Nicolas Dubuis, le procureur général du canton du Valais, l’homme qui lit le mensonge du menotté par le seul mouvement de la pupille de l’oeil droit du prévenu avant même que celui-ci n’ait répondu à une seule question, et le Grand-Conseil, le législatif du canton du Valais, ont jugé franc de tout reproche, même disciplinaire, Rinaldo Arnold, ce Brigand, ami de Gianni Infantino. Pourtant n’est-il pas ce Dalton du Far West haut-valaisan qui s’est révélé l’homme-clef de ce désastre judiciaire et procédural qu’est devenu le Fifagate de l’affaire Blatter – Platini ?
Trois hypothèses, pas une de plus, n’expliquent ces rencontres secrètes initiées par Arnold entre le MPC et la Fifa : a) informations quant à l’organisation du MPC dans les affaires du Fifagate; b) transmission de documents secrets au MPC; c) obtention d’informations secrètes soutirées au MPC.
Observons à titre liminaire que Rinaldo Arnold, quelle que soit l’hypothèse privilégiée, n’avait pas à s’immiscer dans les interstices des affaires du Fifagate. En sa qualité de premier procureur du Haut-Valais, subordonné direct de son ami Nicolas Dubuis, il n’était pas chargé du tout de s’occuper du Fifagate. Telle n’était pas sa fonction. Rinaldo Arnold ne pouvait être de plus l’avocat de Gianni Infantino puisqu’il n’est pas inscrit sur le registre des membres du barreau pouvant exercer cette fonction en Valais. Enfin, en tant qu’ami de Gianni Infantino, il ne pouvait participer à ces rencontres, occultes ou officielles, puisqu’un ami d’une partie, inculpée ou prévenue, n’a pas pour fonction de participer à la procédure pénale. Dans l’une ou l’autre de ces trois hypothèses, Rinaldo Arnold a fauté. Gravement fauté.
Carla del Ponte, au TJ suisse, face à Darius Rochebin, a considéré comme invraisemblable la thèse de l’absence de souvenirs des protagonistes à ces rencontres. Selon elle, cette position n’est pas du tout crédible. Tout au contraire, elle indique que les participants à ces réunions secrètes se sont donné le mot et ont ainsi conçu et réalisé de faux témoignages. Rinaldo Arnold est au centre du mécanisme.
La première hypothèse, celle consistant à affirmer que Gianni Infantino, à travers Arnold dans un premier temps, est venu obtenir des informations générales sur le fonctionnement du MPC dans le cadre du Fifagate, est invraisemblable. Rinaldo Arnold, de par sa fonction, est nécessairement en relation de travail avec le MPC. Il connait parfaitement l’organisation du ministère public en Suisse sur les plans fédéral et cantonal. Il peut expliquer sans ouvrage de doctrine à ses pieds le fonctionnement de la justice pénale en Suisse. De plus, Gianni Infantino n’est pas coiffeur ni boulanger de profession, il est avocat, et a donc été formé aux mécanismes qui dictent la conduite d’une procédure pénale. La première hypothèse est à placer dans les rangs de la bibliothèque des mensonges caractérisés. Cette hypothèse a même été qualifiée d’invraisemblable par l’Autorité de Surveillance du Ministère Public de la Confédération.
La deuxième hypothèse, celle de la transmission d’une documentation secrète ou d’informations secrètes visant à favoriser Gianni Infantino au détriment de Michel Platini pour l’accès à la présidence de la FIFA, ferait de Arnold un messager occulte de Infantino ou de Blatter dans le but d’exclure la candidature de Platini à la présidence de la FIFA. Blatter, fou de rage devant le message de Platini lui demandant de renoncer à se présenter à la FIFA, aurait pris langue avec Infantino pour maintenir le Haut-Valais à la tête de la FIFA et pour semer des herbes malodorantes sur la route vers le pouvoir de Platini. Dans cette hypothèse, Blatter aurait pris le risque d’autoflagellation, ce qui n’aurait pas été un signe d’intelligence, même si, sous le coup d’émotions irrésistibles, les plus rusés peuvent disjoncter. Dans cette même hypothèse, Gianni Infantino aurait connu depuis des années le versement de deux millions; mais alors, on peine à comprendre pour quelle raison Rinaldo Arnold aurait participé à trois des quatre rencontres secrètes, une seule eût suffi.
La troisième hypothèse fait de Rinaldo Arnold un émissaire secret de Gianni Infantino dans le but d’obtenir de ses « amis » du MPC des informations sensibles pouvant être utilisées à bon escient le moment venu par le Brigand comme pièce décisive du puzzle pouvant le conduire sans risque vers le pouvoir suprême. La présence de Rinaldo Arnold à plusieurs reprises fait alors sens puisque les organes du MPC auraient été placés en position de confiance par la seule présence d’un représentant d’un parquet cantonal proche de Gianni Infantino. Ces rencontres ne seraient alors pas tant celles voulues par la FIFA que celles initiées par le seul clan Infantino, d’où la présence de l’ami conseiller Rinaldo.
Quelle que soit l’hypothèse privilégiée, une chose est certaine : le ministère public de la Confédération n’avait pas à permettre à Rinaldo Arnold de s’insérer dans les affaires du Fifagate, ni dans celle exclusivement consacrée à Sepp Blatter, puis à Michel Platini. Dans les trois hypothèses, le MPC a fourni des indications, même sur la question de l’organisation du MPC en lien avec le Fifagate, qui tombaient nécessairement sous le coup du secret de fonction. Le MPC n’avait pas à permettre à Rinaldo Arnold de savoir quoi que ce soit sur le Fifagate. Pas la moindre petite information ne devait filtrer vers Arnold à travers un organe, quel qu’il soit, du MPC. Arnold n’avait même pas à savoir qu’une ou plusieurs enquêtes avaient été initiées contre Blatter, contre Platini ou contre Infantino. Arnold, le Brigand, n’avait pas à se rendre à Berne. Ni une fois, ni deux fois, ni trois fois.
La présence de Rinaldo Arnold à trois des quatre rencontres occultes dit l’importance du lien qui faisait de Arnold pour Infantino un élément-clef du processus de dialogue devant exister selon lui entre le MPC et la FIFA ou/et lui-même. Arnold ne pouvait qu’être conscient de sa subjective importance. On l’imagine se dandiner parmi ces hauts dignitaires tout satisfait de ses performances médiatrices.
Dans les circonstances sus-décrites, on comprend mieux la position légitime des avocats français de Michel Platini, Me Hervé Temime, Me Gérard Zbili et Me Najaw Elhaité, signataire de la plainte et dénonciation auprès du procureur de la République française, consistant à la démonstration de l’existence d’un trafic d’influences propre au droit pénal français commis à l’égard d’un citoyen français qui avait exercé ses tâches notamment à Paris, capitale de la France.
Les mêmes circonstances peuvent clairement amener les juges suisses à considérer que les actes posés par les participants aux réunions secrètes peuvent réaliser les éléments constitutifs objectifs et subjectifs de violation du secret de fonction, d’instigation à cette infraction, de faux témoignage, voire peut-être de corruption active ou passive, ou/et d’instigation à ce dernier délit.
Rinaldo Arnold est ainsi ce Brigand qui, à l’insu de son plein gré, à la mode Virenque ou à la mode plus consciente de Al Capone, a participé à la nomination de son ami d’enfance Gianni Infantino à la présidence de la FIFA, aux déboires procéduraux en Suisse à la fin de sa carrière de Sepp Blatter, le Viégeois, et à la disparition médiatique et sportive de l’enfant de Joeuf, de l’étoile du football français, du capitaine de l’équipe de France de 1982 à Séville, de Michel Platini.
Rinaldo Arnold est encore en fonction.
Voilà pourquoi la possibilité d’un double acquittement de Sepp Blatter et de Michel Platini n’est pas même à exclure du simple fait que des juges indépendants et impartiaux ne voudront pas apparaître, de près ou de loin, comme des instruments finaux d’une manipulation politico-judiciaire.
Bonjour à tous eux qui croient encore à l’impartialité du ministère public cantonal du Valais et à son sens de l’équité.
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