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Billet de blog 3 octobre 2013

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Sepp Blatter, un saint entre esclavagisme et dictature

En attribuant l'organisation de la coupe du monde 2022 au Qatar, la FIFA savait qu'elle confiait le monde du ballon rond au pouvoir du pétro-dollar.

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En attribuant l'organisation de la coupe du monde 2022 au Qatar, la FIFA savait qu'elle confiait le monde du ballon rond au pouvoir du pétro-dollar. Cet amour exacerbé de l'argent a donc persuadé la nomenklatura de la FIFA  que le Qatar pouvait accueillir les 32 meilleures équipes nationales de football. Par charité conceptuelle, on va imaginer que les grands électeurs ignoraient au moment de leur choix qu'en été il fait chaud dans le désert et que la construction de grands stades exige des ouvriers aux mains vaillantes.

Mais ce temps des doux rêves est écoulé. Sepp Blatter sait aujourd'hui qu'en 2022, en plein désert, il fera chaud bouillant. Il sait aussi que les travailleurs népalais "esclavagés" vivent dans des conditions atroces et meurent chaque semaine tels des bêtes de somme.

Sepp Blatter n'est plus tout jeune. Par son art du réseau et ses sourires polyglottés, il sait enjoliver le faux, feindre le vrai et mixer la compote. C'est un doucereux communicateur capable de vous faire déglutiner une couleuvre décaféinée dans une tente du Sahel en vous faisant croire que vous léchez une assiette à raclette au pied du Cervin. Mais, à quelques encablures de la fin de son rétropédalage terrestre, le papy des retraités actifs pourrait se lancer dans une tentative étoilée de faire un peu de bien ici bas. Demain, croupissant parmi les verres de terre, ce pourrait être trop tard.

Du milieu de cette nuit rêvée, deux idées fortes peuvent être réalisées au seul son de la voix de ce Viégeois aux commandes du ballon rond. Blatter doit aujourd'hui imposer de revoter. Jouer dans le désert en hiver relève du contre-sens absolu. Chacun le sait, alors pourquoi s'entêter ? Et surtout, laisser les choses s'engluer, c'est participer à la mort programmée de 4'000 personnes, de 4'000 esclaves, de 4'000 travailleurs, de 4'000 pauvres Népalais, dont les seules options sont de mourir d'inanition ou mourir d'une crise cardiaque près d'un stade de football en construction.

Sepp Blatter, le Valaisan, par un seul clignement de la paupière de son oeil droit, peut changer le destin de ces inconnus. Un seul de ses pets odorants, sous la forme d'un ferme stop énoncé dans les toilettes du Ritz d'ici  ou de l'Hilton de là-bas, est à même de créer un miracle d'espérance.

A un doigt de la fin des temps, à un centimètre du néant, Sepp Blatter, le Valaisan de chez nous, l'innocent, l'amoureux du beau jeu et des salons de jeux malfaisants, le bellâtre à l'espéranto du cuir rond, voudra nous faire croire avant de nous quitter qu'un homme de bien il aura été.

Ses amis les bénédictins aimeraient tant faire semblant de déjà pondre son éloge et de préparer par cela même son ultérieure sanctification posthume.

Mais un homme de pouvoir, au moment de son ultime au revoir, a-t-il la moindre chance de devenir un être de devoir ? C'est tout le sens du combat final qui se joue ces jours-ci dans l'âme de Joseph Blatter, Premier du nom.

L'émir du Qatar déjà sourit.

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