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Billet de blog 3 août 2013

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Edward Snowden, le pari de la liberté contre le joug de la sécurité

Barack Obama, le champion passé des libertés civiques et des droits humains, est devenu le président des Etats-Unis et un défenseur public acharné des pratiques totalitaires de l’Etat américain et de ses agences fédérales de renseignement. Et c’est ainsi que ce natif d’Honolulu, par sa volonté de faire emprisonner Edward Snowden et de le juger, pose une question à tous les citoyens du monde, celle du débat éternel entre la liberté et la sécurité.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Barack Obama, le champion passé des libertés civiques et des droits humains, est devenu le président des Etats-Unis et un défenseur public acharné des pratiques totalitaires de l’Etat américain et de ses agences fédérales de renseignement. Et c’est ainsi que ce natif d’Honolulu, par sa volonté de faire emprisonner Edward Snowden et de le juger, pose une question à tous les citoyens du monde, celle du débat éternel entre la liberté et la sécurité.

Un internaute de Des Moines, en Iowa, sur le site du New York Times, résume le conflit intime qui agite les cœurs et les esprits des Américains, des céréaliers du Kansas aux traders de Wall Street, des agriculteurs de l’Oklahoma aux chômeurs de Los Angeles, des étudiants de Seattle aux femmes de ménage de Floride : « La moitié du pays voudrait voir Snowden pendu, l’autre lui allouer une médaille. Voilà ce qui arrive lorsqu’on crée un Etat qui nous surveille tous (…). Je ne sais pas si Snowden ou Manning sont des héros ou des traîtres, mais si leurs actes nous auront aidés à choisir entre la liberté et la sécurité, alors ils auront bien servi leur pays. » (cf. Le Monde du 3 août 2013, p. 3).

A l’accession de Barak Obama au pouvoir, un vent nouveau, crut-on, allait balayer les Etats-Unis d’Amérique et, partant, le monde entier. Un petit gars de Hawai, professeur à Chicago, noir de peau, défenseur fervent des libertés civiques, allait changer les choses, changer la politique, changer l’avenir de l’humanité. Barack Obama, c’était avant tout la transcription politique d’un désir intime de transformation de la société, d’une volonté de ne pas abandonner les oubliés de la croissance, un besoin de comprendre l’évolution du monde. Autrement, différemment, pleinement.

Et c’est sous l’ère Obama que surgit de nulle part le cas Edward Snowden.

Plus encore.

Vladimir Poutine n’est à l’évidence pas un modèle de vertu démocratique, ne respecte guère les droits humains, ne veut pas de l’indépendance de la justice. Or, aujourd’hui, de par les errances de l’administration américaine, que Barack Obama soutient en tant que chef de l’administration, Vladimir Poutine est celui-là même qui octroie un espace de liberté à Edward Snowden.

Si Poutine embarrasse Obama, Obama embarrasse ceux qui ont cru en lui en tant que gardien d’une constitution intangible fondée sur la liberté des uns et des autres.

Le 11 septembre a fait basculer les Etats-Unis et toute une frange de sa population dans un asile du tout sécuritaire dans lequel s’est engouffré les agents-fonctionnaires de la NSA, de la CIA et du FBI. La police fédérale est aujourd’hui dans les foyers de tout un chacun, à l’intérieur des entreprises, plonge dans les vies intimes de citoyens ordinaires sous le prétexte, fallacieux ou non, d’une Amérique cible des terroristes, des traîtres et des félons à la patrie.

Ce paradoxe, Obama ami du totalitarisme et du secret, Poutine hérault des défenseurs des libertés individuelles, c’est aussi celui que chacun d’entre nous doit affronter. Entre le secret absolu et la transparence totale doit exister un espace où doivent pouvoir vivre ensemble cette liberté et cette sécurité à laquelle tout un chacun aspire. Et trouver ce territoire de vie exigera d’explorer peut-être plusieurs routes.

Aujourd’hui ni Barack Obama, ni Vladimir Poutine ne peuvent être de solides références.

Le monde le sait. Et s’interroge.

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