Que des gens instruits, cultivés, intelligents, pondérés et respectueux des usages viennent soutenir aujourd’hui sans sourciller que Marine Le Pen serait non point une coupable mais une victime laisse pantois, sauf à penser que ces phénomènes de l’inversion des valeurs ont incorporé ce qui m’est insupportable, à savoir que nous serions entrés dans l’ère de la postvérité, cette époque où le mensonge devient vérité, où le faux domine le vrai, où le blanc se transforme par alchimie spirituelle en noir étincelant.
Marine Le Pen a bénéficié pendant des années de la lenteur légendaire de la justice, ce cancer sociétal contre lequel même les magistrats les plus honnêtes craignent de combattre, et, lorsqu’elle est confrontée aux échéances du calendrier judiciaire la voici qui se pavane brillamment telle une lionne devant Gilles Bouleau pour en appeler au peuple contre la loi qu’elle-même a contribué à créer.
Car, comment le dit avec une infinie robustesse Fabrice Arfi de MEDIAPART il ne faut pas oublier les infractions commises, soit le détournement massif de fonds publics en faveur du RN et du clan Le Pen.
Un état de droit, c’est un ensemble de règles que tout un chacun doit respecter et dont l’inexécution entraîne un certain nombre de conséquences pas toujours agréables. Marine Le Pen, avocate, tout comme Nicolas Sarkozy, le savait. Qu’elle crie ou hurle aujourd’hui contre trois juges qui n’exercent que leur métier est la démonstration avérée de l’irrespect absolu de certains dirigeants politiques des principes cardinaux de la démocratie, dont les principes de légalité et d’égalité devant la loi sont les vecteurs essentiels.
Il est d’intérêt public de le faire savoir urbi et orbi, n’en déplaisent aux oiseaux de mauvaise augure.