Barack Obama, avant d’être élu 44ème président des Etats-Unis, était professeur de droit constitutionnel à l’Université de Chicago. Un grand défenseur des droits civiques et des libertés fondamentales. Formé à la Faculté de droit d Harvard, diplômé avec la mention cum laude, devenu même le premier Afro-Américain à présider la prestigieuse Harvard Law Review, Barack Obama a toutes les qualités intellectuelles requises pour comprendre en quoi l’acte posé par Edward Snowden de révéler l’incommensurable espionnage réalisé par la NSA sur le peuple est une atteinte aux droits constitutionnels fondamentaux des citoyens d’une gravité infinie. Un constitutionnaliste, par définition, a la capacité à distinguer la proportionnalité d’un acte, sa licéité constitutionnelle au regard des actes criminels commis par une agence gouvernementale sous le prétexte de protection contre le terrorisme.
Parvenu sur la plus haute marche du pouvoir du monde, Barack Obama, par son administration, ne craint pas de faire pression sur les pays occidentaux. Il ne veut pas que l’Europe accueille Edward Snowden qu’il sait pourtant être, mieux que tous les autres, un réfugié politique. Au moment même où l’Europe apprend qu’elle a été elle-même espionnée par la NSA, l’Amérique ose, dans les coulisses de la diplomatie, contraindre ses « alliés » européens à faire fouiller l’avion du président bolivien Hugo Chavez à Vienne, à convaincre la France et le Portugal à préserver leur espace aérien, à éviter que Edward Snowden ne puisse en catimini obtenir l’asile politique en Suisse ou à Cuba.
L’Amérique est devenue l’âme noire du monde.
Barack Obama n’est pas George Bush. Mais, en toute conscience, imaginons la nature de nos réactions si l’envahisseur de l’Irak avait été aujourd’hui aux commandes du paquebot de l’infamie. Que n’aurait-on crié sur ce président texan qui a laissé faire et qui approuve cette chasse à la désobéissance civile pour cause de trahison nationale érigée en dogme de la vertu chez les bienpensants puritains des USA.
Et l’Amérique médiatique se tait, courbe l’échine, fait semblant de ne pas comprendre, assume au fond d’elle-même, sans s’interroger, ces actes présidentiels constitutifs de démantèlement de la sphère intime, de destruction des droits individuels et de violation des principes fondamentaux d’un Etat de droit.
Le pouvoir corrompt-il à ce point ?
Barack Obama, de défenseur magnifique des droits civiques des plus pauvres des ghettos, est devenu – à l’insu de son plein gré certainement – un concepteur d’un démantèlement des libertés individuelles et un artisan industriel d’une protection constitutionnel du terrorisme administratif d’Etat.
Et l’Amérique intellectuelle, de Harvard à Berkeley, se tait.
Post Scriptum : Nul doute que le constitutionnaliste Barack Obama va pouvoir convaincre aussi l’Amérique des raisons qui l’ont condamné à ne pas pouvoir fermer Guantanamo.