Lors de ce procès puant qui a abouti à l’innocence transplanétaire de Raoul Weil, l’avocat du haut cadre bancaire a fait comprendre à l’auditoire que les vrais criminels n’étaient pas à la barre, que certains avaient été marchandés pour obtenir le statut de délateurs sacralisés et que les plus grands fraudeurs couraient toujours au vu et au su du département américain de la justice. On ne va pas lui donner tort.
Il est en effet évident que certains margoulins des grandes banques ont échappé à l’espace de la prison en lui préférant le champ de la traîtrise. Le procès Weil n’a pas échappé à ces immenses coquins, à ces détrousseurs du fisc devenus les bras armés des procureurs et les chevaliers blancs de la justice fiscale. Du foutage de gueule à l’échelle planétaire pourrait nous glisser dans l’oreille le président de Leytron, ce chasseur local des privilégiés fiscaux de sa petite commune.
On va aussi admettre avec quelques-uns que les citoyens-contribuables américains, fraudeurs et maquilleurs fiscaux, sont ignorés par les pourfendeurs des banques alors même qu’ils furent les premiers à faire le pied de grue devant la porte des banquiers pour fuir la loi fiscale qui les appauvrissait par trop. Ces cupides galeux ne sont pas les jouets des banquiers mais souvent leurs marionnettistes et n’ont pas à être plaints.
On va même huer l’Amérique judiciaire, elle qui connait les comportements des banquiers de chez elle, les gars de Goldman Sachs ou de JPMorgan, qui jour aprés jour inventent des escroqueries pour se remplir les poches aux dépens de leurs propres clients ou partenaires d’affaires. Apparaitre alors comme redresseur de torts est pour le moins hypocrite.
On va admettre tout cela, mais on n’osera en aucun moment imaginer que Raoul Weil fut un naïf, un gredin ou une dupe. Participant de l’intérieur à un système bancaire corrompu et cupide, organisant la structure de la banque, initiant les budgets et les objectifs, demandant des rapports ou des statistiques à fin de controle ou d’amélioration dea rendements, la plus haute direction d’une banque internationale n’a pu ignorer les méthodes de marketing agressif choisies par des subordonnés pour complaire à la hiérarchie.
Dans ces circonstances connues de l’ensemble de la place financière suisse, des parlementaires fédéraux, de la FINMA et des anciennes autorités de surveillance des marchés financiers, une question demeure : comment se fait-il que tous ces gens de la haute finance, d’ici et d’ailleurs, aient accueilli avec tant de joie contenue ce verdict d’une cour de justice américaine ?