?v=r-fhEwkFCSE
et tant d’autres ….